Chapitre 7 : une mystérieuse lettre 2/3
Avertissement : L’histoire de Candy Candy et de tous ses personnages appartiennent à Kyoko Mizuki, les images à Yumiko Igarashi et le dessin animé à TOEI Animation.
L’histoire écrite ci-après est une fiction à but non lucratif.
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Candy ressentit de la nostalgie en lisant le carton d’invitation mais aussi un soulagement de voir que Terry continuait sa carrière avec succès car elle avait pu voir dans les journaux les meilleurs critiques à son égard. Elle ne voulait plus lire les articles le concernant mais cela avait été plus fort qu’elle. Elle resta pensive quelques instants puis se mit à lire la lettre. La mère de Terry l’invitait à venir le voir sur scène, elle l’informait également qu’elle se lançait dans une carrière cinématographique (5). Candy fût alors assaillie de sentiments mitigés. D’un côté elle aurait bien voulu voir jouer Terry sur scène, vu qu’elle n’avait jamais pu assister à l’une de ses représentations dans des conditions normales. La première fois pour « Le Roi Lear » à Chicago, elle s’était faufilée dans le poulailler (6) car la Grande Tante Elroy lui avait refusé l’accès à la loge des Ardlay lors d’une représentation de bienfaisance et la deuxième pour « Roméo et Juliette » à New-York où elle n’avait assisté qu’au premier acte ; à l’entracte, entendant les rumeurs concernant l’accident de Suzanna, elle avait quitté précipitamment le théâtre pour se rendre à l’hôpital. D’un autre côté, elle ne le souhaitait pas car elle savait qu’elle ne pourrait pas s’empêcher d’aller le voir, lui parler or il n’était pas souhaitable de rouvrir d’anciennes plaies que ce soit aussi pour lui et Suzanna. De son côté elle avait tourné la page, elle s’en rendait compte encore à cet instant même car son esprit était tourné vers ce que penserait Albert de tout cela. De plus, elle ne savait pas si pour Terry c’était la même chose et elle ne voulait pas risquer de le perturber non plus. Quelle était l’intention d’Eleanor Baker au fond ? Voulait-elle encore la réunir avec Terry, s’il était malheureux avec Suzanna ? Ou bien tout simplement voulait-elle lui faire profiter du succès de son fils ? Cela, la lettre ne le disait pas ! Elle lui a révélé que Terry l’avait vue et entendue dans ce théâtre ambulant croyant qu’elle était une hallucination mais que cela avait été comme une révélation, comme un miracle pour lui ; à ce moment-là, il a décidé de reprendre sa vie en main et de retourner à New-York pour continuer sa vraie carrière et s’occuper de Suzanna. Elle repensait à son entrevue avec Mademoiselle Baker lorsqu’elle l’avait rencontrée fortuitement à Rockstown.
Après quelques minutes de réflexion, Candy prit la décision de ne pas y assister. Ce qui fit pencher la balance en ce sens était aussi les sentiments d’Albert. Que penserait-il si elle allait revoir Terry ? Elle sentait bien que les sentiments d’Albert à son égard étaient plus que de l’amitié ; elle repensait à son comportement lors de leur dernière balade il y a deux semaines, à ses regards, ses mots… Tout indiquait qu’il la courtisait et elle ne souhaitait pas le blesser, elle ne voulait surtout pas qu’il pense qu’elle se précipite vers Terry ! Terry était son passé, Albert serait son présent et son avenir !
Elle replia la lettre et la remit dans son enveloppe parfumée. C’est à ce moment-là qu’Albert revint. Il a tout de suite vu la lettre et le carton d’invitation avec le mot « Hamlet » écrit en gros caractères dorés que Candy tenait encore dans ses mains. Il sentit son cœur comme broyé dans une tenaille et sa bouche se dessécher. Il sentait son sang geler dans ses veines. Les fantômes du passé refaisaient surface et une douleur comme un coup de poignard lui transperça le cœur et l’âme pensant que tous ses espoirs étaient réduits en cendres. Il s’approcha plus près de Candy cherchant son regard et il vit d’abord de la détermination dans son expression puis elle lui fit un grand sourire alors que ses prunelles vertes brillaient. « Elle est heureuse de revoir Terry ! Pourtant à Rockstown elle n’avait pas voulu le voir! » Pensait-il. Il se sentait encore plus mal.
