Chapitre 10: soirées londoniennes

La plupart des personnages de cette fiction appartiennent à sa talentueuse auteure : Jane Austen. Cette histoire et les personnages inventés sont cependant ma propriété et selon les droits d’auteur, je n’en autorise aucune reproduction et/ou utilisation, qu’elle soit totale ou partielle.

O&P

Un grand merci à Lenniee pour la relecture de ce chapitre et sa contribution à son amélioration.

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Pour répondre aux questions et remarques des différents guests: SI j’écris une suite complète elle concernera tous les personnages, leur évolution et les nouvelles rencontres qu’ils feront ce qui implique l’apparition de nouveaux personnages, notamment des futurs époux des sœurs Bennet et de Georgie.
Georgiana a-t-elle failli s’enfuir avec Wickham ? Eh bien la réponse à cette question se trouve dans le chapitre 22, ah ! je sais il faudra de la patience… ceci dit, quelques indices se trouvent dans ce chapitre.
Quant à Darcy, il sera en effet très surpris quand il rencontrera Mrs Bennet et le reste de la famille dans le chapitre 16.
Enfin, Waterloo qui se profile jouera bel et bien un rôle dans l’histoire, mais je ne peux pas tout dévoiler, il faut bien garder un peu de mystère… 😉 Si vous avez d’autres questions auxquelles je peux répondre, n’hésitez pas c’est un réel plaisir que d’échanger avec mes chers lecteurs.
Merci beaucoup pour votre intérêt.


La sonate de l’amour

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 » Il est difficile d’attraper un chat noir dans une pièce sombre, surtout lorsqu’il n’y est pas. « 

– Proverbe Chinois –

Chapitre 10 : soirées londoniennes

Le vendredi suivant, Darcy assista au bal chez le Comte de Carlisle en compagnie de son oncle et de sa tante, comme prévu. Stanley l’avait aidé à s’habiller pour l’occasion.

– Souhaitez-moi bonne chance Stanley, demanda Darcy qui doutait déjà de sa décision.

– Bonne chance pour quoi, monsieur ?

– Pour trouver une charmante jeune femme qui pourrait devenir la future Mrs Darcy.

– Mais je pensais que vous l’aviez déjà trouvée, monsieur, dit-il avec malice.

– Vous savez bien que je ne peux pas y songer sérieusement, Stanley, répondit Darcy en soupirant.

– Avez-vous pensé à ce que vous avait dit votre père ?

– Aah, mais il devait tout de même songer à une femme appartenant à notre cercle.

– L’avait-il précisé explicitement ? la question était rhétorique puisqu’il avait assisté à la conversation.

– Non.

– Donc vous avez votre réponse, dit le valet avec astuce.

– Je ne sais pas… non je ne peux pas ! Darcy soupira.

– Alors, je vous souhaite bonne chance, monsieur, dit Stanley tout en pensant « vous en aurez bien besoin mon garçon ! ».

Peu après son arrivée à l’hôtel particulier des Carlisle, une riche demeure, Lady Claire présenta à Darcy Miss Seymour, qui était la fille d’une des dames qui était membre d’un des groupes caritatifs dont elle faisait partie. La jeune fille minauda exagérément, scellant son sort : elle n’intéressa pas Darcy. Puis ce fut Lady Emily, la fille du Comte de Carlisle. C’était une belle et assez grande jeune fille brune aux yeux bleus. Très agréable à regarder dans sa belle robe de bal rose poudrée qui mettait en avant sa taille fine et une poitrine généreuse. Il lui demanda si elle était libre pour le second ensemble de danses et non le premier ne voulant pas trop marquer un intérêt qu’il ne ressentait pas, ou du moins pas encore. Elle accepta avec enthousiasme et en attendant, Darcy conversa avec son oncle et sa tante, tout en faisant la connaissance d’autres jeunes femmes, nouvelles cette saison sur le marché du mariage. Le grand brun les observa avec attention, certaines étaient vraiment très belles ou très bien nées, voire les deux, mais l’expression de leur regard n’était pas aussi intelligente que… bref, ne montrait pas assez d’intelligence, ce qui fut très vite révélé après quelques phrases échangées.

