Chapitre 9: famille, devoir et honneur (partie 2)

La plupart des personnages de cette fiction appartiennent à sa talentueuse auteure : Jane Austen. Cette histoire et les personnages inventés sont cependant ma propriété et selon les droits d’auteur, je n’en autorise aucune reproduction et/ou utilisation, qu’elle soit totale ou partielle.

O&P

Un grand merci à Lenniee pour la relecture de ce chapitre et sa contribution à son amélioration.

.

Pour répondre à Guest, on ne verra pas le frère du colonel, du moins pas dans cette fiction. Toutefois, j’envisage d’écrire une suite (j’ai déjà des idées précises et deux chapitres ébauchés) dans laquelle toute la famille Fitzwilliam serait présente et serait même importante. Je ne sais pas encore si j’écrirai une véritable continuation plutôt qu’un long épilogue, car cela demande beaucoup d’investissement en temps et travail, je pense que cela dépendra en partie de votre enthousiasme, alors n’hésitez pas à me faire part de votre avis sur la question, même si c’est encore un peu prématuré de le demander, vu qu’il reste encore deux tiers de l’histoire à publier 😉


La sonate de l’amour

« L’absence n’est-elle pas, pour qui aime, la plus certaine, la plus efficace, la plus vivace, la plus indestructible, la plus fidèle des présences ? »
Marcel Proust

Chapitre 9 – 2ème partie : Famille, devoir et honneur.

Après une nuit heureusement sans rêve indésirable, Darcy se réveilla moins fatigué, mais toujours aussi agité. Pour se calmer et se changer les idées, il décida de faire un saut à la Royal Society (3). Il s’occuperait de son courrier le lendemain, il n’y avait rien d’urgent. Il se rendit au Strand (4). En descendant de sa voiture, il aperçut au bout de la rue la flèche de l’église Saint Mary-le-Strand. Puis, après s’être tourné vers sa destination, il fit une pause, car il pensa à Miss Elizabeth, comme il aurait aimé pouvoir venir en ce lieu, ce temple de la science, avec elle et découvrir les dernières actualités dans ce domaine. Il observa alors le grand bâtiment qu’était Somerset House (3), la façade en pierre blanche de style antique était ornée d’une dizaine de colonnes dans sa partie supérieure et d’autant d’arcades en bas. Chaque fenêtre lui faisait penser à la façade d’un temple gréco-romain avec un fronton triangulaire qui les surmontait. Au sommet trônaient quelques statues antiques. Darcy soupira avant de secouer la tête comme pour chasser l’intruse de ses pensées, puis d’un pas décidé, il passa sous l’arcade centrale d’où il eut une belle vue sur la cour intérieure carrée, et se dirigea vers la porte d’entrée de l’aile nord qui abritait The Royal Society.

Dans la salle principale il rencontra Sir David Brewster (5) qu’il avait déjà croisé plusieurs fois ici. Ils discutèrent du kaléidoscope, sa dernière invention. Puis le scientifique le mit au courant de l’existence d’une comète qui était apparue récemment dans le ciel. Elle avait été découverte en mars par Heinrich Olbers (6) et il pensa immédiatement à Miss Elizabeth, encore, car l’astronomie était sa science préférée. Il faudrait qu’il lui en parlât en rentrant à… Non ! Non, non et non ! Il ne devait plus penser à elle.

Au final, cette visite qui aurait dû le distraire n’avait fait que lui rappeler cette ensorceleuse. Il finit par aller dîner chez les Fitzwilliam, ensuite et pendant que Georgiana prenait sa leçon de piano avec son maître de musique, le comte et son épouse tentèrent en vain de questionner Darcy sur son humeur maussade et d’en découvrir davantage sur la raison qui l’avait convaincu à chercher subitement une épouse. Mais bientôt ils renoncèrent à leur quête. Ils savaient que leur neveu était très têtu et très secret et qu’il serait inutile d’insister ou bien celui-ci risquerait de se renfermer encore davantage dans sa coquille.

