Chapitre 20 : délivrances.
Avertissement : L’histoire de Candy Candy et de tous ses personnages appartiennent à Kyoko Mizuki, les images à Yumiko Igarashi et le dessin animé à TOEI Animation.
L’histoire écrite ci-après est une fiction à but non lucratif.
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Voici le chapitre qui conclut le suspense précédent, le plus long que j’ai écrit jusqu’à présent alors sans plus attendre, bonne lecture!…
La Maison de Pony, dimanche 13 avril 1919
– Ah ! Quelle surprise ! Bonjour monsieur Grandchester !
Terry avait quitté New York pour rejoindre sa mère en Californie pour quelques semaines. Il décida de faire un détour par la maison de Pony. Il connaissait les deux mères d’accueil pour être déjà passé une fois alors qu’il venait de quitter Londres, à l’époque il voulait voir le lieu où Candy avait grandi et qu’elle chérissait particulièrement. Il s’était dit qu’elles pourraient lui donner des nouvelles de Candy sans s’immiscer dans sa vie. Il ne pouvait pas prévoir de l’y trouver, les chances étaient vraiment très faibles. Il avait fini par écouter les conseils de sa mère et il cherchait à savoir enfin ce qu’elle était devenue pour pouvoir passer à autre chose si par hasard elle avait refait sa vie. Il ne savait pas pour Albert, qu’il était le grand oncle William, il ne lisait pas la presse cela lui évitait de lire les ragots sur lui-même. Ainsi, en chemin depuis la gare de Lakewood, il avait rencontré une âme généreuse qui l’avait amené à l’orphelinat.
– Bonjour mademoiselle Pony, je suis désolé d’arriver à l’improviste mais comment allez-vous ?
– Très bien merci mais entrez donc et asseyez-vous.
– Merci … bonjour ma sœur, bonjour monsieur ! Il serra la main du Dr Martin.
– Bonjour monsieur Grandchester mais que nous vaut l’honneur de votre visite? Demanda cette dernière aussi perplexe que son ainée.
– Eh bien j’ai quitté New York voyez-vous, pour aller travailler quelque temps avec ma mère en Californie et je me suis dit qu’en chemin je pourrais m’arrêter pour vous rendre une petite visite comme au bon vieux temps ! Il affichait son petit sourire en coin.
– Et voir Candy ? dit-elle avec malice.
– Oh ! Elle est ici ?!
Terry étonné était bouche bée, il haussa les sourcils et sentait son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine. Il se disait que si elle vivait ici, c’est qu’elle… qu’elle n’avait toujours pas refait sa vie, il y avait donc un espoir !
– Vous ne le saviez pas apparemment mais oui, elle vit ici depuis presque un an maintenant.
– Et où est-elle en ce moment ?
– Elle fait la sieste !
– La sieste ?! Ce n’était pourtant pas dans ses habitudes ! Dit-il sur un ton amusé et taquin.
– Non en effet mais… vous savez… c’est parce que Candy ne va pas bien du tout ! Ajouta Mademoiselle Pony avec tristesse et inquiétude.
– Mais qu’a-t-elle ? Est-elle malade? Demanda Terry avec une vive angoisse qui s’entendait dans sa voix.
– En fait elle est très déprimée et elle dépérit de jour en jour, n’est-ce pas Dr Martin ?
– Oui, en effet et nous sommes très inquiets à son sujet ! Puisque la question venait d’une de ses mamans, il se permit d’y répondre devant le jeune-homme.
– Il y a longtemps ? Il y a une raison particulière ?
– Cela fait deux semaines et pour les raisons, on ne sait pas bien, elle s’est murée dans le silence ! Répondit mademoiselle Pony.
– Toujours aussi têtue à ce que je vois, pourrai-je la voir s’il vous plait ? C’était une supplique.
– Je ne sais pas si c’est une très bonne idée, elle est émotionnellement très fragile.
Au même instant, Candy qui venait de se réveiller était sur le seuil du salon où tous se trouvaient. Elle aperçut un homme avec une silhouette élégante, dans un costume marron, chemise beige dont le col était ouvert ; il lui faisait face et venait de se lever en la voyant. Le jeune homme aux cheveux bruns un peu plus courts qu’auparavant, aux yeux saphir, avait une allure plus masculine et il était encore plus beau que dans ses souvenirs mais elle l’a reconnu tout de suite. Elle était interloquée, Terry ! Il s’approcha d’elle alors qu’elle restait figée devant l’œil inquiet des trois spectateurs de la scène.
– Terry ! Mais que fais-tu ici ? C’était un ton d’étonnement mais mélangé avec une pointe de reproche.
Terry en arrivant tout près d’elle, fût choqué de la vision qu’il avait devant lui. Un spectre ! Et pourtant c’était bien elle avec quelques centimètres de plus et malgré des formes féminines manifestement plus marquées, elle avait maigri, cela se voyait surtout à son visage plus émacié. Ses yeux étaient cernés et leur expression si mélancolique, ses cheveux blonds et bouclés étaient toujours aussi beaux, ils retombaient en cascade d’or sur ses épaules, elle ne portait plus ses fameuses couettes (pig tails). Malgré ce visage malheureux, elle était si belle, encore plus belle que dans ses souvenirs et tellement… femme. Il pensa : » Ma Tarzan taches de son, que t’arrive-t-il ? Qu’est-ce qui a bien pu te mettre dans un état pareil ? Peut-être que j’arrive à temps pour une fois ! » Puis il lui dit sous l’œil attentif des trois témoins silencieux de la scène :
– Bonjour taches de son, en fait je ne pensais pas te trouver ici !
– Bonjour Terry pour une surprise, c’est une surprise !
Ils restaient figés et ne savaient pas trop quoi se dire, un silence maladroit s’installa dans la pièce. Alors mademoiselle Pony brisa la glace :
– Mais nous manquons à tous nos devoirs, voulez-vous une tasse de thé Monsieur Grandchester ?