Puis il vint chercher sa première cavalière, elle lui sourit en rougissant légèrement. Durant une demi-heure, ils exécutèrent les figures à la perfection, mais n’échangèrent pas un seul mot. Lady Emily se déplaçait avec grâce mais elle ne semblait pas être autant à l’aise dans la conversation. Bon, d’accord, tout comme lui-même, mais Miss Elizabeth aurait…. Aaah encore elle qui venait s’inviter dans ses pensées ! À la fin Darcy lui proposa d’aller lui chercher un rafraîchissement qu’elle accepta. Il revint avec un verre de punch pour la jeune femme et un autre pour lui-même. Il ne savait pas trop comment engager la conversation, alors il choisit un sujet neutre.

– La boisson est-elle à votre goût, Lady Emily ?

– Oui, c’est délicieux, merci Mr Darcy.

Un instant de silence.

– Aimez-vous les pièces de théâtre ou les opéras ? demanda Darcy.

– Je préfère l’opéra car j’adore la musique, et vous monsieur ?

– J’apprécie les deux. Quel est votre opéra préféré ?

– La Flûte enchantée, car en plus de la belle musique écrite par Heir Mozart, j’aime l’histoire d’amour de Pamina et Tamino.

– Il ne s’agit pas que d’une simple histoire d’amour. Il est aussi question de sagesse, du combat de la lumière contre la nuit et de son triomphe par un rituel initiatique, dit-il voulant amener la conversation à un niveau plus intellectuel.

– Peut-être, mais à vrai dire, j’ai surtout retenu l’histoire de Pamina et Tamino, dit-elle en ricanant un peu niaisement.

Nouveau silence.

Darcy avait été désappointé par sa dernière réponse et sa superficialité. Comment ne pas voir le génie de cet opéra qui ne se limitait pas à sa seule musique déjà superbe en soi ? Mais aussi à l’amour en tant que symbole du bien, à la trame complexe qui mêlait des éléments classiques à d’autres plus originaux.

Il se sentit tel Tamino, à qui l’épreuve du silence avait été imposée, et resta désespérément muet, sauf que, lui, il n’était pas amoureux d’Emily. Cette jeune femme était tout ce qu’il y avait de plus noble et d’aimable, et au moins elle ne se pâmait pas devant lui, mais il lui manquait de profondeur dans sa façon de penser. Et puis son défaut majeur : elle n’était pas Miss Elizabeth Bennet. Alors pourrait-il, avec le temps, apprendre à aimer Lady Emily ? Il se répondit à lui-même sans hésitation : non. Cela lui semblait impossible. Il avait beau se raisonner, qu’une union avec la fille du comte de Carlisle leur apporterait, à lui, à Georgiana et à toute sa famille, des avantages certains, qu’il devait apprendre à la connaître un peu plus. Pourtant, il ne pouvait s’y résoudre. Ces quelques phrases échangées avaient éteint son intérêt.

Une fois son punch terminé, Darcy raccompagna Lady Emily auprès de ses parents et dansa avec trois autres partenaires avec encore moins d’intérêt. Il se mit à arpenter la salle de bal en rasant les murs. Il était agité car il se sentait perdu. Il arriva près d’un groupe de trois femmes et ne put s’empêcher d’entendre leurs commérages, car elles ne cherchaient même pas à chuchoter.

– Vous avez vu comment Lady Norton essaie de cacher son état ? Son mari doit se retourner dans sa tombe, elle vient tout juste de sortir de sa période de deuil et elle est déjà grosse de cinq mois parait-il, se délecta une femme d’une quarantaine d’années.