Candy sentit sa détresse, elle le lut dans son regard qui s’assombrissait, lui donnant une teinte cobalt. Alors elle fit un geste qui surprit Albert, elle se leva et lui fit une caresse timide sur sa joue gauche en disant fermement :
– « C’est un carton d’invitation pour aller voir Terry jouer Hamlet mais je n’irai pas ! »
Son ton décidé interloqua Albert qui ne s’attendait pas à ces paroles. Il connaissait très bien ce ton, le ton qu’elle prenait lorsqu’elle avait pris une décision et que personne ne pourrait l’en dissuader. Il ne savait plus quoi penser et dit simplement :
– « Pourquoi ? »
– « Comme je te l’ai déjà dit, Terry fait partie de mon passé et je ne veux plus ressasser tout ça ! »
– « Es-tu sûre de ne pas le regretter ? De ne pas vouloir y réfléchir ? Tu parles de renoncer à voir Terry quand même !»
– « Oui et non pour répondre dans l’ordre à tes deux questions ! » Elle ajouta en lui souriant et en le regardant, essayant de lui transmettre tout son amour. Elle continua :
– « Tu sais Albert, cette époque où… nous vivions… tous les deux… me manque terriblement ! »
Candy rougissait légèrement, elle voulait faire comprendre à Albert que ses sentiments envers lui étaient vraiment très forts. Albert sentit que sa remarque n’était pas anodine et vit son trouble, son humeur remonta un peu ; finalement elle n’avait pas l’air d’être perturbée par la lettre ni le journal intime. Il saisit la balle au bond pour approfondir, il la regarda avec intensité.
– « Tu sais Candy, ce furent les plus beaux jours de ma vie ! »
– « Moi aussi et pourtant nous n’avions pas grand-chose ! »
– « Il y a un proverbe qui dit : Chaumière où l’on rit vaut mieux que palais où l’on pleure !»
– « C’est tellement vrai ! »
Juste à cet instant, c’est Georges qui fit encore son entrée !
– « Hum ! Hum !… Monsieur William… je suis vraiment désolé mais si vous voulez attraper votre train pour Chicago, il est grand temps de partir! »
Les exigences de la vie de William reprenaient leur droit ! Juste avant de se quitter Candy demanda :
– « Au fait, as-tu des nouvelles du Dr Martin ? Je lui ai écrit il y a deux semaines au sujet du projet de la nouvelle clinique. »
– « Non pas encore ! A mon avis, il doit réfléchir !»
– « Du moment que ça n’est pas avec une bouteille de whisky ! »
– « Ah ! Ah ! Ah ! Surtout que tu n’es plus là pour le lui diluer ! » Ils se mirent à rire tous les deux aux bons souvenirs de cette époque.
– « On se revoit très bientôt, Candy ! »
– « J’ai hâte petit Bert » dit-elle à voix basse.
Albert regardait Candy s’en aller, il avait été rassuré de sa réaction à chaud mais n’aurait-elle pas une seconde pensée en ayant son journal intime entre les mains ? Elle aurait tout le loisir de le relire et de se replonger dans ses sentiments pour Terry avec en plus cette invitation à aller le voir sur scène. Il connaissait son tempérament, une fois une décision prise d’habitude elle s’y tenait mais là n’allait-elle pas changer d’avis ? « Candy tu es à un carrefour, quel chemin vas-tu choisir, Terry ou moi ? » Albert savait que les prochains jours allaient être déterminants mais difficiles à vivre pour lui.