– Oh mais bien volontiers, merci mademoiselle Pony. Il se rassit et Candy en fit autant.
– Quel succès dans votre rôle de Hamlet, vous êtes vraiment un acteur brillant, je n’ai lu que d’excellentes critiques à votre sujet !
– Oh merci ma sœur, cela me touche beaucoup !
– Ah vous êtes donc le célèbre Terrence Graham ? Le Dr Martin venait de comprendre qui était en fait ce monsieur Grandchester.
– Oui, en chair et en os, Graham est en fait mon nom de scène ! Il sourit en coin.
Candy écoutait et observait médusée, ne sachant pas trop quoi penser. C’était une sensation étrange de revoir Terry tant d’années après. Il y a deux ou trois ans elle aurait tout donné pour le voir là, assis près d’elle, aujourd’hui cela l’incommodait presque car sa présence lui rappelait en quelque sorte sa rupture avec Albert.
Durant le thé, ils eurent des échanges cordiaux au sujet de la carrière de Terry, de son projet de film, des travaux de l’orphelinat, etc. Puis surprenant tout le monde et de manière presque impulsive Terry demanda :
– Excusez-moi de paraitre impoli mais Candy, pourrais-je te parler seul à seule ?
Les trois témoins se regardèrent se demandant si c’était une bonne idée mais Candy les prit de court.
– Oui, d’accord Terry, viens dehors il fait beau et prendre l’air me fera du bien !
En fait, elle avait envie de lui parler franchement et librement, maintenant que l’atmosphère s’était détendue. Ils sortirent et s’éloignèrent de l’orphelinat afin de ne pas être interrompus par les enfants dont le réveil était imminent. Mais elle n’eut pas le temps de dire quoique ce soit que brusquement, il s’arrêta, se tourna vers elle, la prit par les épaules et plongea ses beaux yeux bleus et intenses dans les siens. Elle fût surprise par son action.
– Dis-moi, que t’arrive-t-il Candy ? Où est passée cette flamme qui t’habitait toujours ? Tu as l’air si désespérée, que se passe-t-il ? Sa voix tremblait un peu d’émotion.
Candy vit la compassion sincère et une réelle inquiétude dans ses yeux, elle en fût profondément touchée, son regard, ses simples mots avaient réussi à l’atteindre. Elle était à bout de forces et de nerfs depuis deux semaines et elle s’effondra dans ses bras en sanglotant à chaudes larmes, ce n’était pas ce qu’elle avait prévu, elle n’avait pas voulu s’effondrer ainsi et encore moins dans les bras de Terry car cela lui donnait l’impression de trahir Albert même si elle n’avait plus de sentiments pour l’acteur. Peut-être était-ce à cause des différents drames qu’ils avaient vécus chacun de leur côté, y compris leur propre relation. Peut-être parce qu’elle savait que Terry était un être écorché, tourmenté. C’était étrange, elle ne se l’expliquait pas et elle ne put prononcer un seul mot pendant plusieurs minutes. Terry se sentait en même temps très ému et perplexe par cette brusque crise mais il avait le sentiment qu’il devait laisser passer l’orage, la laisser se dévoiler à son propre rythme s’il voulait savoir quelque chose. Elle lui avait montré son chagrin et c’était un début. Il fût patient et attentif, ce qui eut pour effet de calmer Candy qui ne l’avait jamais connu aussi patient, il avait mûri ! Puis elle s’écarta de lui et dit :
– Oh Terry ! Il y a tant de choses à dire, tant d’événements se sont passés ! Et… j’ai changé.
Elle avait l’intuition que s’il était revenu jusqu’ici pour avoir de ses nouvelles c’était parce que ses sentiments pour elle, n’avaient toujours pas changé comme il le lui avait écrit il y a maintenant presque deux ans et elle ne voulait pas qu’il y ait de malentendus ou de faux-espoirs.
– Que veux-tu dire par là ?
– Je veux dire qu’il y a quelqu’un d’autre dans ma vie… Elle s’interrompit.
– Tu veux dire que tu aimes quelqu’un d’autre ?
Terry était pétrifié, il reçut sa déclaration comme une gifle ! Il avait sa réponse, elle en aimait un autre mais alors pourquoi était-elle si malheureuse ? Ensuite Candy reprit avec beaucoup de mal :
– Mais tout est terminé !
Elle éclata de nouveau en sanglots mais dans ses mains cette fois-ci. Quelques minutes passèrent à nouveau, le temps d’intégrer ce qu’il venait d’apprendre Terry finit par dire :
– Raconte-moi !
Alors Candy s’est assise par terre sur l’herbe grasse printanière près d’un tronc d’arbre l’invitant à en faire autant et elle lui raconta. Elle avait besoin que ça sorte, elle ne pouvait plus garder tout cela en elle, le Dr Martin avait parfaitement raison mais elle n’aurait jamais imaginé que ce serait Terry son confident mais elle le sentait plus adulte. Ainsi elle a repris son histoire là où elle s’était arrêtée avec lui depuis son départ de New York, juste après leur rupture, elle raconta son cœur brisé, le réconfort d’Albert, sa vie avec lui pendant deux ans, le départ brutal de celui-ci, sa visite à Rockstown.
– Alors ce n’était pas une hallucination, c’était bien toi que j’ai vue ?! Tu sais que c’est toi qui m’a sauvé et que c’est pour toi que je suis retourné à New York, pour ne pas te décevoir ! Mais… pourquoi n’as-tu pas cherché à me rencontrer, à me parler et pourquoi n’as-tu jamais répondu à ma lettre ? Je ne comprends pas ! Il était déçu, blessé même.
– Parce que je pense que tu n’aurais pas voulu que je te vois ainsi, dans l’état où tu étais à l’époque et puis… j’avais promis à Suzanna de ne jamais te contacter, elle m’avait écrit peu de temps avant et elle semblait si fragile et si amoureuse, je ne pouvais pas risquer… qu’elle ne refasse une bêtise ! Et enfin… j’étais à la recherche d’Albert !
