Chapitre 11: discussions (partie 2)

La plupart des personnages de cette fiction appartiennent à sa talentueuse auteure : Jane Austen. Cette histoire et les personnages inventés sont cependant ma propriété et selon les droits d’auteur, je n’en autorise aucune reproduction et/ou utilisation, qu’elle soit totale ou partielle.

O&P

Un grand merci à Lenniee pour la relecture de ce chapitre et sa contribution à son amélioration.


 Voyons maintenant si Darcy aura la tête dans les étoiles… 😉

La sonate de l’amour

.

« We are all fools in love »

(Nous sommes tous des idiots en amour)

– Jane Austen –

Chapitre 11 – 2ème partie : discussions

Après son retour du presbytère, Darcy demanda un plateau-repas dans le bureau afin de passer une paire d’heures sur la gestion du domaine de Rosings, Lady Catherine pensa que c’était à cause de leur désagréable discussion de ce matin, mais en fait Darcy cherchait tout simplement à gagner du temps et finir au plus vite son devoir dans cette demeure. En fin d’après-midi, il rejoignit le colonel comme prévu dans le parc pour discuter loin d’oreilles indiscrètes, car il savait parfaitement que la maîtresse des lieux avait pour mauvaise habitude de faire espionner ses invités par ses gens. Les deux jeunes hommes se promenèrent en silence pour quelque temps, jusqu’à ce qu’ils arrivassent à l’une des limites de la propriété. Darcy jugea être dans un endroit sûr.

– Richard, j’ai eu ce matin une discussion avec notre tante, elle vous soupçonne d’avoir des intentions envers Miss Bennet.

C’était pour Darcy une manière d’aborder le sujet qui l’intéressait. Le colonel se mit à rire.

– Je le sais bien, elle a essayé de m’en parler. Et quand bien même ?

– Elle a insisté pour que je vous rappelle votre devoir envers les Fitzwilliam.

– Je ne suis pas le vicomte, je n’ai donc pas ses obligations. C’est d’ailleurs l’un des avantages d’être le cadet et d’avoir ma propre liberté.

– Figurez-vous qu’elle va jusqu’à envisager son hypothétique disparition.

– Pauvre James ! plaisanta-t-il, et alors en quoi Lady Catherine est-elle concernée ? il faisait semblant d’être obtus, cela l’amusait trop.

Elizabeth qui passait par là pour aller chercher Maria chez son amie Sophia, entendit les deux hommes discuter, elle ne pouvait pas les voir car ils étaient de l’autre côté d’une épaisse haie qui délimitait Rosings Park, mais elle reconnut parfaitement leur voix, même si le sens de ce qu’ils disaient était inintelligible au début. Mais lorsqu’elle se rapprocha, sans être détectée grâce au sentier herbeux qui amortissait ses pas, elle ne put s’empêcher, une fois encore, de les écouter. Elle s’arrêta. Peut-être en saurait-elle davantage sur les intentions du colonel. Les premières paroles qu’elle put discerner la mirent hors d’elle.

– Il n’y a vraiment pas de quoi rire, Richard. Vous savez très bien que si cela arrivait, vous seriez le prochain comte de Matlock et votre épouse devrait être de sang noble. Ce qui n’est résolument pas le cas de Miss Bennet.

Malencontreusement, du point de vue d’Elizabeth, la réponse de Darcy avait toutes les apparences d’être sa propre pensée. Elle se révolta intérieurement. De quoi se mêlait-il ? Comment osait-il essayer d’influencer son cousin de la sorte ? Elle attendit la réponse du colonel avec trépidation.

– Ah, évidemment, vu sous cet angle… il laissa sa pensée en suspens ce qui fit croire à Lizzie qu’il venait de comprendre et d’approuver. Puis, anticipant un nouvel amusement il demanda : et votre mariage avec Anne, lui en avez-vous parlé ? il afficha un méchant sourire moqueur.

– Oui et c’est réglé de manière définitive, Darcy soupira.

Réalisant que la suite de la discussion ne la concernait plus, Elizabeth s’éloigna rapidement en faisant bien attention à ne pas se faire remarquer. D’autant plus qu’elle était si écœurée qu’elle craignait d’exploser, or elle voulait garder sa dignité. « Ah, au moins il sera bien assorti avec sa cousine et sa belle-mère. » pensa-t-elle en ajoutant ironiquement « Pauvre Miss Bingley ! ».

