Chapitre 11: discussions (partie 1)

La plupart des personnages de cette fiction appartiennent à sa talentueuse auteure : Jane Austen. Cette histoire et les personnages inventés sont cependant ma propriété et selon les droits d’auteur, je n’en autorise aucune reproduction et/ou utilisation, qu’elle soit totale ou partielle.

O&P

Un grand merci à Lenniee pour la relecture de ce chapitre et sa contribution à son amélioration.


Luciole: merci pour le commentaire enthousiaste, ça fait bien plaisir. Il est vrai qu’écrire dans le style de l’époque n’est pas facile car pas naturel et il faut faire attention de ne pas employer de mots qui n’existaient pas alors. Je fais de mon mieux même si lorsque je relis après coup je trouve que certains passages sonnent encore trop modernes, on est toujours perfectibles après tout.

Miss Elizabeth: est-ce que Darcy retrouve Lizzie fiancée au colonel ? Réponse dans ce chapitre 😉

Guest n°5: non, Darcy ne séparera pas Jane et Bingley quand il verra Mrs Bennet, ils seront sur le point de se marier et le scandale serait trop néfaste surtout pour Bingley, mais ça ne sera pas sa seule raison. À l’époque, et selon l’étiquette, seule la fiancée pouvait rompre les fiançailles qui étaient scellées par la signature d’un contrat (settlement), si le fiancé le faisait, il était considéré comme un homme sans honneur et pouvait même être poursuivi en justice pour rupture de promesse (breach of promise). On ne plaisantait pas avec ça.

ga1234, JB et tous les autres guests: merci pour vos commentaires.

La sonate de l’amour

.

« We are all fools in love »

(Nous sommes tous des idiots en amour)

– Jane Austen –

Chapitre 11 – 1ère partie : discussions

– Alors Miss Bennet, qu’avez-vous fait de la rose? demanda le colonel quelques jours après la lui avoir donnée.

– Vous n’espérez tout de même pas que je vous confie tous mes secrets, colonel ? répondit Lizzie avec un air mystérieux, elle ne pouvait pas lui avouer qu’elle l’avait conservée bien précieusement.

– Et pourquoi pas, ne suis-je pas au service de Sa Majesté ? dit-il avec un sourire coquin.

– Mais je ne fais pas partie d’une intelligence au service des Français, donc vous ne pouvez pas m’interroger, répondit-elle sur un ton enjoué.

– Ah, vous êtes décidément trop finaude pour moi. Je rends les armes, dit-il avec humour.

– Je ne pensais pas que nous étions en guerre, dit-elle sur le même ton.

L’esprit de Miss Bennet était vraiment très vif, jamais le colonel ne s’était trouvé contré aussi facilement par une demoiselle de cette manière, c’en était presque intimidant. Il comprenait que Darcy eût été attiré par cette femme, son cousin avait un esprit aussi aiguisé qu’elle et il devait voir son égal en la belle dame, mais il était trop coincé dans ses principes pour vouloir s’approprier ce joyau. Alors tant pis pour lui !

Le colonel aperçut au loin le régisseur de sa tante qui traversait le parc – heureusement, il ne regardait pas vers eux – et ne voulut pas compromettre la réputation d’Elizabeth.

– Je pense qu’il serait plus sage de nous séparer, Miss Bennet, lui murmura-t-il en montrant Mr Blake d’un geste de la tête.

– Oui, vous avez raison, alors bonne journée colonel Fitzwilliam, dit Elizabeth en faisant une petite révérence et en partant en direction du presbytère.

– Mes hommages, madame.

O&P

Darcy avait envoyé un mot à sa tante qu’il rentrerait aujourd’hui. Il partit dès l’aube et arriva dans la matinée. Il demanda immédiatement au majordome où le colonel se trouvait, et il apprit qu’il n’était pas encore rentré de sa balade matinale. Il monta dans sa chambre pour se rafraîchir et se changer avant de rejoindre sa tante qui l’avait convoqué dans son boudoir. Après les salutations de rigueur, Darcy remit une lettre de la part du comte de Matlock à Lady Catherine et prit un siège en face d’elle qui l’attaqua aussitôt.

– Vous avez mis du temps à revenir Darcy, mais je suis heureuse de vous revoir enfin ! Est-ce que tout est résolu à Pemberley ?