– Comment l’avez-vous su ? demanda une femme plus jeune.

– Sa femme de chambre l’a confié à ma cuisinière qui l’a dit à ma propre femme de chambre, laquelle me raconte tous les potins, répondit la quadragénaire derrière son éventail comme si elle conspirait quelque chose.

– Et sait-on qui est le géniteur ? demanda la plus jeune.

– Pas exactement, mais ce serait un homme marié, vous rendez-vous compte ? s’exclama-t-elle sur un ton exagérément dramatique.

– Je ne serais pas étonnée de la voir partir faire un voyage de plusieurs mois, ricana la troisième femme.

– Quel scandale !

Elles se mirent à rire méchamment et Darcy s’éloigna, dégoûté. Il s’imaginait ce que de telles commères auraient pu dire si elles avaient su pour Georgiana et il ne voulait plus en entendre davantage. Mais un peu plus loin, alors qu’il se trouvait derrière une colonne, il entendit partie d’une autre discussion, on dirait bien cette fois-ci à son sujet.

– M’est avis que Mr Darcy est enfin à la recherche d’une épouse, on ne l’avait point encore vu cette saison et le voilà qui danse avec plusieurs potentielles candidates pour devenir la future Mrs Darcy. C’est un excellent parti et, ce qui ne gâche rien, il est vraiment un très bel homme, dit une femme qu’il ne connaissait pas.

– Il pourrait tout aussi bien être chauve et édenté, c’est son statut et sa bourse bien garnie qui m’intéressent, pas l’homme ! répondit Miss Seymour en ricanant.

Il avait reconnu sa voix et un morceau du tissu de sa robe qui dépassait, il en avait assez entendu, Miss Seymour n’était qu’une chasseuse de fortune de plus.

Pour la danse précédant le souper, il n’avait invité personne alors il rejoignit son oncle et sa tante, tous deux déçus qu’il fût seul. Durant le repas et après, il observa les débutantes sur lesquelles Lady Claire avait attiré son attention, incluant même les jeunes veuves tout juste sorties de leur période de deuil, connaissant parfaitement le marché des « anciennes », il savait que l’élue ne s’y trouverait pas donc il ne s’attarda pas sur celles-ci. Il dansa encore avec quelques partenaires et constata avec effroi, qu’à ses yeux elles étaient toutes, soit insipides, sans aucun caractère, soit à faire des potins ou des complots derrière leurs éventails tout en minaudant devant lui.

« Assez ! » se dit-il et pensa à Miss Elizabeth qui allait bientôt quitter le Kent pour repartir dans sa famille. Il devint alors tourmenté, il se demanda aussi si le colonel s’était décidé à la courtiser ouvertement. Et si oui, avait-il réussi à gagner son cœur ? Miss Elizabeth lui manquait plus que jamais. Il imaginait ses beaux yeux pleins d’intelligence et d’impertinence, son petit grain de beauté dans cet emplacement si envoûtant, ses lèvres pleines et pulpeuses. Brusquement, il se sentit fiévreux. Son désir pour elle, non seulement ne s’était pas éteint, mais bien au contraire, il s’était intensifié. Il se languissait d’elle corps et âme. Son image éclipsait toutes ces femmes si factices. Quant aux discussions qu’il avait eues avec cette nymphe des bois si fascinante, elles dépassaient de très loin tout ce qu’il avait pu entendre de toute la soirée. Miss Elizabeth avait relevé son niveau d’exigence en matière de choix d’épouse, elle était devenue la référence à laquelle il comparait toutes les autres candidates.

Il n’avait plus qu’une envie : rentrer se coucher. Et c’est ce qu’il fit. Le comte de Matlock et son épouse furent désappointés de le voir partir avant la fin de la soirée en comprenant qu’il n’avait pas trouvé ce qu’il cherchait. Ils avaient eu un bon espoir que Lady Emily réussît à le charmer, mais ça n’était qu’un seul bal et ils envisageaient déjà de le pousser à se rendre à d’autres soirées pour continuer de prospecter.