Pendant qu’elle s’éloignait le dialogue entre les deux cousins se poursuivit.

– Voilà une excellente nouvelle, comment a-t-elle réagi ?

– Très mal, comme vous pouvez l’imaginer, répondit Darcy en soupirant à nouveau.

– Au moins, vous avez clarifié la situation.

– En effet, et vous, Richard, pourquoi avez-vous ajourné votre départ ? où en êtes-vous avec Miss Bennet ? demanda Darcy avec angoisse.

– Pour l’instant, nulle part, nous apprenons à nous connaître, c’est tout. Voilà pourquoi j’ai décidé de rester quelques jours supplémentaires, répondit-il sans être entièrement honnête, ne voulant pas encore inquiéter ses proches avec son départ imminent pour la guerre.

Richard regarda son cousin avec une grande attention, celui-ci était agité, un tressaillement secouait son œil droit et sa posture était rigide. Il comprit que les sentiments de Darcy ne s’étaient pas atténués durant son éloignement, bien au contraire.

Ainsi, ils étaient devenus des rivaux.

Il considérait Darcy comme un frère dont il était plus proche même que de James, son propre frère. Alors une femme allait-elle les opposer ? Une femme allait-elle les pousser à la lutte ? Une simple femme allait-elle être capable de les conduire à la rupture ? Serait-il apte à briser cette belle amitié qui le liait à Darcy pour Miss Elizabeth Bennet ?

Dans le même temps, Darcy se posait exactement le même type de questions.

Le colonel voulait savoir avec certitude ce qui se passait dans la tête et le cœur de son cousin. Le temps n’était plus aux boutades, ni aux railleries.

– Et vous, William, où en êtes-vous de vos sentiments envers elle ?

Richard posa sa main sur l’épaule de Darcy pour le convier à se confier, il l’avait d’ailleurs appelé William pour créer un climat plus intime. Il le fixait dans les yeux de son regard perçant de militaire aguerri.

– Je l’aime Richard et je suis perdu! répondit-il d’un ton qui ressemblait à la plainte d’un animal blessé et à l’agonie. Je suis pourtant resté éloigné pour essayer de l’oublier. Je suis même allé à des bals en ville pour trouver une épouse, pouvez-vous l’imaginer ? Mais rien n’y fait. Je l’aime encore davantage qu’avant mon départ, je pense à elle jour et nuit ! s’échappant de la main du colonel, il faisait maintenant les cent pas en se passant la main dans les cheveux.

– Je m’en doutais. Pourtant vous aviez clairement renoncé à la courtiser, lui reprocha-t-il.

– Je n’étais qu’un idiot ! Ne sommes-nous pas tous des idiots en amour ? répondit Darcy penaud, car il savait que ce reproche était parfaitement justifié et mérité.

– Nous voilà donc rivaux, cousin, constata Richard amèrement.

Les deux hommes se tenaient face à face en se dévisageant. Chacun revit alors tous les souvenirs partagés depuis leur enfance, les meilleurs comme les plus tristes. Depuis les mauvais tours enfantins, les blagues, les chasses au trésor, les combats avec des épées de bois jusqu’aux peines et aux deuils. Tous leurs sens étaient aiguisés. Tous leurs muscles étaient tendus. Les deux hommes se toisaient. Pourraient-ils se considérer comme deux ennemis ? être tels deux félins prêts à bondir l’un sur l’autre et à se battre ?

– Et si nous faisions un marché ? déclara le colonel.

– Je vous propose un combat à la loyal, dit Darcy en même temps.

– Un duel ! Vous n’êtes pas sérieux Darcy ? s’exclama le colonel abasourdi, il n’avait pas imaginé en arriver là.

– Non, bien sûr que non ! Aaah, encore ma maladresse ! parfois je ferais mieux de tourner ma langue sept fois dans ma bouche avant de parler, il poussa un profond soupir, je voulais dire que chacun la courtise de son côté pour essayer de gagner son cœur et sa main. Au final ce sera le choix de la dame.

– Je préfère ça, d’ailleurs c’était aussi mon idée. Mais en toute honnêteté, cousin, j’ai bien peur d’avoir une longueur d’avance sur vous, le colonel regarda sérieusement Darcy.