Terry commençait à deviner qu’il y avait quelque chose entre elle et Albert à sa façon de prononcer son nom et à l’expression fugace qui est alors passée dans ses yeux. La question lui brûlait les lèvres mais il décida de la laisser poursuivre pour le moment. Alors elle lui raconta les projets de fiançailles forcées de Neal.
– Ce bâtard comment a-t-il osé?!
Puis la révélation de la véritable identité d’Albert.
– Eh bien, quel cachotier !
Puis leur romance, la proposition de mariage, l’article scandaleux et la rupture mais sans préciser le motif. Terry eut beaucoup de mal à écouter sans réagir, il avait le cœur en mille morceaux.
– Alors comme ça toi et Albert… ?
Il s’interrompit pour ne pas s’énerver, elle avait l’air effectivement si fragile, pas comme il l’avait connue et il devait être prudent. Pourtant Terry avait envie de hurler, de jurer contre Albert, il sentait un ouragan déferler en lui mais pour l’instant il se contint car il comprit aussi que sa question l’avait interrompue dans son flot de paroles or il ne voulait pas l’arrêter dans ses confidences mais il y reviendrait plus tard. Pour l’instant il voulait connaitre la raison de leur rupture.
Candy ne dit rien, elle savait que Terry devait avoir du mal à comprendre et devait souffrir au fond, elle le sentait au bord de l’explosion.
– Oui, je sais que cela doit te surprendre… mais maintenant tout est fini de toute façon !
– Pour quelle raison ? Qui a rompu ?
– C’est moi !
– Mais pourquoi ? Tu ne l’aimes plus? Insista-t-il.
– C’est un peu… compliqué…
– Oui ou non ? Terry était toujours aussi impétueux même s’il avait mûri.
– Je… je l’aime toujours ! Elle était au bord des larmes.
– Cela n’a pas de sens Candy ! Si tu aimes quelqu’un, il doit bien y avoir une bonne raison pour rompre, ce n’est pas à toi que je vais apprendre cela, n’est-ce pas?
– Il y en a une excellente, en effet mais… je ne peux rien dire ! Son ton le suppliait de ne pas en demander davantage mais il poursuivit.
– Et Albert qu’en pense-t-il ?
– Il ne connait pas la véritable raison !
– Mais alors que lui as-tu dit ?
– Que… que je … que je t’aimais toujours ! Dit-elle d’un air penaud.
– QUOI ?!… Candyyy! Je ne te comprends pas! A ces mots il a explosé, c’était plus fort que lui.
– Disons qu’il y a un obstacle insurmontable et je ne peux pas l’épouser ! Sa voix était brisée.
– Je vois… mais je ne comprends pas pourquoi en faire un secret ! Il s’était radouci devant sa douleur évidente.
– Mais dis-moi, Terry et toi ? Raconte-moi, que s’est-il passé depuis ?
Candy voulait changer de sujet de conversation mais elle était aussi très curieuse de savoir. Alors il lui raconta son retour à New York après Rockstown, son succès dans sa carrière, sa vie avec Suzanna, il avait développé des sentiments doux et fraternels envers elle mais son amour pour lui l’avait étouffé et qu’il n’avait finalement jamais pu l’aimer, il ne fût jamais amoureux d’elle. Comment il s’était senti vide à cause de cela et avait comblé cette vacuité par son travail acharné au théâtre. Puis il aborda la maladie de Suzanna et son décès brutal qui l’avait profondément attristé. Enfin le soutien de sa mère dans cette épreuve et qui l’a poussé à réagir.
– Pauvre Suzanna, elle ne méritait pas de mourir si jeune, cela a dû vraiment être terrible pour toi aussi !
– Oui, en effet ! Il avait un regard triste à ce souvenir.
Ils discutèrent ainsi longuement. Il y avait tant à dire depuis leur rupture et il n’avait jamais pu le faire. Puis Terry se leva et dit avec regret :
– J’aimerais pouvoir discuter plus longtemps mais il se fait tard, la nuit va tomber et il faut que je trouve où dormir, on pourrait continuer demain. Sais-tu où il y a des chambres à louer dans le coin ?
– Tu peux dormir à l’orphelinat si tu veux, grâce aux travaux nous avons une vraie chambre d’invité maintenant.
– Ce serait avec plaisir Candy mais que vont dire Melle Pony et sœur Maria ?
– Je ne pense pas que cela leur pose un souci car en fait elles sont fans de toi ! Au fait, quand es-tu attendu à Los Angeles ?
– Je dois commencer le tournage dans trois semaines.
– Oh ! Mais tu as encore du temps alors !
– Oui, en effet !
Candy avait encore des questions à lui poser maintenant que la glace était brisée et puis laisser repartir ainsi quelqu’un la nuit venant n’était pas très charitable.
Pendant ce temps-là à l’orphelinat, un vif débat avait eu lieu. Les trois proches de Candy se demandaient ce qui allait se passer et étaient extrêmement inquiets surtout qu’il y avait maintenant deux heures qu’ils étaient partis. Le Dr Martin finit par dire que de toute façon cela ne pouvait pas être bien pire et que même cela pourrait faire comme un électrochoc pour elle et être au final bénéfique. Le psychisme humain est si complexe !
Ainsi Terry resta, ils dinèrent tous ensemble, les enfants étaient tout excités de rencontrer un grand et célèbre acteur de Broadway, ils le bombardèrent de questions que les adultes ont eu un peu de mal à contenir. Il leur signa même des autographes. Candy restait sombre.
Mademoiselle Pony et sœur Maria profitèrent de l’absence de Candy partie mettre les enfants au lit pour parler à Terry, le Dr Martin était déjà rentré à la clinique.
– Monsieur Grandchester…
– Appelez-moi Terry !
– Oh ! Cela ne serait pas correct!
– Alors je préfère Monsieur Graham dans ce cas.
