Chapitre 12: la déclaration de Darcy (partie 1)

La plupart des personnages de cette fiction appartiennent à sa talentueuse auteure : Jane Austen. Cette histoire et les personnages inventés sont cependant ma propriété et selon les droits d’auteur, je n’en autorise aucune reproduction et/ou utilisation, qu’elle soit totale ou partielle.

O&P

Un grand merci à Lenniee pour la relecture de ce chapitre et sa contribution à son amélioration.

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To answer the « Brit guest » who left a review in French and English on chapter 1: thank you very much, it means a lot to me! I encourage your effort in the learning of French. See you soon around 🙂

Merci beaucoup pour tous vos derniers commentaires. Vous verrez si Darcy et Richard resteront amis, leur lien est très fort mais les choses vont aussi se compliquer un peu sinon ce serait ennuyeux, non ?

Visiblement certains n’ont pas apprécié l’endroit où j’ai coupé le dernier chapitre! 😛 La raison à cela: le suspense bien sûr, mais aussi une question de longueur et de découpage de chapitres. Pour fêter ma 100ème « review » :)) et pour abréger votre attente, voici la scène intégrale. En tout cas, je vous aurais fait attendre moins d’une semaine. Attention, j’ai repris seulement quelques phrases ou expressions de la déclaration originale, il y a donc du nouveau, alors ne zappez pas ! 😉


La sonate de l’amour

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Les poignards qui ne sont pas dans les mains peuvent être dans les paroles.

– William Shakespeare –

Chapitre 12 – 1ère partie : la déclaration de Darcy

– En vain ai-je lutté. Rien n’y fait. Je ne puis réprimer mes sentiments, alors permettez-moi de vous confesser l’ardeur avec laquelle je vous admire et je vous aime.

Darcy prit une pause pour étudier la réaction de l’objet de ses désirs. Il la vit rougir et rester silencieuse, le regard fixé sur lui, ce qu’il prit pour de l’encouragement. Il glissa sa main droite dans la poche de son manteau pour saisir la pochette en satin, puis la sortit sans en révéler encore le contenu. Dans la suite de sa déclaration, il pensa qu’il devrait se montrer honnête pour bien lui faire comprendre la profondeur de son amour, ce à quoi il s’était heurté, contre quoi il avait bataillé, mais dont l’amour avait finalement triomphé.

Pendant ce temps-là Elizabeth était restée sidérée, la bouche bée, tout en pensant : « Sapristi, ai-je bien entendu ? il m’admire et il m’aime ! si je m’y attendais… Incroyable ! » elle se sentit tout de même flattée de l’hommage que représentait l’amour d’un homme tel que Mr Darcy. Elle ne put s’empêcher l’espace d’un instant de comparer cette déclaration qui était si sincère – il suffisait d’observer le regard passionné de Mr Darcy qui n’avait jamais été aussi expressif – à celle si affectée de Mr Collins avec ses transports exagérés. Elle avait remarqué qu’il avait glissé sa main dans sa poche, mais elle ne put voir ce qu’il en avait sorti, restant caché dans son poing. Un cadeau de fiançailles ? Néanmoins, elle savait déjà qu’elle allait décliner l’offre qui allait probablement s’ensuivre puisqu’elle n’appréciait pas le jeune homme. Elle en fut chagrinée, car elle allait lui causer de la déception et de la peine.

Puis Darcy, tout en continuant de la regarder avec autant d’intensité, prit une grande inspiration en serrant la pochette dans sa main pour calmer son émoi et son cœur affolé avant de continuer.

– À peine vous avais-je rencontrée que votre esprit, votre charme naturel, vos accomplissements si singuliers et votre altruisme m’ont captivé, et je me suis rendu compte que j’éprouvais pour vous une admiration et une inclination des plus passionnées… Je sais que votre condition est bien en-dessous de la mienne et que selon le jugement de la société, de ma famille, de mes amis et de moi-même d’ailleurs, notre union sera considérée comme une mésalliance hautement répréhensible. Mais mon cœur a mené bataille contre ma raison et, après un combat des plus acharnés, en sortit finalement vainqueur. Comme le dit l’apôtre Paul aux Corinthiens : l’amour supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. Alors abrégez ma souffrance et veuillez m’obliger en consentant à devenir ma femme.