– Darcy, mon garçon, vous devez persévérer, vous finirez bien par rencontrer une jeune femme qui vous plaira, dit son oncle.

Ainsi Darcy se rendit à deux autres bals et une soirée chez des amis de la famille, sans plus de succès. Il comprit soudain pourquoi il n’était toujours pas marié : les femmes de son cercle ne l’avaient jamais attiré de façon pérenne. Et il devint encore plus sombre, il comprit que chercher une autre Elizabeth dans la haute société était peine perdue. Maintenant, il savait tout au fond de lui qu’écumer les salles de bal était vain, car ELLE était unique. Il avait déjà rencontré celle qui lui plaisait et qui convenait à son caractère, elle s’appelait Elizabeth Bennet.

Il dormait mal, rêvant de cette nymphe des bois qui l’avait envoûté. Il avait pensé qu’en s’éloignant d’elle, qu’en rencontrant d’autres jeunes femmes de son cercle, le souvenir de Miss Elizabeth s’estomperait, mais c’était tout le contraire, car elle obsédait tous ses songes, tous ses rêves, plus que jamais.

Quel idiot il avait pu être !

Georgiana, le voyait errer comme une âme en peine et devenir de plus en plus maussade. Un matin, alors qu’ils étaient seuls tous les deux, elle prit son courage à deux mains pour aborder le sujet.

– Fitzwilliam, quelque chose vous trouble-t-il ?

– Qu’est-ce qui vous fait penser cela Georgie ? répondit-il, complètement pris au dépourvu.

– Vous avez l’air si… triste, si distrait, ces derniers temps.

– Je suis juste fatigué, tous ces bals en quelques jours juste après les problèmes à Pemberley et le voyage m’ont épuisé, il esquissa un sourire forcé pour la rassurer.

Georgiana sentit que ce n’était pas la vérité ayant souffert elle-même récemment, elle savait distinguer la fatigue de la mélancolie. Soudain, elle eut une pensée : en la retrouvant, son frère revoyait aussi ses défaillances.

– Est-ce que c’est à cause de moi, Fitzwilliam ? à cause de ce qui s’est passé l’été dernier ? Suis-je une si grande déception ? lui demanda-t-elle, des larmes dans les yeux.

– Georgie, non ! Absolument pas, je vous assure que vous n’y êtes pour rien, répondit-il ébahi. Il prit ses mains dans les siennes et plongea son regard dans le sien pour y voir de l’angoisse et de la honte, alors il poursuivit, je vous ai déjà dit que ce qui s’est passé n’était pas de votre faute. Mon ange, comment pouvez-vous penser être une déception à mes yeux ?! C’est tout le contraire et je suis fière du courage dont vous avez fait preuve ces derniers mois.

– Vraiment ? Pourtant, ce n’est pas de la fatigue que je vois en vous, mais de la morosité et de l’abattement, alors quelle en est la cause si ce n’est moi ? implora-t-elle en lui serrant les mains.

– Georgie, je… c’est à cause d’une femme… lâcha-t-il. Il n’avait plus d’autre choix que de lui dire la vérité, à défaut elle risquait de se croire la cause de son mal être.

– Une femme ? Vous voulez dire que vous êtes tombé amoureux ? son visage s’éclaira.

Darcy la regarda pendant quelques secondes, car sa sœur n’avait jamais été aussi directe avec lui.

– Oui, Georgie. J’aime une femme… que je ne peux pas épouser, dit-il avec peine.

– Ne me dites pas qu’elle est déjà mariée ? l’inquiétude s’empara d’elle.

– Non, mais elle ne fait pas partie de notre cercle.

– Son père n’est pas un gentleman ?

– Si mais… il butta sur ses paroles et lâcha les mains de sa sœur pour s’enfoncer davantage dans le divan.