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Maison de Pony, vendedi 23 novembre 1918
Candy était sur son lit dans la chambre d’invité de l’orphelinat, elle saisit le badge du Prince de la colline aux armoiries des Ardlay, qu’elle portait comme amulette autour de son cou avec la croix que Mademoiselle Pony lui avait donnée avant qu’elle ne parte chez les Leagan pour tenir compagnie à Eliza. Une période difficile de sa vie où elle fût maltraitée, calomniée, ils avaient même essayé de l’envoyer au Mexique comme servante ! Elle n’avait que six ans lorsqu’elle avait rencontré son Prince alors qu’elle pleurait le départ d’Annie dans sa famille d’adoption, les Brighton. « Ah mon cher Prince de la colline, finalement je ne t’ai jamais revu et je n’aurais jamais su qui tu étais ! » Candy soupirait à ce tendre souvenir, son premier amour. Ce beau jeune homme en kilt et jouant de la cornemuse qui avait réussi à la faire rire dans un moment si triste. « Il te ressemblait tellement Anthony ! » Elle venait d’ouvrir sa boite aux souvenirs, toute simple en métal, il y avait une photo d’Anthony qu’Alistair et Archibald lui avait donnée alors qu’ils étaient à Londres. Alistair… Stear ! Elle vit la boite à bonheur qu’il lui avait fabriquée juste avant de partir à la guerre. Il la lui avait donnée sur le quai de la gare juste avant son départ pour New-York voir… Terry ! Songea-t-elle en apercevant les articles de journaux sur l’acteur ainsi que ses lettres et notamment la dernière qu’elle avait reçue en mai 1917…
Flash-back (7)
Compagnie Stratford, New-York, lundi 7 mai 1917
Une fois de plus Terry s’était attardé après sa représentation, il n’avait pas envie de rentrer et voir Suzanna et ses beaux yeux tristes se poser sur lui, quémandant son amour, suppliant pour un baiser. Il appréciait sincèrement la belle jeune femme qui avait sacrifié sa jambe en le sauvant de la chute d’un projecteur, il y a maintenant un an et demi. Elle s’était sacrifiée par amour pour lui, c’est à ce moment-là qu’il a réalisé la profondeur de ses sentiments envers lui ; jusqu’alors il avait pensé qu’elle avait un simple béguin qui lui passerait. En même temps, il était quand même un peu flatté qu’une si jolie actrice s’intéressait à lui. Pourtant Terry était loin d’imaginer qu’un drame allait bientôt bouleverser la vie de trois personnes : Suzanna, Candy et la sienne. Ainsi par devoir, il avait choisi de rester auprès de Suzanna, laissant Candy partir… Il y avait maintenant un an et demi mais il n’arrivait plus à gérer la situation. Il avait de la reconnaissance, de la tendresse et de la compassion pour Suzanna mais son cœur appartenait encore à Candy, il n’avait jamais pu répondre aux sentiments de la jeune actrice qui était toujours dans l’expectative de son amour. De plus, les critiques de la pièce étaient actuellement mauvaises. En effet, ces temps-ci, Terry était distrait et ne s’investissait pas à fond dans son rôle de Roméo. Il n’arrêtait pas de penser à elle, à Candy !
« Candy, il y a deux ans je te volais notre seul et unique baiser. Je sens encore le goût de tes lèvres sur les miennes… Nous avions dansé le jour du festival de mai et tu t’étais déguisée en Juliette,… ma Juliette et je me suis pris pour ton Roméo alors. Ensuite tu m’as giflé et je t’ai rendu la pareille. Je n’ai pas cessé de regretter d’avoir porté la main sur toi mais tu connais mon impulsivité ! Aujourd’hui c’est ton anniversaire et je ne suis pas là… une fois de plus ! Je ne pourrai plus jamais être là ! Pourquoi t’ai-je laissée partir cette terrible nuit ? J’ai la sensation de t’avoir trahie pour le devoir… finalement je ne vaux pas mieux que mon père qui a choisi le devoir lui aussi plutôt que ma mère, la femme qu’il aimait vraiment ! Pourtant tu es la seule à avoir détruit les murs que je m’étais construits pour ne plus souffrir du manque d’amour. Tu es celle qui m’a réconcilié avec ma mère. Toi seule a réussi à me comprendre derrière mon masque d’arrogance, même Suzanna qui pourtant m’adore ne me connait pas comme tu me connaissais, comme tu me comprenais ! Peut-être aurais-je dû t’emmener avec moi quand je suis parti de Londres puisqu’en fin de compte tu as fini par revenir en Amérique. Je n’ai pas su t’aimer comme tu le méritais ! Oh Mademoiselle Tarzan taches de son… Où es-tu ?… Que fais-tu ?… Que deviens-tu ?… Penses-tu toujours à nous, à moi ? … Est-ce que tu as tenu ta promesse, es-tu heureuse ? … Vis-tu toujours avec Albert ? Tant de questions sans réponses… cela me rend complétement dingue ! Je ne peux plus continuer comme ça ! Je me sens complétement piégé, je tombe dans un gouffre sans fond. J’ai tant de regrets. J’ai déjà voulu t’écrire un an après notre rupture mais j’y ai renoncé pour Suzanna une fois encore mais aujourd’hui je n’en peux plus, je craque, il faut que je le fasse ! Ce sera ma bouteille lancée à la mer…
Chère Candy, (8)
Comment vas-tu ?