– C’est en bonne voie.

– Bien, tant mieux. Fitzwilliam n’est pas aussi diligent que vous. Il est si souvent absent, surtout le matin, que je me demande bien ce qu’il trame, déclama Lady Catherine mécontente.

Absent ? surtout le matin ? Cela ne pouvait signifier qu’une seule chose: des rencontres avec Miss Elizabeth ! Voilà qui était bien ennuyeux maintenant qu’il s’était presque décidé à lui demander sa main. Il devrait rapidement en discuter avec Richard. Où en était-il avec elle ? Quel jour précis devait-elle partir ? Combien de temps lui restait-il pour agir ?

– De plus, continua-t-elle, lors du dernier repas où Miss Bennet est venue avec les Collins, j’ai constaté qu’il lui avait accordé beaucoup trop d’attention. J’avais déjà pu observer qu’ils s’entendaient comme larrons en foire tantôt et qu’il avait tendance à lui apporter son soutien face à mes, pourtant très judicieuses, remarques. Au début, j’ai pensé que c’était par pure galanterie, mais ceci a assez duré. Je lui ai fait des remontrances, mais il m’a répondu avec l’une de ses habituelles esquives. Vous devez absolument lui parler, Darcy, et lui rappeler ses devoirs envers sa famille. Il doit faire très attention, ou il pourrait bien se retrouver compromis en un battement de cils, et j’en serais extrêmement désappointée. Même s’il n’est que le cadet, il ne peut tout de même pas considérer se lier avec cette famille qui est quasiment dans le ruisseau ! Imaginez donc, si par malheur Milton venait à disparaître, elle deviendrait alors la prochaine comtesse de Matlock, ce serait intolérable !

– Ma tante, le vicomte est en excellente santé, dit Darcy en cachant sa propre contrariété.

– Un accident peut toujours se produire et tant qu’il n’aura pas engendrer au moins un héritier, il vaut mieux être prévoyant. Quoi qu’il en soit, elle n’apporterait rien de bon à notre famille, même à un cadet.

– Vous exagérez, Lady Catherine, Miss Bennet est une jeune femme intelligente et…

– Sottise ! le coupa-t-elle, une femme n’a pas besoin d’être intelligente pour faire une bonne épouse, c’est même tout le contraire. En parlant de mariage, vous n’avez toujours pas fait votre demande à Anne. Vous approchez les trente ans, il est grand temps d’accomplir votre devoir, vous ne devez donc pas repartir sans y avoir remédié, Darcy. J’insiste.

– Je devais justement vous entretenir à ce sujet, ma tante, pour vous informer que je n’ai nullement l’intention de demander Anne en mariage, ni maintenant, ni jamais, dit-il fermement.

La dame se redressa davantage sur son siège. Elle écarquilla ses yeux, sidérée par ce qu’elle venait d’entendre, puis après quelques secondes de silence, elle inspira profondément avant de laisser éclater son indignation.

– PARDON ?! Quelles sont ces fadaises que vous me contez-là neveu, vous n’êtes pas sérieux ?! s’exclama-t-elle d’une voix tonitruante.

– Je suis tout ce qu’il y a de plus sérieux, ma tante, répondit-il calmement, mais avec détermination.

– Et que faites-vous du souhait de votre défunte mère ?

– Je n’ai aucun souvenir d’avoir jamais entendu de sa bouche une telle volonté de sa part.

– Balivernes ! Sornettes ! Billevesées ! elle était hors d’elle. Vous étiez trop jeune pour vous en souvenir. En outre, je suis votre plus proche parente et vous me devez obéissance ! s’indigna-t-elle.

– Je vous rappelle que le chef de la famille Fitzwilliam est votre frère, le comte de Matlock, et je sais qu’il n’est pas particulièrement favorable à cette union. Et quand bien même, je suis mon propre maître.

– Et que faites-vous des sentiments d’Anne ? Ma fille sera dévastée, elle changea de tactique en essayant de jouer sur sa culpabilité et l’apitoiement.

– Anne ne désire pas plus que moi cette union.

– Et qu’en savez-vous ? demanda-t-elle perplexe.

– Je le lui ai demandé.

– Peu importe ! Anne est une fille obéissante qui fera son devoir envers sa famille.