– Mais alors si elle est la fille d’un gentleman, elle est donc notre égal, dit-elle naïvement.

– Malheureusement pas en fortune, ni en conséquence ; sa mère est la fille d’un avoué et son oncle est un commerçant, enfin sa dot est quasi inexistante, déplora-t-il.

– Fitzwilliam, avons-nous besoin de plus de fortune ?

– Non, mais…

– Mais quoi ?

– Mon devoir envers vous, envers notre famille est de faire un bon mariage également pour accroître nos relations et vous permettre aussi de trouver un bon époux.

– Et quelle est la définition d’un bon époux, selon vous ? Un noble fortuné ? Pour moi ce serait un mari aimant et que j’aimerais. Alors si un homme me tenait rigueur du choix d’épouse que mon frère aurait fait, bien qu’honorable et par amour, cela signifierait qu’il ne chercherait que relations et fortune. Ce serait donc un service que vous me rendriez en fait, en m’évitant un mariage sans affection.

– Depuis quand êtes-vous devenue aussi sage, Georgie ?

Elle lui sourit. Georgiana n’était plus une petite fille, mais une jeune femme qui se révélait, un papillon qui sortait de sa chrysalide et déployait ses ailes. Les différentes épreuves de la vie, la perte de leurs parents, puis la grave blessure qu’elle avait eue dans des circonstances calamiteuses, en août dernier, tout ceci l’avait fait mûrir.

– Alors quand allez-vous lui faire votre demande ?

– Je ne sais pas encore si je le ferai Georgie, il faut que je réfléchisse.

Il ne voulait pas lui dire que Richard courtisait peut-être déjà Miss Elizabeth, pas tant qu’il n’aurait pris une décision.

– Au pire, vous pourriez toujours épouser Miss Bingley, osa-telle le taquiner, avoir vu son frère si vulnérable l’avait rendu plus abordable.

– Georgie ! il se mit à rire avec elle.

– J’avais tellement peur que vous l’épousiez un jour.

– Non, ma colombe, ça jamais, je peux vous l’assurer.

– Et comment s’appelle celle qui a ravi votre cœur ?

Il n’eut pas le temps de lui répondre à cause de l’entrée d’un domestique qui venait pour l’informer d’une visite.

En retournant dans sa chambre, ce soir-là, Darcy ressortit l’épingle à cheveux de Miss Elizabeth, celle qu’il avait trouvée dans la cabane de chasse et qu’il gardait dans une petite boite avec sa chevalière qu’il rangeait là pour la nuit. Il n’avait pu se résoudre à s’en séparer. Il la fit tournoyer entre ses doigts, puis la caressa tendrement en imaginant ses cheveux qui l’avaient portée.

Tout était minutieusement planifié dans sa vie, ses serviteurs veillaient à ses moindres besoins. Toute sa routine quotidienne était parfaitement réglée, comme une horloge. Il était riche, avait de bonnes relations et possédait tout ce dont un homme aurait pu rêver.

Pourtant, il n’était pas heureux.

Il n’y avait aucune étincelle, rien qui vienne animer ses journées, juste le travail et son devoir. Depuis le décès de son père, sa vie n’avait été remplie que de responsabilités à assumer, bien souvent seul. À peine ses études terminées, il avait dû prendre les rênes de Pemberley à l’âge où ses camarades ne pensaient qu’à s’amuser, profitant oisivement de la fortune paternelle. Pas tant qu’il désirât en faire tout autant, mais il aurait souhaité seulement avoir un peu de bonheur, de joie à partager avec une compagne. Se sentir moins seul. Aimer, être aimé pour lui-même. Il se sentait prisonnier d’un carcan. Famille, Devoir et honneur.

Pourrait-il supporter cela toute une vie sans se briser ?