… il y a eu un an. J’avais décidé d’entrer en contact avec toi après un an, mais la moitié d’une année s’est encore écoulée alors que j’hésitais.
Je fais le grand saut et je poste ce mot.
Je n’ai pas changé du tout.
Je ne sais pas si cette lettre te parviendra. Mais je voulais te le faire savoir par n’importe quel moyen.
T.G.
Fin du flash-back
I Don’t Know You Anymore-Savage Garden (lyrics)
Remerciements pour tous vos commentaires Ms Puddle, Antlay, Alexia, ainsi que tous les lecteurs même silencieux !
Notes :
(5) Le cinéma : en 1895, les frères Auguste et Louis Lumière déposent le brevet du Cinématographe en mars et organisent la première représentation publique et payante dans le salon indien du Grand Café à Paris. Au programme, « La sortie des usines Lumière », « Le déjeuner de bébé » et « L’arrivée d’un train à La Ciotat ». D’après « Histoire des arts et du cinéma »
(6) Le poulailler : dans un théâtre, (aussi appelé paradis) est le dernier étage d’une salle de théâtre, au-dessus des loges et des balcons. Cette partie du théâtre est la moins chère du fait de l’éloignement de la scène. Le nom de paradis viendrait de sa proximité avec les plafonds peints comportant souvent des composions mythologiques décrivant le séjour des dieux.
(7) Scène complétement inventée.
(8) Attention spoiler ! Lettre extraite du roman final que j’ai placée ici bien que beaucoup pensent que Terry l’aurait écrite un an et demi après la mort de Suzanna ! Autrement dit des années après leur rupture !!! De plus pourquoi attendre aussi longtemps après son décès ?! Enfin, Candy aurait pu ne pas être au courant de son décès ! Pour moi, Terry ne pouvait parler que de leur rupture, c’était leur histoire après tout !
Glad to know Candy could tell Albert in person her decision of not going to see Hamlet. That scene is cute, and I could sense Albert’s despair beforehand.
Yes, Terry’s brief letter to Candy. Like you, I think it makes more sense that he sent it 18 months after the breakup. 😉 I also like Terry’s inner monologue. Well done, Laure Saint-Yves! I suppose it might take Terry a long while to truly get over Candy. He got no friends in his circle, and he couldn’t tell Susanna about Candy either. 🙁
Thank you for you kind review, Ms Puddle! 😀
I agree with you Terry was alone, he had none to support him and he was tied with his duty for Suzanna so, I think it might take him more time to move on !
Très bon choix pour la musique interprèté par un merveilleux quatuor et dans un cadre prestigieux. Vous avez raison Laure Saint-Yves, la première voix est sublime.
La deuxième interprétation est aussi très belle mais pas de cornemuse.
Ah c’est à cette lettre que je pensais ! Lol
En fait moi aussi j’ai le sentiment que ce mot écrit par Terry a été envoyé avant le décès de Suzanna car il n’en fait pas allusion, comment pouvait-il être sûr que Candy avait lu les journaux. Et si c’était après son décès écrire après tant d’années, Candy pouvait déjà être mariée.
Bonjour Antlay,
En effet comme on en avait déjà parlé avec Ms Puddle aussi, c’est exactement ce que je pense. Dix ans après!!! Aucun sens pour moi! Et pourquoi attendre aussi longtemps après la mort de Suzanna? Ils n’étaient pas mariés et il n’en était pas amoureux d’après cette note! Mais bon chacun a le droit de penser ce qu’il veut! 😆