– Oh ! Oui bien sûr excusez-nous !
– Ce n’est pas grave mais vous comprenez, ce nom me rappelle de bien trop mauvais souvenirs…
– Je comprends mais à propos de Candy, avant qu’elle ne revienne pouvez-vous nous dire ce qu’il se passe, que vous a-t-elle dit ?
– Pas grand-chose à vrai dire, juste qu’elle avait rompu avec Albert mais elle n’a pas dit pourquoi si c’est ce que vous voulez savoir.
– Nous sommes très inquiètes, je pense que vous avez vu qu’elle n’est pas bien du tout !
– Il faudrait être aveugle pour ne pas s’en apercevoir !
– Mais vous, quelles sont vos intentions envers elle ?
– Eh bien, ne vous inquiétez pas, je compte essayer de l’aider.
– Excusez-moi de vous poser cette question indiscrète mais est-ce que… est-ce que vous l’aimez toujours ?
Mademoiselle Pony était gênée d’être aussi indiscrète mais c’était pour le bien de Candy car elle se demandait bien où tout cela allait mener. Terry comprit parfaitement l’inquiétude des deux demoiselles mais il était lui-même gêné de répondre.
– En effet…
– Cela risque de compliquer la situation, ne pensez-vous pas ?
– Tout ce que je veux, c’est son bonheur !
– Même si c’est avec un autre homme que vous ?
Sœur Maria le testait en le regardant bien droit dans les yeux et il se sentit percé jusqu’au fond de son âme par ce regard intense et il se surprit à lui répondre :
– Même avec Albert si vous pensez que c’est avec lui que réside son bonheur !
Elles furent surprises de sa réponse un peu étrange mais spontanée et qui apparaissait sincère. Il ajouta même :
– Je peux vous promettre que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour l’aider à retrouver son sourire et sa joie de vivre.
– Très bien alors la balle est dans votre camp monsieur Graham mais je vous en prie, soyez prudent avec elle. Ajouta Melle Pony.
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Chicago, samedi 12 avril
Pendant ce temps-là Albert était dans la bibliothèque du manoir de Chicago. Ce soir-là après une interminable journée de travail sans entrain, il était d’humeur mélancolique. Il n’avait pas réussi à obtenir les renseignements concrets qu’il espérait au sujet de la rupture de Candy. Il avait saisi un recueil de poèmes français qu’il avait choisi parmi d’autres ouvrages tels que les œuvres de Shakespeare, de Lord Byron, différents ouvrages en français, langue qu’il avait étudiée à Londres au collège royal de Saint-Paul. Il se souvenait particulièrement d’un poème d’Alphonse de Lamartine, extrait des « Méditations poétiques », que la mort d’Elvire sa bienaimée avait inspiré, Albert l’avait étudié à l’époque et il le relut.
L’isolement (1)
Souvent sur la montagne, à l’ombre du vieux chêne,
Au coucher du soleil, tristement je m’assieds ;
Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.
Ici gronde le fleuve aux vagues écumantes ;
Il serpente, et s’enfonce en un lointain obscur ;
Là le lac immobile étend ses eaux dormantes
Où l’étoile du soir se lève dans l’azur.
Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres,
Le crépuscule encor (2) jette un dernier rayon ;
Et le char vaporeux de la reine des ombres
Monte, et blanchit déjà les bords de l’horizon.
Cependant, s’élançant de la flèche gothique,
Un son religieux se répand dans les airs :
Le voyageur s’arrête, et la cloche rustique
Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts.
Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente
N’éprouve devant eux ni charme ni transports ;
Je contemple la terre ainsi qu’une ombre errante
Le soleil des vivants n’échauffe plus les morts.
De colline en colline en vain portant ma vue,
Du sud à l’aquilon (3), de l’aurore au couchant,
Je parcours tous les points de l’immense étendue,
Et je dis : » Nulle part le bonheur ne m’attend. «
Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,
Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé !
Que le tour du soleil ou commence ou s’achève,
D’un œil indifférent je le suis dans son cours ;
En un ciel sombre ou pur qu’il se couche ou se lève,
Qu’importe le soleil ? Je n’attends rien des jours.
Quand je pourrais le suivre en sa vaste carrière,
Mes yeux verraient partout le vide et les déserts :
Je ne désire rien de tout ce qu’il éclaire ;
Je ne demande rien à l’immense univers.
Mais peut-être au-delà des bornes de sa sphère,
Lieux où le vrai soleil éclaire d’autres cieux,
Si je pouvais laisser ma dépouille à la terre,
Ce que j’ai tant rêvé paraîtrait à mes yeux !
Là, je m’enivrerais à la source où j’aspire ;
Là, je retrouverais et l’espoir et l’amour,
Et ce bien idéal que toute âme désire,
Et qui n’a pas de nom au terrestre séjour !
Que ne puîs-je (4), porté sur le char de l’Aurore,
Vague objet de mes vœux, m’élancer jusqu’à toi !
Sur la terre d’exil pourquoi resté-je encore ?
Il n’est rien de commun entre la terre et moi.
Quand la feuille des bois tombe dans la prairie,
Le vent du soir s’élève et l’arrache aux vallons ;
Et moi, je suis semblable à la feuille flétrie :
Emportez-moi comme elle, orageux aquilons (3) !
Au moment où il avait étudié ce poème, la description de la perte d’un être cher et de la nature lui avait rappelé sa sœur et la région de Lakewood ; aujourd’hui le vers « Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé ! » lui faisait penser à Candy, il résumait parfaitement son état d’esprit actuel mais lui au moins avait un espoir car Candy était encore vivante et il avait bien l’intention de la retrouver. Même s’il n’avait rien obtenu d’irréfutable lors de son enquête, il avait interrogé tout le personnel et notamment James qui l’avait reconduite à l’orphelinat, il lui a décrit l’attitude de Candy lors du trajet, ses larmes silencieuses, son air déprimé et abattu. C’était encore un indice, à défaut d’être une preuve concrète, qui le confortait dans son intuition car cela ne correspondait pas à l’attitude d’une personne qui allait peut-être retrouver son véritable amour ; qu’elle ait été triste après leur rupture, c’était normal mais avoir l’air désespérée comme l’avait décrite James, non !