Comme l’après-midi était assez agréable, Darcy emmena Georgiana se promener dans Hyde Park qui était près de la maison de son oncle, qui se situait sur le square Grovesnor. Il voulait se retrouver seul avec sa sœur pour pouvoir discuter avec elle en privé. Il savait qu’elle se confierait ainsi plus facilement. Après avoir salué quelques connaissances, ils s’installèrent sur un banc assez retiré pour ne pas être importunés.

– Ma colombe, comment vous sentez-vous ? demanda Darcy en la regardant dans les yeux.

– Bien, ne vous inquiétez pas Fitzwilliam, le médecin a dit que je suis entièrement rétablie.

– J’en suis très heureux. Et comment vous entendez-vous avec Mrs Annesley ?

– Oh, Fitzwilliam, elle est parfaite. Elle est douce, mais ferme avec moi quand je suis dans l’erreur. Et… je vais mieux maintenant également dans ma tête.

– Je suis si soulagé, il lui prit la main.

– Combien de temps resterez-vous à Londres ?

– Probablement deux ou trois semaines, mais il faudra que je retourne à Rosings pour terminer ma tâche là-bas. Je dois assister à quelques évènements mondains en ville, mais souhaitez-vous revenir habiter avec moi en attendant que je reparte chez Lady Catherine ? s’empressa d’ajouter Darcy en voyant les yeux de sa sœur s’attrister à cette information.

– Oh ! Oui Fitzwilliam, cela me plairait beaucoup, si ça ne vous dérange point.

– Avoir ma sœur avec moi ne me dérangera jamais, Georgie, bien au contraire, dit-il en lui serrant la main affectueusement pour faire poids à ses paroles.

– Et vous mon frère, qu’avez-vous à me raconter ? Vous m’avez écrit que vous aviez rencontré une charmante personne qui devrait me plaire, quand me la présenterez-vous ?

– Ah…, oui… je ne sais pas. Il soupira et sa sœur le remarqua.

– Y a-t-il un problème ?

– Non… non pas du tout. Et si nous allions manger une crème glacée ? c’était une diversion.

– Oh oui, j’en ai envie !

Après ce qu’elle avait traversé, Georgiana avait quelque peu grandi et sentait qu’il y avait des non-dits derrière sa réponse plus que succincte et sa réaction, mais elle n’osa pas insister. Avant de rentrer, ils passèrent donc par le square Berkeley pour aller chez Gunter qui offrait des parfums originaux de crèmes glacées. En sortant du fameux salon de thé ils tombèrent nez à nez avec Charles Bingley qui passait dans la rue.

– Darcy, Miss Darcy, quel plaisir de vous rencontrer ! s’écria Bingley jovialement.

– Bonjour Bingley.

– Bonjour Mr Bingley.

– J’espère que vous vous portez mieux, Miss Darcy ?

– Oui, merci Mr Bingley, répondit la jeune fille en baissant les yeux et en se tordant les mains.

– Je vous croyais dans le Kent, Darcy. Êtes-vous à Londres pour longtemps ?

– J’ai dû me rendre d’urgence à Pemberley, mais je repars bientôt dans le Kent.

– Rien de grave, j’espère, demanda Charles.

– Des inondations, mais tout est sous contrôle.

– Peut-être seriez-vous libre pour venir souper demain soir ? Vous feriez ainsi la connaissance de ma fiancée ainsi que de son oncle et de sa tante, ce sont des gens fort charmants. Et puis cela nous donnerait un peu de temps pour discuter, il y a si longtemps que nous n’en avons eu l’occasion, demanda Charles plein d’attente.

– Demain ? Darcy hésita, mais il ne voulut pas offenser son ami, bon c’est d’accord.

– Parfait, dit Charles joyeusement, alors à demain Darcy.