– En tout cas, ce ne sera pas avec moi et c’est définitif, Darcy restait posé même s’il bouillait intérieurement.

– Grand Dieu ! Vous avez une autre candidate en vue que vous venez de rencontrer lors de votre séjour à Londres, c’est cela ? pensa-t-elle tout à coup.

– Cela n’a rien à voir, candidate ou pas, je n’ai jamais voulu, et ne voudrai jamais épouser ma cousine.

– Allez-vous faire votre demande à quelqu’un d’autre ? Et si oui, à qui ? J’exige une réponse, Darcy ! interrogea-t-elle impérieuse.

– Je n’ai pas à vous répondre, mais quand je serai engagé vous en serez avisée et vous recevrez une invitation à mon mariage, il finit par se lever tout en pensant : « Comme si j’allais vous le dire avant la principale intéressée ! »

– Votre comportement est intolérable ! jamais de ma vie, on ne m’avait montré si peu de respect ! elle frappa sa canne sur le sol avec colère, comme un monarque courroucé le ferait avec son sceptre.

– Ce n’est pas vous manquer de respect que d’avoir ma propre volonté, Lady Catherine, je ne suis plus un petit garçon, dit-il inflexible en regardant sa tante du haut de de son avantageuse position.

– Je…je…je suis outrée, déclara-t-elle à bout d’argument.

– Je vous souhaite une bonne journée, madame, dit Darcy en s’inclinant, puis il sortit. Il ne voyait pas d’intérêt à poursuivre la discussion, vu qu’ils ne tomberaient jamais d’accord.

– Je ne vous ai pas permis de vous retirer, Darcy, revenez immédiatement ! Elle rugit en frappant encore sa canne, mais il était déjà parti. Mais quel diable possède donc tous les hommes de cette famille ! cria-t-elle impuissante.

Après une telle confrontation, Darcy se sentit vidé, mais soulagé. Il avait besoin de retrouver ses esprits et son énergie, car une autre discussion pénible l’attendait et s’imposait avec Richard, et dans les plus brefs délais. Apparemment, il n’avait pas fait sa demande, en tout cas sa tante n’était point au courant. Il croisa justement son cousin qui rentrait de sa sortie. Après s’être salués et avoir échangé les courtoisies habituelles, Darcy demanda une entrevue à son cousin pour parler d’un sujet sérieux, mais plus tard et dans le parc. Le colonel ne lui avait pas annoncé ses fiançailles, il fut donc quelque peu rassuré.

Darcy se languissait d’une certaine brunette. Il mourait d’envie de revoir Miss Elizabeth et ses magnifiques yeux dansant d’intelligence et d’impertinence. Il voulait également partager avec elle la nouvelle de la présence dans le ciel d’une comète, sûrement le signe d’un bon présage; ce n’était pas qu’il fût superstitieux, mais c’était agréable de le penser. Il avait apporté de quoi lui faire une belle surprise qu’il avait hâte de lui montrer, alors avant de se remettre à la tâche de la gestion de Rosings, il s’éclipsa pour aller lui rendre ses hommages au presbytère, il n’espérait pas la rencontrer en chemin, car il était bien plus tard que l’heure habituelle à laquelle elle effectuait sa promenade. Peu importait. Miss Jane Bennet et Mrs Gardiner lui avaient fourni le meilleur prétexte qui fût de la revoir aussitôt après son retour, car il avait une lettre de leur part à lui remettre. Quand il arriva, elle était en train de lire en compagnie de Mrs Collins.

– Mes hommages mesdames.

– Bonjour Mr Darcy, répondirent les deux jeunes femmes et Charlotte ajouta : je vous en prie asseyez-vous.

– Merci, madame. Il prit place en face d’Elizabeth pour pouvoir se délecter de sa vue.

– Est-ce que tout va bien dans votre domaine, Mr Darcy ? J’espère que personne n’a été blessé ! s’enquit Lizzie avec sincérité.

– Non, rassurez-vous Miss Bennet, tout le monde va bien, merci. Il y a juste des dégâts matériels et rien d’irréparable. Et vous, j’espère que vous vous portez tous bien ici ? demanda-t-il en regardant son hôtesse afin de ne pas paraître trop évident au sujet de qui il était venu voir.

– Oui très bien, merci, répondit Charlotte. Prendrez-vous une tasse de thé, Mr Darcy?