Il avait essayé de téléphoner au Dr Martin mais sans succès car lors d’un orage, la foudre avait touché un des pylônes du réseau téléphonique interrompant les communications de la région de Lakewood et donc de la clinique pour plusieurs jours. Il ne savait donc toujours pas pour la première agression mais pour lui, les quelques indices qu’il avait à sa connaissance, aussi minces soient-ils, étaient suffisants pour lui distiller de l’espoir. Il n’abandonnerait pas aussi facilement, le choc passé de la déclaration de Candy, il était maintenant prêt à se battre pour elle. Ainsi il avait décidé de partir pour Lakewood le surlendemain. Cet espoir lui redonner de la vitalité.
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La Maison de Pony, dimanche 13 avril 1919
Candy et Terry avaient encore beaucoup de choses à se dire et Candy avait beaucoup de questions en suspens concernant leur relation, cette journée fût donc l’occasion d’une discussion à cœur ouvert. Ils s’étaient de nouveau isolés au même endroit que la veille pour discuter tranquillement. Elle commença :
– Terry, dis-moi, pourquoi avoir quitté l’Angleterre sans en avoir discuté avec moi, sans même m’en avoir informée avant ?
– Candy, je ne voulais pas que tu te sentes coupable et tu aurais essayé de m’en dissuader, je voulais aussi t’éviter d’être renvoyée du collège.
– Mais pour cela tu n’étais pas obligé de mettre un océan entre nous !
– C’est vrai mais j’y ai vu l’occasion de m’éloigner enfin de mon père et de suivre ma propre voix. Tu te souviens de la lettre d’Albert que tu avais reçue d’Afrique, celle dans laquelle il racontait qu’il était à la poursuite de ses rêves ? Eh bien elle m’a fait réfléchir et j’ai compris que moi aussi j’avais des rêves à accomplir or j’étouffais que ce soit au collège ou chez mon père avec ma belle-famille.
– Oui mais tu m’as laissée derrière, dans cette prison ! Tu sais que je me suis enfuie pour essayer de te rattraper pour finalement voir ton bateau voguer au loin. Je t’ai appelé de toutes mes forces et c’est à ce moment-là que j’ai vraiment compris que je t’aimais !
– Oh ! Candy ! Tu étais donc à Southampton ? J’ai cru t’avoir entendue ce matin-là dans la brume mais j’ai pensé avoir rêvé !
– Non, c’était bien moi ! J’étais dévastée Terry et c’est là que j’ai décidé de te suivre bien que n’ayant ni argent, ni billet !
Et Candy lui raconta son périple en détails, comment elle a voyagé en tant que passager clandestin. Terry se sentit alors coupable de lui avoir fait prendre indirectement tant de risques mais sa première réaction fût de la réprimander.
– Passager clandestin ! Mais tu te rends compte ? C’était de l’inconscience, de la pure folie ! Lui reprocha-t-il.
– Je sais mais je n’ai pas vraiment réfléchi, tout ce que je voulais c’était te retrouver !
En l’entendant, Terry regrettait sincèrement de lui voir fait prendre tant de risques, il se sentit coupable.
– Ah ! Candy ! Pardonne-moi, si j’avais su je t’aurais emmenée avec moi et tout aurait pu être complétement différent… ! Mais nous étions si jeunes alors !
C’est alors qu’il se rendit compte qu’il l’avait probablement perdue à ce moment-là par un premier mauvais choix, guidé par son ambition et son rêve de devenir un célèbre acteur de théâtre et de prouver aussi à son père qu’il serait capable de réussir sans l’aide de son nom, qu’il avait d’ailleurs renié à l’époque pour celui de Graham son deuxième prénom. Oui, leur destin aurait été fondamentalement différent et à l’heure d’aujourd’hui, ils auraient été probablement mariés s’il ne l’avait pas abandonnée derrière lui à Londres ! Il soupira. Candy poursuivit.
– Je t’ai même raté de peu lorsque tu es venu ici à l’époque, ta tasse de thé était encore chaude et tes traces de pas dans la neige n’étaient même pas encore recouvertes !
– Non ! Pas possible !… Si je comprends bien nous n’avons pas arrêté de nous manquer et de peu ! Répondit-il tristement.
– Peut-être tout simplement que nous n’étions pas destinés à finir ensemble ! Ajouta Candy sûre d’elle-même en fait.
Terry avait mal d’entendre cette vérité et il n’était pas encore tout à fait prêt à l’admettre mais il l’avait entendu de la bouche de Candy qui elle en était sûre, il le sentait à son intonation et c’est finalement ce qui était douloureux et cela le poussa à l’aveu.
– Non ! Ne dis pas cela ! Candy, je… je t’aime toujours !
Lui avoua-t-il en lui prenant la main et en la regardant dans les yeux, il eut une forte envie de l’embrasser. Il savait au fond que c’était peine perdue mais ce fût plus fort que lui. Au moment où il allait lui voler un baiser, Candy le sentit d’instinct et s’éloigna de lui en retirant sa main de la sienne, elle avait sincèrement de la peine pour lui mais c’était trop tard, elle lui répondit.
– Tu ne penses pas que c’est un peu trop tard, Terry ? Tu ne me l’as jamais dit ou même écrit, me laissant sans nouvelles ! Si je n’étais pas venue à l’hôtel après ta représentation du Roi Lear, tu n’aurais même pas su que j’étais de retour en Amérique ! Quand comptais-tu essayer de me retrouver ? Tu aurais pu m’écrire !
L’aveu de Terry avait en quelque sorte ouvert les vannes et Candy avait du mal à contenir le flot de questions qui lui venaient brutalement à l’esprit, elle voulait comprendre.