– Ne soyez donc pas si sûr de vous Richard, car je crois que Miss Elizabeth apprécie beaucoup nos discussions.

– Vos joutes verbales, vous voulez dire, rectifia le colonel.

– Nos débats éclairés et stimulants.

– Vous êtes bien le premier homme à penser que l’on puisse courtiser une femme en argumentant et en débattant avec elle, vous n’êtes pas avec vos camarades à Cambridge.

– Eh bien à chacun sa méthode, et que le meilleur gagne ! dit Darcy en tendant sa main pour sceller le pacte avec une poignée de main.

– Très bien, mais nous devons aussi nous promettre que le gagnant n’interférera jamais et restera loyal.

– Sur mon honneur, répondit Darcy.

Ensuite Richard lui apprit que le régiment de Wickham aurait à quitter Meryton au plus tard à la fin mai, ce qui mettrait à l’abri les Bennet, et Darcy fut rassuré de ne pas risquer d’y rencontrer son pire ennemi lorsqu’il s’y rendrait pour assister au mariage de Charles, pas par lâcheté, mais bien parce qu’il n’était pas sûr de ne pas le tailler en pièces.

Il fut ensuite question de la guerre imminente sur le continent. Malgré cette ombre, le grand brun repartit le cœur plus léger. Il pensait comment Miss Elizabeth serait heureuse et flattée de recevoir une offre d’un prétendant tel que lui avec toute sa fortune et sa place privilégiée dans la société. Il s’imaginait sa réaction, sa gratitude, et bien sûr son amour, car après tout n’avait-elle pas badiné un peu avec lui, même si elle l’avait fait avec subtilité et réserve comme toute lady de la bonne société devait le faire ? Elle lui avait même indiqué quel chemin elle empruntait chaque matin pour sa promenade, c’était bien un indice pour qu’il la retrouvât, non ? En tant que jeune femme bien éduquée elle ne pouvait pas lui donner directement rendez-vous, cela aurait été hautement inconvenant et répréhensible, c’était donc sa manière à elle de pouvoir le rencontrer seul. Et toutes ces taquineries qu’elle lui adressait, cela voulait probablement bien signifier quelque chose de sa part : qu’elle l’appréciait … beaucoup.

Il était également soulagé d’avoir éclairci les choses avec Richard, d’avoir eu cette discussion à cœur ouvert avec lui. Chacun combattrait avec ses armes, loyalement. Maintenant qu’il était rassuré que son cousin n’avait pas encore fait sa proposition, Darcy ne doutait même pas un seul instant qu’Elizabeth, – il se complaisait à l’appeler plus intimement ainsi dans ses pensées – choisirait sa main à lui. Mais le colonel l’avait averti qu’il avait une longueur d’avance, il n’avait donc plus de temps à perdre.

O&P

Elizabeth était très remontée contre Darcy au point qu’une migraine commença à l’assaillir. De façon impulsive, elle voulait même renoncer à la soirée astronomie, car elle n’avait plus le cœur de passer du temps supplémentaire avec celui qui avait probablement brisé son espoir de bonheur avec le colonel. Avant cette discussion qu’elle avait surprise plus tôt, elle n’était pas sûre de vouloir épouser l’officier, si bien sûr il le lui offrait, mais le fait d’avoir entendu que cette possibilité partait en fumée, à cause de cet arrogant prétentieux, l’écœurait et l’outrageait. De toute façon après un tel discours, elle n’aurait plus à se poser la question de l’épouser ou non, car le colonel Fitzwilliam s’était vu rappeler son devoir envers sa famille et Lizzie savait que le colonel était un homme de devoir, elle ne doutait donc pas quelle serait sa décision, si tant était qu’il eût jamais eu l’intention de lui demander sa main. Peu importait qu’il lui fît sa demande ou pas et qu’elle l’acceptât ou pas, de principe elle était révoltée et indignée de l’interférence de Darcy.

Elle finit par décider de ne pas aller à cette soirée, et tant pis pour le ciel étoilé !