Au fur et à mesure de la déclaration de Darcy, Lizzie pensa :

« Des compliments de sa part ? c’est extraordinaire… mais maintenant il a l’audace de me parler de ma condition !… Une mésalliance hautement répréhensible… C’est donc bien une demande en mariage !… il n’a même pas mis un genou à terre. Et surtout ses mots, son mode de déclaration : quelle arrogance ! Non seulement il me rabaisse en me rappelant l’infériorité de mon rang, mais il ne doute même pas de mon agrément, toute son attitude, sa contenance exsudent son assurance. Et bien il ne va pas être déçu, toutefois je dois rester calme et me montrer plus digne que lui. »

– Je suis très honorée d’une si délicate et flatteuse proposition, Mr Darcy, répondit-elle avec sarcasme, en insistant bien sur les deux qualités manquant justement à sa déclaration, puis elle continua, cependant vous m’en voyez fort étonnée, car je n’ai assurément jamais eu pour dessein d’induire chez vous une telle inclination, et c’est, à l’évidence, très à contre-cœur que vous me la donnez ; donc l’accepter, je ne le puis. Je ne doute nullement que les luttes qui, me dites-vous, ont retardé l’aveu de votre affection jusqu’à présent, auront tôt fait de vous aider à la surmonter et à la vaincre.

Une gifle n’aurait pas fait plus d’effet sur Darcy, car il ne s’attendait pas à un refus et sans grande élaboration pire, elle avait l’air de le tourner en ridicule ! Il blêmit et se détourna vers la cheminée prenant appui sur le rebord à l’aide de son bras pour accuser le coup tout en se frottant le visage. C’était insupportable, et après l’étonnement et le déni, ce fut le courroux qui monta en lui. Il glissa discrètement la pochette, sur laquelle son poing s’était crispé à en faire blanchir les jointures de ses doigts, dans sa poche. Ce fut au prix d’un immense effort qu’il conserva sa contenance, mais il dut attendre afin d’y parvenir avant de reprendre la parole. Cependant quand il se retourna enfin vers elle, il était visiblement offusqué.

– Vous vous moquez de moi ? C’est donc là toute la réponse que j’aurai l’honneur de recevoir ? Pourquoi me repoussez-vous avec aussi peu de politesse ? Veuillez élaborer, je vous prie, les raisons de votre refus ! exigea-t-il impérieusement en serrant les poings.

– Bataille, combat, vainqueur, sont-ce là des mots d’amour ou bien de guerre, monsieur ? Ensuite, abrégez, veuillez m’obliger, veuillez élaborer… des demandes, que dis-je ? des exigences. Vous ne savez qu’exiger, Mr Darcy ! Vous êtes bien tel que votre tante ! La rage d’Elizabeth montait, mais elle prit soin de ne pas élever la voix pour que leur discussion ne soit pas entendue par les domestiques.

– Vous faites si peu de cas de mon offre. Et vous me rejetez uniquement pour une question de forme ?! il était surpris et exaspéré en même temps, agacé et même révolté qu’on veuille le comparer à Lady Catherine.

– Non, bien sûr que non ! Mais de quel droit venez-vous me demander ma main après m’avoir offensée et insultée, et surtout alors que vous êtes déjà engagé à Miss de Bourgh ? à moins que ce ne soit avec Miss Bingley !

Il fut visiblement stupéfait d’entendre ces affirmations, mais qui avait pu lui laisser entendre cela ? Probablement son sycophante de cousin pour la première, mais Miss Bingley ?! cette dernière n’aurait quand même pas osé suggérer… Bonté divine ! il devait absolument rétablir la vérité, alors peut-être que…

– PARDON?! Dieu du ciel, non, c’est complètement faux ! Je ne suis point engagé à ma cousine, ou à Miss Bingley, ni à personne d’autre d’ailleurs. Pour la première, c’était une pure illusion de la part de Lady Catherine que j’ai éclaircie définitivement ce matin même. Quant à Miss Bingley, je n’ai jamais montré un quelconque intérêt envers sa personne, mais je ne dirais pas la même chose de sa part. Vous pourrez le demander à Bingley si vous ne me croyez pas.

– Mais il n’y a pas que cela, je pensais simplement vous épargner la peine de ma franchise. Votre insulte et votre manque de tact au sujet de ma condition ne font que s’ajouter à votre arrogance et à votre mépris d’autrui. Nous avions à peine fait connaissance que vous n’avez pas même consenti à nous adresser – aux Collins, à leur famille et à moi-même – un seul mot, en cela votre impolitesse envers ceux qui sont inférieurs à votre rang fut à l’égal de votre dédain. Même par la suite, vous avez continué à les ignorer. Toute votre attitude est indigne de celle d’un véritable gentleman, à ces mots elle le vit tressaillir. Vous pensez que votre fortune et votre rang vous rendent meilleur ? Mais quels sont vos accomplissements ? Qu’avez-vous fait pour mériter votre statut, Mr Darcy ? C’est juste une question de chance, le hasard d’être né dans une bonne famille et d’en être l’héritier. Que vous serait-il arrivé si vous aviez été échangé à la naissance avec le fils d’un domestique ou d’un simple paysan ? Quel homme seriez-vous devenu ? Lizzie était hors d’elle et cherchait maintenant à le provoquer.