– Tu sais bien que le courrier était censuré au collège, tu n’aurais jamais reçu mes lettres !
– Tu aurais pu contacter Melle Pony et sœur Maria puisque tu étais venu les voir, tout au moins leur laisser une adresse pour te contacter !
– Je ne sais pas… je n’y ai pas pensé…
Terry se sentait pris en défaut et il en était énervé. Candy n’était pas satisfaite et elle était même un peu déçue par ses réponses, elle qui avait pris de gros risques en traversant l’océan qui les séparait. L’amour est aveugle et à l’époque elle n’avait pas vu ses actions ou plutôt son absence d’action sous cet angle, elle reprit.
– Dis-moi, Terry pourquoi ne m’as-tu rien dit à propos de l’accident de Suzanna quand je suis arrivée à New York ?
– C’était trop dur, je venais juste de te retrouver enfin après cette longue séparation et je ne voulais pas gâcher l’ambiance !
– Elle l’a été de toute façon car je sentais que tu n’étais pas toi-même. J’ai cru que c’était le stress avant la grande première ! J’avais eu tellement d’espoir et d’attentes pour nos retrouvailles et je ne comprenais pas bien ce qui se passait. Ensuite j’ai appris lors de l’entracte par les potins ce qui se passait. Tu ne peux pas savoir ce que j‘ai ressenti alors ! Nous aurions pu en discuter avant et décider ensemble quoi faire. Après sur le toit de l’hôpital quand je t’ai vu avec Suzanna dans les bras, quand nos regards se sont croisés alors, j’ai compris que ton choix était déjà fait en réalité et qu’il s’appelait Suzanna même si tu ne l’avais pas encore réalisé toi-même !
– Mais c’est quoi tous ces reproches, tant d’années après ?
Terry était vraiment agacé maintenant et sa réaction de défense fût comme à son habitude, l’agressivité mais il sentait bien au fond de lui-même que ce n’était que la vérité. Quelque part Terry n’avait pas appris à aimer « correctement », son modèle familial dans son enfance avait été dépourvu de ce sentiment, il n’avait pas eu de bon exemple et lorsqu’il a rencontré l’amour avec Candy, il n’a pas su le gérer, il avait même commencé par le refouler de peur d’être rejeté une fois de plus, ensuite il a commis des erreurs en faisant de mauvais choix.
– Non Terry, je ne te reproche rien, nous avons tous fait des erreurs, comme tu l’as dit nous n’étions que des adolescents mais je veux simplement comprendre tes décisions, c’est tout !
– Mais toi Candy, pourquoi as-tu décidé de partir sans même te battre pour moi, sans même t’être retournée, pas une seule fois ?!
Le ton de Terry par contre sonnait comme un reproche.
– Oh ! Terry ! Si j’ai pris cette décision, c’est pour t’éviter d’avoir à me le dire car je savais que tu étais brisé et que cela te torturait, je voulais rendre la chose moins difficile pour toi ! Et si je ne me suis pas retournée c’est parce que cela m’était trop pénible, je craignais de changer d’avis en voyant ton visage et j’étais en larmes ! Mais en fait, une partie de moi aurait souhaité que tu me cours derrière pour me rattraper et m’empêcher de partir ! J’étais brisée aussi Terry et je suis rentrée complétement malade à Chicago, j’ai été retrouvée inconsciente sur la margelle du train !
– Oh Candy ! Et moi qui croyais que tu étais si forte à ce moment-là! Quel gâchis !
– Mais heureusement, j’ai eu la chance d’avoir Albert à mes côtés pendant des mois qui m’a soutenue et réconfortée. S’il n’avait pas été là je ne sais pas ce qu’il me serait arrivé alors !
– Ah oui ! Et il en a profité pour te séduire alors que c’était mon ami!
Il ne put s’empêcher d’être sarcastique mais c’était la jalousie qui parlait car elle venait de lui asséner le coup de grâce. Sans le vouloir Candy lui avait montré que seul Albert avait été présent pour elle contrairement à lui.
– Oh Terry ! Comment peux-tu dire cela, ce n’est pas ainsi que cela s’est passé ! Albert ne m’a jamais séduite comme tu le dis, il n’a même jamais dévoilé ses véritables sentiments pour moi tout le temps que nous avons vécu ensemble et pourtant il était déjà amoureux de moi ! C’est même lui qui m’a guidée à Rockstown sans me dire pourquoi, afin que je t’y retrouve ! Il pensait alors que je t’aimais encore et il a renoncé à moi pour notre propre bonheur à tous les deux.
Candy parlait avec passion et les larmes dans les yeux en parlant d’Albert. Son cœur palpitait et lui faisait mal.
– C’est vrai ?
Terry fût d’abord surpris d’une telle abnégation de la part de son ancien ami, il vit également les larmes et la tristesse dans le regard de Candy à la simple évocation d’Albert. Il se rendit alors compte qu’elle en était profondément amoureuse, hypothéquant ainsi toute chance de la voir revenir à lui. Il pensa alors à la promesse qu’il avait faite hier à sœur Maria.
– Enfin tu connais Albert, vous étiez amis !
– Oui, tu as raison Candy, Albert a toujours été un homme d’honneur et une âme généreuse !
Pour Candy, le fait d’avoir parlé d’Albert avait ravivé des douleurs insupportables pour elle. Son cœur saignait et n’avait pas l’intention de guérir. Par contre, cette discussion à cœur ouvert avec Terry lui avait permis de lui faire un véritable adieu à leur histoire, autrement que dans une lettre non envoyée.
Peu à peu Terry commençait à renoncer, il y avait eu trop de blessures, trop d’erreurs, Candy avait grandi et avait changé, elle était devenue femme et peut-être qu’elle avait raison, peut-être que Candy et Terry n’étaient pas destinés l’un à l’autre ! Oui, peu à peu cette idée faisait son chemin dans son cœur et ses sentiments commençaient à s’apaiser d’une certaine manière. Cette franche discussion avait permis d’évacuer, de faire sortir toutes ces émotions négatives conservées depuis tant d’années. Certes, il lui faudrait encore du temps pour cicatriser complétement toutes ses plaies rouvertes mais même s’il ne s’en rendait pas encore vraiment compte, Terry avait commencé à tourner la page Candy.