Ils se saluèrent avant de se séparer. Darcy n’avait vraiment pas envie d’aller à ce souper. Premièrement, être en présence de la famille de Miss Elizabeth ne pourrait que lui faire encore penser à la jeune femme et deuxièmement, subir les coquetteries de Miss Caroline Bingley serait un calvaire. Pourtant, il avait déjà fait défaut à son ami à l’automne dernier en ne venant pas personnellement l’aider et le conseiller dans la gestion de son domaine, il ressentait donc de la culpabilité ; et puis Charles avait été si enthousiaste à l’idée de lui présenter sa fiancée, et tôt ou tard il devrait bien faire sa connaissance. Enfin, son ami lui avait manqué depuis des mois qu’ils ne s’étaient vus. Tout cela l’avait poussé à accepter l’invitation.

O&P

Le soir venu, Darcy se rendit donc chez Bingley. À peine était-il arrivé que Miss Bingley, qui servait d’hôtesse dans la maison de son frère, s’agrippa à son bras, son parfum entêtant et trop capiteux l’incommodait déjà ; rien à voir avec la fragrance si subtile et si délicate de… « Non, il faut que j’arrête d’y penser, je dois vaincre cela ! » se réprimanda-t-il.

Ils s’installèrent dans le salon en attendant l’arrivée de tous les invités. Caroline Bingley s’enquit de la santé de Georgiana à laquelle Darcy répondit qu’elle se portait de mieux en mieux.

– Je suis ravie de l’apprendre, dit Caroline, a-t-elle beaucoup grandi depuis la dernière fois que nous nous sommes vues ? C’est une jeune fille si délicieuse et elle me manque tellement, demanda-t-elle d’une voix doucereuse.

– Elle a dû prendre un ou deux pouces, puis s’adressant à son ami, dites-moi Bingley, tout se passe-t-il bien à Netherfield ? en êtes-vous satisfait ?

– Oui, grâce à vos lettres et dorénavant à mon nouveau régisseur, qui a été bien initié par le vôtre, Darcy, je crois que je pourrais finir par devenir un gentleman farmer acceptable, répondit Charles sur un ton léger et joyeux.

– Bien sûr, Charles devra encore se perfectionner avant d’atteindre votre excellence, Mr Darcy, dit Caroline Bingley toute mielleuse, surtout s’il reste à moisir dans le Hertfordshire, finit-elle sur un ton dédaigneux.

– Cet endroit me plaît pourtant bien, dit Charles.

– Charles, quand allez-vous enfin ouvrir les yeux sur le manque de raffinement de la société locale, si seulement vous n’aviez pas rencontré Miss Bennet ! s’exclama-t-elle dramatiquement en faisant non de la tête ce qui fit osciller la grande plume de son turban ridicule et trop habillé pour une soirée entre amis.

– Allons donc, comme vous y allez, Caroline ! réprimanda son frère.

Darcy était assez surpris de voir Charles parler à sa sœur ainsi, lui qui n’avait jamais osé lui tenir tête et disait amen à tous ses caprices. Serait-ce grâce à son ange ?

– J’espère que vous abandonnerez la location à la fin du bail et que vous acquerrez un domaine dans le Derbyshire, le comté est si magnifique, n’êtes-vous pas d’accord, Mr Darcy ?

Darcy pensa : « Et ainsi vous rapprocher de Pemberley… »

– Mr et Mrs Gardiner, et Miss Bennet, vint annoncer le majordome.

« Ouf ! Merci ! » songea Darcy. « Si Miss Bennet a autant de tempérament que Miss Elizabeth, Charles a du souci à se faire s’il garde sa sœur sous le même toit. J’espère qu’une fois marié il installera cette mégère dans sa propre maison si elle ne trouve point d’époux à la hauteur de ses ambitions ».

Les nouveaux arrivants entrèrent et les présentations furent faites.

Darcy pensa : « Alors voici la sœur de Miss Elizabeth… elles ne se ressemblent pas du tout ! »

Il n’avait pas pu s’empêcher de comparer les deux sœurs Bennet, l’aînée était une pure beauté classique, comme Charles les aimait : des cheveux blonds et bouclés, des yeux bleu porcelaine, sa coiffure donnait à son visage une forme de cœur qui affichait une expression angélique, mais réservée. Miss Elizabeth était tout l’opposé, pourtant c’était elle qu’il préférait, sans aucune hésitation.