– C’est ridicule ! s’exclama-t-il incrédule et irrité devant tant de véhémence.

– Ensuite, vous déclarez m’aimer, en dépit de votre raison, du souci de votre réputation et contre votre propre volonté, mais savez-vous ce qu’est vraiment l’amour, Mr Darcy ? Vous citez la première lettre de l’apôtre Paul, mais vous avez oublié les versets précédents qui nous disent : L’amour prend patience l’amour rend service l’amour ne jalouse pas il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil il ne fait rien d’inconvenant il ne cherche pas son intérêt il ne s’emporte pas il n’entretient pas de rancune il ne se réjouit pas de ce qui est injuste, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai. Or vous, qu’avez-vous fait, Mr Darcy ? Tout le contraire ! Tout d’abord en traitant mal et en spoliant Mr Wickham, votre ami d’enfance et le filleul de votre père.

– Quoi ? mais… essaya-t-il d’intervenir, mais elle ne le laissa pas continuer emportée dans son élan de colère.

– Ce n’était pas lui rendre service ! Vous étiez jaloux de l’amour que votre père portait envers Mr Wickham et vous en avez tenu rancune à votre ami. Quelle injustice ! Ce que vous avez fait était totalement inconvenant et même indigne d’un bon chrétien, rétorqua-t-elle en accentuant sur chaque défaut de son comportement allant contre ces versets de la bible qu’elle connaissait par cœur car ils étaient ses préférés.

Darcy était complètement désarçonné. Il était devenu pâle comme un linge en entendant le nom de Wickham. Quelle était cette histoire ? Il l’observait attentivement en se passant la main dans les cheveux.

– Mais enfin de quoi parlez-vous ?! demanda-t-il.

– J’ai fait la connaissance de Mr Wickham, durant l’automne dernier à Meryton. Il m’a révélé comment vous aviez provoqué sa ruine, le privant d’un droit qui lui était dû de par les dernières volontés de votre père de lui octroyer une cure, mais que vous avez honteusement et injustement ignorées ! son ton était acerbe et ce reproche déclencha la fureur de Darcy, il éleva la voix d’un ton en changeant de couleur pour devenir écarlate.

– Vous prenez un intérêt bien vif aux affaires de cet homme ! dit-il en pensant qu’elle devait arborer certains sentiments à l’égard de Wickham pour prendre ainsi sa défense, et vous avez cru toutes ses fadaises ? Pourtant, concernant Mr Wickham, vous auriez dû appliquer la devise de la Royal Society, Miss Bennet : Nullius in verba, ne croire personne sur parole.

– Et qui me dit que ce n’est point à vous que je doive l’appliquer, Mr Darcy ? elle le regarda droit dans les yeux avec défiance.

– C’est donc là, tout ce que vous pensez de moi ? dit-il en arpentant la pièce, serai-je un homme de si peu de vertu, selon vous ? Ma parole a donc si peu de crédit à vos yeux ? Je vous remercie de m’en avoir informé avec autant de clarté. Les charges énumérées ici à mon encontre, certes, sont accablantes, il s’efforça de rester calme en faisant tournoyer sa chevalière.

– Et je n’ai pas terminé, car j’ai encore un autre reproche à vous formuler : vous avez convaincu votre cousin, le colonel Fitzwilliam, de se détourner de moi. Oseriez-vous le nier ? Était-ce donc par jalousie aussi? elle entendait encore résonner ses paroles prononcées un peu plus tôt : « …vous seriez le prochain comte de Matlock et votre épouse devrait être de sang noble. Ce qui n’est résolument pas le cas de Miss Bennet. »

– De quoi parlez-vous encore ? Je ne comprends pas ! c’est moi qui suis là maintenant devant vous et qui vous ai déclaré mes sentiments les plus sincères, et c’est encore moi qui a défié le monde en vous offrant le mariage, non point mon cousin ! s’exclama-t-il rageusement, mais, au reste, peu importe puisque vous m’avez déjà condamné.

Il leva les bras au ciel en continuant de faire les cent pas. Ignorant ce qu’elle avait cru surprendre le matin même lorsqu’il avait rapporté les paroles de sa tante à son cousin, il se demandait, à tort, comment elle avait eu vent de cette ancienne, et autre, discussion qu’il avait eue avec Richard, alors il essaya de se justifier :

– Vous deviez bien savoir qu’il devrait se marier avec une riche héritière pour préserver son mode de vie. Vous n’êtes pas sans ignorer qu’il est le fils cadet du Comte de Matlock, par conséquent il n’héritera ni de son titre, ni de sa fortune, dit-il blessé en réalisant qu’elle portait de l’intérêt à Richard, tout en sachant que ce dernier avait mis de côté ces considérations, mais il avait perdu son calme légendaire.