En fait, il s’était accroché pendant toutes ces années à une belle histoire mélodramatique, son côté acteur shakespearien peut-être ? Une belle illusion qui lui permettait d’exister, de se transcender dans ses rôles. Etre ou ne pas être ? L’amour ou le devoir ? Candy ou Suzanna ? Telle était la question ! Terry était Hamlet en quelque sorte, tourmenté par les choix qu’il avait à faire ! Mais leur histoire était restée figée à son début, ils n’avaient jamais vraiment partagé de moments de vie ensemble, leur relation était à distance, chacun vivant de son côté. Leur amour s’était idéalisé et cristallisé au final. Maintenant c’était le temps de la résilience et ces discussions de ces deux jours avaient été dans ce sens. Terry allait bientôt aller à Hollywood et commencer une nouvelle vie et qui sait, d’ici quelques temps, une nouvelle histoire d’amour ?
Terry avait encore mûri un peu plus et il voulait maintenant aider Candy à traverser ses épreuves. Il lui dit :
– Candy, tu aimes toujours Albert, n’est-ce pas et il t’aime aussi ? En fait il connaissait la réponse.
– Euh…oui !
– Alors pourquoi avoir rompu ?
– Je te l’ai déjà dit je ne peux pas le dire !
– Il faut que tu lui en parles !
– C’est impossible !
– Mais enfin, je ne comprends pas ! C’est insensé. Il levait les yeux au ciel.
– Cela le mettrait en danger ! Finit-elle par dire en pleurant.
Elle regrettait déjà d’avoir baisser la garde mais elle était tellement à bout de nerfs et de forces que cette phrase lui avait échappée.
– Comment cela ? Que veux-tu dire ?
– Je… je… non c’est rien !
– Candy, parle ! On t’a obligée à le quitter n’est-ce pas ? Qui ?
– Non ! … Je ne sais pas.
– Il faut que tu en parles avec lui, laisse-lui le choix de décider, il s’agit de sa vie après tout. Tu lui as imposé une rupture sous un faux prétexte, ce n’est pas honnête ! Tu imagines ce qu’il doit ressentir, il doit avoir le cœur brisé et se sentir trahi !
Il savait que cela lui ferait mal mais il voulait la pousser à réagir, la méthode de choc à la Terry, en somme.
– Tais-toi ! Cria-t-elle.
Elle se sentait acculée, la description des sentiments qu’Albert devait avoir subis, douleur et trahison, lui était insupportable et elle s’effondra en sanglots mais elle n’en dit pas plus. Terry avait l’impression d’être en pleine tragédie grecque ! Mais que faire ? Comment la convaincre de sortir de ce mutisme ? Quelle tête de mule ! Il comprit qu’il ne devait plus insister pour le moment.
La nuit suivante, Candy fit des cauchemars où se mêlaient Albert et Anthony, elle rêvait de leur mort à tous les deux puis du regard terrible d’Albert lorsqu’elle l’a quitté et qui l’a hantée depuis. Elle se réveilla complétement bouleversée, épuisée et fiévreuse, si bien qu’elle ne réussit pas à se lever. On envoya Matthew l’ainé des orphelins, chercher le Dr Martin qui décida de l’hospitaliser à la clinique, il valait mieux l’isoler à cause de la fièvre même si apparemment ce n’était pas la grippe espagnole mais plutôt un autre type d’infection virale et il voulait pouvoir la surveiller de près. Il était perplexe et très inquiet. Il était revenu dans le salon pour parler avec ses mamans et Terry.
– La fièvre à 38,5°C (101,3 °F) n’est pas très élevée mais son organisme s’est affaibli à cause de son anorexie et elle a contracté une infection qui serait a priori mineure pour vous et moi mais j’ai l’impression qu’elle a perdu le goût de vivre, qu’elle se laisse mourir et si elle refuse de se battre contre cette infection je crains le pire !
– Oh ! Mon Dieu ! Que faire ? S’écrièrent en cœur les deux femmes.
– Il faut avertir Albert en urgence ! Dit Terry.
– Mais puisque c’est à cause de leur rupture qu’elle est malade, cela pourrait être encore pire ! S’exclama sœur Maria.
– Non, je pense au contraire qu’il est la solution, je n’ai pas le temps de vous expliquer mais faites-moi confiance ! Répondit Terry.
– Ah ! Et le téléphone qui est en panne ! Dit le Dr Martin
– Savez-vous où il peut être en ce moment ?
– Malheureusement, non ! Lorsque Candy est revenue il était dans son manoir à deux heures de route d’ici mais il peut être reparti à Chicago ou même en voyage ! Dit sœur Maria.
– Eh bien envoyons déjà un télégramme à Lakewood et à Chicago. Proposa Melle Pony.
– Oui et en attendant je vais tenter ma chance à Lakewood, j’arriverai peut-être avant le télégramme car avec le téléphone coupé le télégraphe doit être débordé et puis je dois parler à Albert s’il s’y trouve encore. Savez-vous où je pourrai emprunter une voiture ?
– Il y a un garage qui vient de s’installer à la ville peut-être qu’il pourrait nous rendre ce service dit le Dr Martin.
– Allons-y ! dit Terry.
Ce qu’ils ignoraient c’est qu’Albert était déjà en route pour le manoir de Lakewood avec la ferme intention de voir Candy. Il avait même refusé de s’occuper d’un nouveau contrat dans l’immédiat pour la retrouver au plus vite afin de tirer au clair toute cette histoire. Il avait encore un espoir.