Il repensa à la Flûte enchantée. Au début de l’histoire, tout n’était que chaos et lutte entre la Reine de la nuit et le sage Sarastro. Or, grâce à la double initiation de Tamino et Pamina, la force et la noblesse du couple avaient vaincu les obstacles, la Beauté et la Sagesse avaient été couronnées pour l’éternité, la Terre devint alors un royaume céleste et les mortels furent semblables aux dieux. Pourrait-il former avec Miss Elizabeth, un couple qui traverserait victorieusement des épreuves qui leur seraient imposées par la haute société ? par sa famille et par ses pairs ? et pourraient-ils tous deux ainsi conquérir le monde ? Miss Elizabeth pourrait-elle être sa Pamina ? Pourrait-il être son Tamino ?

Il avait déjà appris à se maîtriser en cachant ses sentiments tout comme le héros d’opéra. Miss Elizabeth aussi devait cacher les siens à son égard sachant que par sa petite condition elle ne pouvait espérer qu’il la demandât en mariage. Il voyait bien qu’elle appréciait sa compagnie, elle lui avait même indiqué quel était son chemin préféré pour effectuer ses promenades matinales et toutes ses taquineries subtiles et pleines d’esprit à son égard, n’était-ce pas une manière de lui signifier son intérêt, de même que la façon dont ils argumentaient ensemble ?

Quel honneur lui ferait-il ainsi s’il lui demandait sa main ! Quelle joie elle ressentirait ! Il n’avait aucun doute qu’entre lui ou Richard, quand bien-même ce choix devrait se présenter à elle, celui-ci se porterait vers lui. Darcy pensait qu’il était supérieur à son cousin en esprit et en beauté si ce n’était en charme, et il lui offrirait globalement les mêmes relations avec en plus la fortune et Pemberley sur un plateau.

Miss Elizabeth était si intelligente, elle avait réussi à atteindre un tel niveau de connaissances sans avoir fait d’études universitaires, or il pourrait l’aider à parfaire son éducation, avec son patronage elle brillerait comme une étoile au firmament. Elle était un diamant brut qu’il polirait pour qu’elle étincelle de mille feux. Avec ses moyens, Miss Elizabeth serait un joyau, son joyau. Elle avait déjà conquis Richard et su manœuvrer Lady Catherine. Quant à sa famille, certes, elle était bien en-dessous de son rang, mais ceux qu’il avait rencontrés était tout à fait respectables et bien éduqués, des gens charmants qui avaient de la conversation, ses autres sœurs et ses parents devaient être de la même trempe. Alors oui, avec elle, il se sentait prêt à conquérir le monde.

Alors pourquoi pas ?

Il restait cependant un problème de taille : son cousin. Or Darcy était un homme loyal. Il se demanda à nouveau où en était le colonel avec Miss Elizabeth ? Qu’avait-il décidé ? Il n’avait rien dit dans sa courte note. Avait-il choisi de continuer à la courtiser ? Ou s’était-il rendu compte qu’il ne pourrait lui offrir une vie privilégiée ? Une vie dans laquelle elle ne pourrait s’épanouir, comme elle pourrait le faire en l’épousant lui, Fitzwilliam Darcy ? Son cousin pourrait-il vivre une vie plus austère, sans le luxe auquel il était habitué et renoncer à tous ses privilèges ? Quand ils avaient eu l’occasion de discuter mariage dans le passé, Richard avait affirmé qu’il ne pourrait se marier sans considération pour la fortune de son éventuelle future promise. Avait-il finalement changé d’avis ?

Que faire ? Peut-être était-il déjà trop tard ? Et puis oserait-il s’interposer entre son cousin et Miss Elizabeth, si cela tel était le cas ? « Allons-nous devenir des rivaux ? » pensa-t-il avec appréhension.

Tout d’abord, il lui fallait retourner dans le Kent pour avoir une franche discussion avec Richard et démêler tout cela, ensuite, il agirait en conséquence.

Chapitre 11

Que va-t-il se passer dans le Kent ? Une idée ?

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