Quelques banalités furent échangées. Darcy demanda poliment des nouvelles de Mrs Hurst, la sœur aînée des Bingley, et de son mari ; les Hurst étaient absents car déjà engagés ailleurs, puis le souper fut annoncé. Caroline s’empressa d’accaparer Darcy pour se faire escorter dans la salle à manger et, sans surprise, l’avait placé à côté d’elle. En face de Miss Bingley et à l’autre extrémité de la table se trouvait Charles qui avait Miss Bennet à sa droite et Mrs Gardiner à sa gauche la plaçant à la gauche de Darcy, Mr Gardiner était assis en face de ce dernier. Les convives étaient suffisamment peu nombreux pour permettre à chacun d’interagir avec les autres.

Caroline, comme à son habitude, monopolisait la conversation au maximum pour se mettre en valeur ou pour essayer de charmer Darcy qui restait distant vis-à-vis de tout le monde, excepté Charles. Il parla peu, juste pour répondre avec le minimum de civilité. Il n’était pas très à l’aise pour plusieurs raisons. Tout d’abord il y avait les minauderies et les œillades à peine discrètes de Miss Bingley et son parfum entêtant, ensuite la moitié des personnes présentes lui étaient inconnues et pas de son cercle, enfin ces dites personnes étaient de la famille de Miss Elizabeth, lui faisant constamment penser à elle.

Il chercha les points de ressemblance entre elle, sa sœur et son oncle – il supposa, à partir de ce qu’il avait appris à Rosings, que c’était lui qui était lié par le sang à Miss Elizabeth -, tant physiquement que dans le caractère. Il en trouva peu. Au cours de la conversation, il fut confirmé que Mr Gardiner était bien le frère de la mère des deux sœurs Bennet, c’est-à-dire l’oncle dans le commerce qui habitait dans le quartier de Cheapside. Malgré ses préjugés sur les gens en dessous de son rang, il devait bien admettre que les Gardiner étaient des gens très respectables, bien éduqués, raffinés, et pouvaient parfaitement passer pour appartenir à la gentry londonienne, la prétention en moins. Ils devaient avoir entre trente et trente-cinq ans, étaient bien habillés avec des étoffes de très belle qualité, mais sans ostentation.

Mrs Gardiner finit par lui adresser directement la parole.

– Mr Darcy, je suis ravie de rencontrer un habitant du Derbyshire qui est le conté dans lequel je suis née et j’ai grandi.

– Vraiment, et de quelle localité êtes-vous exactement ? demanda-t-il par pure politesse, car il n’avait pas envie de discuter avec la femme d’un commerçant qui ne devait pas avoir grand-chose de bien intéressant à dire.

– Lambton, juste à côté de Pemberley.

– N’est-ce pas le plus beau domaine que vous ayez jamais vu, Mrs Gardiner ? s’imposa Miss Bingley.

– En effet, du moins le peu que j’en ai aperçu est vraiment magnifique, répondit-elle avec sincérité.

– Et que fait votre père ? demanda Caroline avec un air de supériorité.

– Feu mon père tenait la petite librairie de Lambton.

– Mr Gordon ? demanda Darcy avec étonnement.

– Oui, c’était bien lui.

– Je le connaissais… J’allais parfois visiter sa boutique avec mon père lorsque j’étais enfant. J’étais si désolé quand il nous a quittés. Je me souviens de sa fameuse collection des premières éditions des œuvres de Shakespeare.

– Je l’ai toujours, car je n’ai pu me résoudre à m’en séparer, feu mon père la chérissait tant.

Darcy ne put s’empêcher d’apprécier et même d’admirer cela.

– Vous avez dû connaître mes parents, jadis ?

– Oui, j’ai eu l’opportunité de les rencontrer quelques fois, même vous, Mr Darcy, alors que vous deviez avoir cinq ou six ans.

– Et dans quelles circonstances ? demanda-t-il avec une certaine méfiance.