– Dois-je vous rappeler votre propre citation, Mr Darcy : l’amour supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout ? Alors qui êtes-vous pour mépriser égoïstement les sentiments d’autrui et décider à leur place de ce qui est bon pour eux ou plutôt, devrais-je dire, convenable ?

La colère était mauvaise conseillère, Miss Bennet l’avait déjà tellement heurté que Darcy eut envie de lui rendre un peu de la monnaie de sa pièce. Il se rapprocha d’elle et s’arrêta pour la regarder droit dans les yeux.

– Mais peut-être, afin de m’épargner votre censure et de m’attirer vos bonnes grâces aurais-je dû flatter votre vanité en usant d’hypocrisie et en masquant mes conflits intérieurs ? Peut-être auriez-vous alors fermé les yeux sur mes, apparemment si nombreux, péchés et déficiences ? Mais, comme vous, je préfère la franchise. Alors oui, j’ai d’abord été envahi par des hésitations et des incertitudes, mais je n’en éprouve aucune honte car c’était bien normal et naturel. Pourquoi, dites-moi, aurai-je dû me réjouir de dégrader ma position dans la société en me liant avec une famille dont la condition est si manifestement en dessous de la mienne ?

L’ire de la jeune femme s’amplifiait à chacun de ses mots. Lizzie serra les poings pour cacher le tremblement de ses mains, elle avait envie de le gifler, pourtant elle réussit à maîtriser sa réaction physique, mais pas la verbale. Elle lui infligea alors un soufflet, mais en paroles.

– Vous vous fourvoyez, Mr Darcy, si vous croyez que c’est le mode de votre proposition qui m’a poussée à la refuser, car sous quelque forme qu’elle se fût produite, jamais je n’aurais eu la moindre tentation de l’accepter. Vous êtes bien le dernier homme au monde que je consentirais à épouser ! répondit-elle sur le même ton.

La dernière phrase de la jeune femme avait meurtri Darcy au plus haut point et savait qu’il devait s’en aller pour ne pas commettre l’irréparable… car elle était si belle dans sa fureur, ses yeux si brillants et enflammés par une passion qui, malheureusement, n’était pas de la nature qu’il aspirait tant. Elle était si vibrante, si pleine de vie. Cependant, comme animé de sa propre volonté, son pied avança d’un pas et Darcy eut une brusque envie de la faire taire en l’embrassant. Il avait envie de punir cette jolie bouche, qui déversait tant d’insanités à son égard, en la pillant et en mordillant ses lèvres pulpeuses. Il voulait enfin connaître leur goût. Il se sentait fiévreux. Furibond. Frustré. Trois mots qui commençaient par la lettre F… F comme folie…

Il avança encore d’un pas vers elle. Elle ne cilla point, courageuse et rebelle.

Il avait tant rêvé d’un baiser pour célébrer ce qui aurait dû être un jour de liesse. Il avait tant rêvé la serrer dans ses bras tout contre son cœur palpitant… Pourtant, il n’allait pas ajouter l’infamie dans ce tableau déjà désastreux, en cédant à cette pulsion aussi puissante fût-elle… Il devait se purger de ces sentiments délétères… Alors… il ne lui restait plus qu’à fuir à tout prix, s’éloigner d’elle, s’enfuir au plus vite. Elle lui faisait perdre tout contrôle sur lui-même, lui qui se targuait de ne jamais se départir de son sang-froid. Il prit quelques profondes respirations pour regagner un soupçon de maîtrise, juste assez pour lui permettre de lui déclarer d’une voix basse et vibrante :

– Vous en avez assez dit, madame ! Vos sentiments à mon égard sont on ne peut plus clairs et je n’ai plus qu’à me repentir d’avoir arboré les miens. Veuillez m’excuser d’avoir abusé ainsi de votre temps. Je vous souhaite tous mes meilleurs vœux pour votre santé et votre bonheur. Au revoir Miss Bennet !

Le jeune homme s’inclina sur ces dernières paroles et se dirigea vers la sortie. Il se retint pour ne point claquer la porte du salon, il ne voulait pas ajouter le manque de bonnes manières à son humiliation… et à la liste de griefs de la jeune femme.

Chapitre 12 suite

Je sais qu’il est vain de vouloir faire aussi bien que Jane Austen en modifiant quelque peu la scène de la première proposition de mariage de Darcy, mais mon but était de faire quelque chose d’un peu différent afin de ne pas trop vous ennuyer. Qu’en dites-vous ?

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