Ainsi, ce fut Charlotte accompagnée de son époux et Maria qui allèrent souper à Rosings. Darcy était dans le jardin en train d’installer sa lunette astronomique pour l’observation post dînatoire. Il n’y avait point de nuages dans le ciel, ce qu’il prit comme un signe du destin. Les étoiles lui souriaient, tout serait selon ses souhaits. En voyant le groupe approcher, pour un peu il aurait sautillé sur place de plaisir comme un enfant qui découvrait ses cadeaux de Noël. Mais ce fut de courte durée, car aussitôt qu’il put distinguer les dames, il se rendit compte qu’Elizabeth n’était pas parmi elles. Immédiatement, il s’inquiéta et s’enquit de la raison de son absence. Charlotte lui expliqua qu’Elizabeth ne se sentait pas bien et s’excusait qu’elle ne viendrait point ce soir. Le jeune homme fut très chagriné, à la fois de savoir que la femme qui occupait tous ses esprits fût souffrante, mais aussi de contrecarrer ses projets. Par pure politesse il offrit tout de même aux deux jeunes femmes la possibilité d’observer le ciel après le repas, ce qu’elles déclinèrent poliment, car le cœur n’y était pas.

Darcy, dépité, remballa son matériel, mais après tout, la comète serait encore là demain et les jours suivants. Il revint dans sa chambre à Rosings Park et confia sa lunette à un valet de pied. Il rejoignit sans entrain et plein d’inquiétude les convives, mais après un moment il s’excusa prétextant une indisposition. Il se rendit à ses appartements et sonna son valet.

– Le souper est déjà terminé, monsieur ? s’étonna Stanley, allez-vous dans le jardin maintenant ? demanda-t-il à son maître.

– Non, Stanley, il n’y aura point d’observation du ciel, répondit-il en évitant le regard perçant de son valet.

– Quel dommage !

– Miss Bennet n’était pas là car elle est souffrante et les autres n’avaient pas le cœur à en profiter sans elle, il pensa : « moi non plus ! Et pourquoi je me justifie auprès de Stanley ? »

– Ah, je vois… dit Stanley avec un sous-entendu dans le ton, tout en pensant : « je comprends mieux son humeur, mon garçon est très déçu. »

– Vous voyez quoi Stanley ? ne put s’empêcher de demander Darcy qui, pourtant, avait parfaitement compris son fidèle domestique.

– Monsieur est désappointé.

Ce n’était pas une question et Darcy soupira en fermant les yeux et opina de la tête, inutile de nier, Stanley le connaissait trop bien. Il avait songé depuis plusieurs jours à partager ce moment magique, d’observer le spectacle unique qu’offrait une comète. Il se souvenait parfaitement de celle qui était passée en 1811 (1), il l’avait observée avec Georgiana. Certes, elle avait été plus spectaculaire et impressionnante que celle-ci, mais avec un instrument optique, il pensait ravir Elizabeth. Il était aussi inquiet, car elle devait vraiment être malade pour ne pas être venue alors qu’elle était passionnée d’astronomie. Il essaya de se rassurer en se disant que Mrs Collins ne l’aurait pas quittée si cela avait été sévère. Pourtant, il voulait s’enquérir lui-même de sa santé, alors il décida de profiter que tous seraient occupés à terminer le souper et à jouer ensuite aux cartes pour aller lui rendre visite.

– Stanley, veuillez m’apporter mon manteau, demanda-t-il sans préciser lequel.

– Peut-on savoir pour quelle occasion précise ? demanda le valet malicieusement afin d’en apprendre davantage sous couvert de choisir le vêtement adéquat.

– Une sortie à pied jusqu’au presbytère. Je vais m’enquérir de la santé de Miss Bennet et lui souhaiter un prompt rétablissement, c’est la moindre des choses. Darcy se surprit une fois de plus à vouloir se justifier devant son si rusé valet.

– Oui, bien sûr monsieur, je m’en occupe tout de suite, répondit Stanley l’œil espiègle.

Darcy envoya Stanley en éclaireur pour s’assurer qu’il ne rencontrerait personne en empruntant l’escalier de service. Ainsi Darcy se mit en route pour aller rendre discrètement visite à Elizabeth. Sur le court chemin, il eut le temps de s’interroger tout en marchant: comment était-elle ? Quand pourrait-il se déclarer ? Le temps comptait, car elle devait repartir bientôt et Richard pouvait la demander en mariage à tout instant, lui aussi. À tout hasard, il avait emporté avec lui une petite pochette en satin contenant un objet très précieux qu’il avait pris dans le coffre-fort situé dans son hôtel particulier avant de quitter Londres.