– Vous étiez avec Lady Anne dans la rue principale et vous étiez très triste, car vous veniez de perdre votre chien, alors que je me promenais avec le mien.

– Alors c’était vous la jeune fille qui m’a donné sa confiserie pour me consoler, alors qu’elle venait juste de l’acheter, déclara-t-il avec surprise.

– Tout à fait, vous vous souvenez de ça ! répondit Mrs Gardiner avec un sourire attendri.

– Le monde est vraiment petit, dit Caroline essayant de s’immiscer une fois de plus dans leur conversation, venir à Londres pour retrouver la fille du libraire d’un petit village perdu dans le fin fond de la province, c’est complètement inattendu, finit-elle sur un ton mièvre qui n’arrivait pas à cacher son dédain.

– Il y a bien longtemps que je n’ai pas eu l’occasion de retourner dans le nord du pays, je crois savoir que vous y étiez récemment Miss Bingley, il paraît que la région s’industrialise de plus en plus, qu’en pensez-vous ?

C’était une façon, très subtile de faire allusion aux origines similaires de Caroline, dont la famille vivait à Scarborough dans le Nord. Darcy reconnut dans cette femme la même verve subtile d’Elizabeth et vit, avec un certain malin plaisir, se décomposer la sœur de Charles, mais elle se reprit très vite.

– Ah ! … Eh bien, je ne m’occupe pas de ces choses-là, voyez-vous, je laisse ce genre de discussions aux hommes avisés comme Mr Darcy, elle se tourna vers lui avec un sourire flatteur.

– Je pense qu’il s’agit d’un atout pour la région, j’y ai d’ailleurs investi moi-même dans des manufactures de filatures, répondit Darcy que le sujet intéressait.

– Tout comme mon époux, qui voit là de belles affaires à réaliser. Grâce aux dernières innovations, la production de coton progresse de manière spectaculaire et la demande parmi ses clients également, dit Mrs Gardiner avec un sourire adressé à son mari qui était en train de discuter avec Bingley.

– J’ai eu l’occasion de visiter l’une des manufactures de Sir Richard Arkwright à Cromford (7), il n’y a presque plus de main d’œuvre et pourtant la production de coton a augmenté, c’est impressionnant de voir toutes ces machines fonctionner presque toutes seules.

Darcy se surprit lui-même d’avoir finalement trouvé de l’intérêt dans sa discussion avec Mrs Gardiner qui montrait davantage de bonnes manières que leur hôtesse. Dire que dans d’autres circonstances que ce dîner, il n’aurait même pas jugé bon de s’intéresser aux Gardiner, ni de leur adresser la parole. C’était d’ailleurs Mrs Gardiner qui avait engagé la conversation ce qui l’avait ennuyé dans un premier temps.

Lors de la séparation des genres, les hommes parlèrent de la situation en France qui préoccupait vraiment le monde. Puis Mr Gardiner, en apprenant que Mr Darcy était lié avec les Fitzwilliam, parla de politique, plus exactement des dernières propositions des Whig au parlement. Darcy fut favorablement impressionné des commentaires avisés de l’homme. Décidément, les Gardiner étaient pleins de surprises.

Quant aux dames, elles discutaient des boutiques à visiter pour constituer le trousseau de Jane, chacune ayant des idées bien précises. Bien qu’étant actuellement clouée au lit depuis deux jours pour cause de rhume de cerveau, Mrs Bennet avait aussi indiqué celles qui lui semblaient les plus en vue. Jane, qui souhaitait faire plaisir à tout le monde, choisit de visiter l’une des adresses suggérées par chacune des femmes.

En assistant à la fin de leur discussion, Darcy pensa que Jane Bennet était vraiment très belle et charmante, mais trop réservée à son goût et trop souriante, il lui semblait aussi qu’elle n’avait pas d’avis propre. Non, décidément elle ne ressemblait pas à Miss Elizabeth, plus fougueuse et impertinente, mais toutes deux avaient les mêmes bonnes manières que les Gardiner. Il essaya aussi d’imaginer les parents des sœurs Bennet et se dit que si Mrs Bennet était comme son frère, elle devait être une femme agréable et sensée. Il en conclut donc que les Bennet devaient tous être des gens bien éduqués et raffinés, même si les plus jeunes des filles étaient sorties trop tôt en société. Mais il était vrai qu’en province, les habitudes étaient un peu moins étriquées qu’en ville.