– Avec plaisir, oui, je vous remercie.

Charlotte se leva et prétexta aller voir sa servante pour s’occuper des collations, mais elle laissa la porte ouverte par souci des convenances. Darcy ne perdit pas de temps et il s’adressa à Elizabeth en se penchant instinctivement vers elle pour être plus proche.

– Lors de mon retour, je suis passé par Londres, j’ai été invité chez Bingley où j’ai eu l’honneur de faire la connaissance de votre sœur aînée Miss Bennet, ainsi que de Mr et Mrs Gardiner, reprit le jeune homme.

– Ils me manquent tellement, se portaient-ils bien ? demanda Lizzie avec animation.

– Ils étaient tous en excellente santé d’ailleurs j’ai une lettre pour vous de la part de votre sœur et une autre de votre tante, dit-il en cherchant lesdites lettres dans sa poche.

– Oh, comme c’est aimable de votre part Mr Darcy ! je vous remercie, dit Lizzie en prenant les missives qu’on lui tendait et qu’elle plaça dans sa poche, le sourire aux lèvres en pensant au plaisir de les lire aussitôt que leur visiteur serait parti.

– J’y ai aussi appris une nouvelle qui devrait vous intéresser particulièrement, Miss Bennet. Elizabeth le regarda un peu interloquée. De quoi s’agissait-il ? Avez-vous observé le ciel à la nuit tombée ces derniers temps ? demanda Darcy, l’air mystérieux.

– Non, pas récemment. Pourquoi donc, Mr Darcy ? a-t-on découvert une nouvelle planète ? demanda-t-elle en plaisantant à moitié.

– Pas exactement, juste une comète, annonça-t-il sobrement.

– Une comète ? demanda Lizzie avec une lueur dans les yeux.

– Tout à fait, Miss Bennet. En me rendant à la Royal Society, j’ai rencontré un ami qui m’a indiqué qu’un Allemand, Herr Olbers, avait découvert une nouvelle comète début mars et elle est maintenant visible à l’œil nu.

– Oh, mais c’est formidable ! s’exclama la jeune femme tout excitée.

– De plus, j’ai rapporté ma lunette astronomique, ainsi, s’il n’y a pas de nuages, nous pourrons l’observer dès ce soir. Malheureusement, mon instrument n’est pas assez puissant pour pouvoir admirer les anneaux de Saturne, mais il y a beaucoup d’autres choses à observer.

– J’en serai ravie, Mr Darcy, répondit Lizzie avec enthousiasme. Elle était surprise et même quelque part touchée que cet homme se fût souvenu de son souhait et qu’il avait même fait l’effort d’apporter son instrument, sans compter qu’il avait parlé beaucoup plus que d’habitude, et de sa propre initiative.

Quant à Darcy, il était déjà dans les étoiles : celles qui s’allumaient dans les yeux de sa nymphe des bois. Elle était si belle à cet instant, si authentique, si simple dans sa manière d’être sans aucune prétention et dépourvue d’artifices, en même temps elle était si complexe dans sa personnalité. Il se sentait animé et même heureux en sa présence comme jamais il ne l’avait été. Il se sentait vivant. Il savait maintenant que cela allait bien au-delà d’une simple attirance physique. Elle avait su toucher son cœur et percer son âme. Jamais il ne pourrait s’ennuyer en la compagnie d’une telle femme et cela le confortait dans sa décision et dans son choix. Aucune autre femme ne pourrait le combler autant qu’elle, elle était vraiment exceptionnelle. Unique. Maintenant il savait pourquoi il avait attendu si longtemps pour se marier en déjouant tous les complots fomentés pour le compromettre, ainsi que les incitations de la part de sa famille pour le pousser à s’engager : c’était pour qu’il trouvât Miss Elizabeth Bennet. Elle valait tous les titres et toutes les fortunes du royaume, elle était un joyau à elle seule.

Cette soirée astronomique marquerait sa vie à jamais, il le sentait. Quand Mrs Collins revint, ils convinrent donc de se retrouver avec tous ceux qui désireraient partager cet évènement dans les jardins, après le souper à Rosings Park où ils étaient tous conviés.

Chapitre 11 suite

Cette soirée astronomique marquerait-elle à jamais la vie de Darcy comme il le pense ?

Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

error: Content is protected !!