Enfin il sonna la cloche à la porte d’entrée du presbytère. La domestique vint lui ouvrir, prit son chapeau, ses gants et sa canne avant de l’introduire dans le petit salon où Elizabeth était assise près de la fenêtre, en lisant. Elle portait une robe verte, cette mise lui seyait si bien. Elle ne lui sembla pas trop indisposée, mais elle était visiblement surprise.

Lizzie ne s’attendait pas à une visite aussi tardive, qui plus est, celle de Mr Darcy. Allait-il lui porter grief de son absence ? Elle se leva par politesse.

– Bonsoir, Miss Bennet, je suis venu m’enquérir de votre santé.

« Il n’est quand même pas venu vérifier si j’étais bien malade ?! », pensa-t-elle agacée.

– Rien de bien sérieux, juste une soudaine migraine, répondit-elle tout en songeant « et surtout l’envie de vous éviter », mais je vais déjà mieux, « enfin, cela risque de ne point durer puisque vous êtes là ! »

Darcy pensa avec joie: « va-t-elle mieux de me voir ? Oui, ce doit être cela, c’est probablement sa façon subtile de me dire qu’elle est ravie de ma présence ici. D’ailleurs ses yeux sont brillants, enfiévrés même. »

– Très bien … très bien… vous m’en voyez ravi.

Il commença à faire les cent pas pour s’aider à réfléchir, il était nerveux se demandant : « Dois-je lui déclarer mes sentiments maintenant ? Nous sommes seuls, c’est l’occasion rêvée qui ne se représentera peut-être pas avant son départ, ou plutôt avant que Richard ne se déclare, or il faut qu’elle sache qu’elle a une meilleure option : moi. » Il s’arrêta pour l’observer, elle avait l’air perplexe, normal car elle ne s’attendait pas à cela maintenant … puis il reprit son manège en pensant à sa famille, ses parents, ce que lui avait dit son père au sujet de son bonheur, au discours de Georgie concernant son choix d’épouse. Il revit toutes ces femmes de la haute société et leur mimiques insupportables pour le charmer, les pièges qu’il avait déjà évités dans le passé. Il avait aussi parfaitement conscience des difficultés qu’ils rencontreraient tous les deux au sein de sa famille, mais aussi dans la bonne société, mais rien qu’un amour aussi profond que le leur ne saurait surmonter. Toutes ces idées et ces images défilaient dans son esprit à toute allure. Il s’arrêta de nouveau pour contempler Elizabeth – bientôt son Elizabeth – avec ses joues roses, ses magnifiques yeux qui le fascinaient et l’ensorcelaient, ils avaient l’air de lui demander quelque chose. Ses boucles brunes soyeuses, qu’il se languissait de délier afin de pouvoir bientôt y passer ses mains, encadraient son doux visage. Son petit grain de beauté si captivant le troublait tant. Enfin, son regard effleura cette bouche si désirable sur laquelle il espérait bien déposer un baiser dès qu’elle aurait dit oui, leur premier baiser pour sceller leur amour. Il devrait être chaste pour ne pas l’effrayer, car probablement ce serait le premier baiser de la jeune femme et ce serait lui qui serait gratifié de cet honneur. Quel goût avaient donc ses lèvres ? Mais il ne devait pas se laisser distraire davantage par ses charmes enchanteurs, car il avait un objectif précis.

Il se redressa fièrement et avança de quelques pas pour se rapprocher d’elle, enfin complètement décidé.

– En vain ai-je lutté. Rien n’y fait. Je ne puis réprimer mes sentiments, alors permettez-moi de vous confesser l’ardeur avec laquelle je vous admire et je vous aime.

Chapitre 12

Oui, je sais, c’est terriblement cruel de ma part d’arrêter le chapitre ici. La suite sera-t-elle identique à la scène imaginée par Jane Austen? Tout ce que je vous dirai est que je ne reprendrai pas mot pour mot la même chose…


Note :

(1) La Grande comète de 1811 (C/1811 F1) surnommée « la Comète de Napoléon » fut découverte par Honoré Flaugergues, astronome amateur et juge de paix, à Viviers dans l’Ardèche, le 25 mars 1811. La comète passa au périhélie le 12 septembre. Elle est restée visible à l’œil nu pendant neuf mois et possédait deux queues. Cette comète a même probablement été celle citée par Tolstoï dans son roman Guerre et Paix.

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