Darcy vint s’asseoir à côté de Charles et Miss Bennet. La discussion se porta naturellement sur Elizabeth.

– Ainsi, Darcy, Miss Bennet m’a dit que vous aviez fait la connaissance de sa sœur Elizabeth ? demanda Charles.

– Oui en effet, à Rosings Park ainsi que celle de Mr Collins, votre cousin Miss Bennet, et de son épouse.

– Mrs Collins est la meilleure amie de ma sœur et elle lui manquait beaucoup, j’espère qu’ils se portaient tous bien quand vous les avez quittés, Mr Darcy ? demanda Jane d’une voix douce.

– Parfaitement bien, oui, répondit Darcy laconiquement.

– C’est tellement dommage que Miss Eliza ne soit pas avec nous en ce moment, dit Caroline hypocritement, lorsque ma sœur s’est mariée, j’ai fait toutes les boutiques et tous les préparatifs avec elle après tout, cela n’est-il pas le rôle d’une sœur ? demanda-t-elle avec perfidie, mettant Jane mal à l’aise.

– Ma sœur avait déjà répondu à l’invitation de Mr et Mrs Collins avant l’annonce de nos fiançailles, mais elle nous rejoindra à la mi-mai, répondit Jane aimablement.

– De toute façon ma chère, je suis là pour vous conseiller. Avec toutes les soirées auxquelles j’assiste en ville et dans les meilleures maisons, mon goût est bien plus sûr et au fait des dernières nouveautés. Je vous garantis que vous serez la plus belle mariée qu’on n’ait jamais vue à Meryton, affirma-t-elle avec maniérisme et suffisance.

– Caroline, voudriez-vous avoir la bonté de jouer pour nous ? demanda Charles pour éloigner sa sœur.

– Avec plaisir Charles, répondit-elle, trop heureuse de faire étalage de tous ses accomplissements.

La discussion s’assainit entre les cinq convives restants qui parlèrent de théâtre et de musique, puis la soirée toucha à sa fin après une partie de cartes.

Chapitre 10

La prochaine fois nous verrons Darcy chercher une épouse dans les soirées londoniennes, trouvera-t-il son bonheur ?


Notes :

(3) The Royal Society et The Society of Antiquaries siegèrent dans l’aile nord de Somerset House entre 1780 et 1857, un bâtiment qui a été conçu par William Chambers, l’un des membres fondateurs et premier trésorier de The Royal Academy qui y siégeait aussi. Aujourd’hui The Royal Society est située à Carlton House Terrace.

Source : https://www.somersethouse.org.uk/history

(4) The Strand (en français : la rive) est une importante rue de Londres.

(5) Sir David Brewster (1781 – 1868) était un physicien écossais, mathématicien, astronome, inventeur, écrivain, historien des sciences et directeur d’université. La plus notable de ses contributions était dans le domaine de l’optique et fut l’inventeur du kaleidoscope

Source : wikipédia

(6) Heinrich Wilhelm Matthias Olbers (1758 – 1840) était un astronome, médecin et physicien allemand. Il découvrit deux astéroïdes, 2 Pallas en 1802 et 4 Vesta en 1807, et une comète nommée 13P/Olbers le 6 mars 1815 observable jusque mi-juillet.

Source : wikipédia

(7) En 1777, Richard Arkwright loua Haarlem Mill à Wirksworth, dans le Derbyshire, où il installa la première machine à vapeur utilisée dans une filature de coton, même s’il s’agissait de remplir l’étang qui actionnait la roue à aubes plutôt que d’entraîner directement la machinerie !

Source : wikipédia

.

Rappel : Un pouce (inche en anglais) = 2,54 centimètres

Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

error: Content is protected !!