Il était arrivé il y a une heure et tenta encore de téléphoner au Dr Martin, en vain. Le télégramme n’était pas encore là, par contre Terry qui avait trouvé une voiture de sport y parvint en moins de deux heures. Albert était encore dans son bureau lorsque Georges vint le rejoindre avec un air inquiet et même troublé, lui qui ne laissait jamais paraitre ses émotions ou que dans des situations extrêmes comme récemment, cela ne présageait rien de bon, pensait Albert.
– Qu’y a-t-il Georges ?
– William, vous avez une visite !
– Qui ?
– Monsieur Grandchester !
– QUOI ?!
Albert interloqué reçut cette information comme une balle en plein cœur. Tous ses espoirs venaient d’être réduits en cendres car il se disait que Terry avait retrouvé Candy, qu’ils vivaient le parfait amour et que par conséquent, tout était vrai ! Mais que venait-il faire ici ? Le narguer ? Non, il ne ferait pas cela, ils avaient été amis quand même ! Ce n’est pas possible ! Demander Candy en mariage ? C’est un peu rapide ! Il était désespéré et en colère.
– Mais que veut-il ?
– Il dit que c’est extrêmement important et au sujet de Melle Candice ! Il a l’air très inquiet William !
– Fais-le entrer Georges ! Il pensait « Terry ne doit pas être à l’aise… »
– Bien William, dois-je faire apporter une collation ?
– Non, merci Georges, cela ne devrait pas être long !
– William… si je peux me permettre… essayez de rester calme.
– Je vais essayer mais je ne promets rien !
Georges était préoccupé de la tournure que pourrait prendre les évènements car il avait vu Albert reprendre espoir et il craignait de le voir sombrer à nouveau dans le désespoir. Il fit entrer Terry mais décida de rester à côté au cas où les choses tourneraient mal, il savait Albert de nature calme et responsable mais avec Terry et les sentiments aiguisés qui étaient en jeu, tout pouvait se passer.
– Bonjour Albert ou devrais-je dire monsieur Ardley ? Il ne put s’empêcher d’être ironique.
– Albert suffira ! Répondit-il froidement puis il reprit d’un ton encore plus glacial : bonjour Terry, que viens-tu faire ici ?
– Nous avons besoin de parler !
– Et pourquoi ? Pour me demander la main de Candy avec ma bénédiction en plus, c’est bien cela ?
Albert s’agitait, il passait sa main dans les cheveux en marchant en long et en large dans la pièce. Il était à l’agonie, attendant la réponse.
– Albert, calme-toi !
– Me calmer ?! Explosa-t-il puis il vint prendre Terry par les revers de sa veste, il le regarda droit dans les yeux en lui disant : tu aurais pu simplement m’écrire mais je te préviens Terry, si jamais, tu m’entends bien ? Si jamais tu la rends malheureuse une fois de plus, tu auras affaire à moi !
– Albert, ne sois pas idiot !
– Et en plus tu me traites d’idiot !
Albert relâcha Terry, il était très énervé à la limite de perdre le contrôle, la douleur et le désespoir avaient pris le meilleur de lui-même et il se contenait à peine. En voyant sa rage sous-jacente, Terry lâcha :
– Mais c’est toi qu’elle aime !
– QUOI ?! Si c’est une farce, elle est vraiment de mauvais goût ! Il n’en croyait pas ses oreilles, il n’osait pas croire ce qu’il venait d’entendre.
– Albert, nous avons très peu de temps alors je vais être bref et même brutal, Candy se meurt d’amour pour toi et tu es le seul à pouvoir la sauver !
– Mais qu’est-ce que tu racontes ?! Albert haussait les sourcils, ses pupilles se dilatèrent, sa bouche se dessécha pendant que son cœur se ruait dans sa cage thoracique comme un cheval sauvage entravé.
– Ecoute, je t’expliquerai en route mais pour l’instant viens avec moi à la clinique du Dr Martin c’est une question de vie ou de mort !
Albert complétement choqué ne savait pas quoi penser ! Candy l’aimait à en mourir ! A la fois une excellente et une terrible nouvelle. Elle l’aimait mais elle était mourante.
– D’accord, allons-y !
Albert ne pris même pas le temps de prendre un bagage, Georges lui en ferait parvenir un plus tard. Terry raconta en détails tout ce qu’il savait, la fausse déclaration de Candy et qu’elle ne l’avait jamais contacté. S’il était venu à l’orphelinat à ce moment-là ce n’était que par pur hasard et juste pour avoir de ses nouvelles de Candy ne pensant pas l’y trouver. Il lui raconta aussi ses projets pour la Californie. Les deux amis retrouvaient une certaine complicité mais ils se demandaient pourquoi Candy avait inventé toute cette histoire ? Elle avait dit que cela mettrait Albert en danger ! Ils se demandaient bien comment ? Ils soupçonnaient tous les deux que quelqu’un l’avait contrainte mais qui ? Pourquoi ? Albert se demandait, « Qui avait intérêt à faire annuler leur mariage ? » Il pensa de nouveau à un membre du conseil des anciens mais lequel ? Lachlan Mac Doherty ? Etrange et pas très logique puisqu’il avait compté l’évincer grâce à cela mais pour les réponses il verrait plus tard, pour l’instant l’urgence c’était de sauver Candy.
En début de soirée, ils arrivèrent enfin à la clinique où le Dr Martin les accueillit avec un air très sombre. Sœur Maria était là aussi, Melle Pony était restée à l’orphelinat pour veiller sur les enfants.
– Elle vient de perdre conscience, elle est dans un coma mais heureusement superficiel! Annonça-t-il.
– NOOON ! S’écrièrent en chœur Albert et Terry
– Où est-elle ? Demanda Albert complétement bouleversé.
– Suivez-moi ! Dit le Dr Martin.
Albert se jeta au chevet de Candy, il était atterré par la pâleur de son visage, ses joues creusées, les yeux clos cernés. Terry était très inquiet également mais il resta en retrait à quelques pas d’eux pour les laisser, sœur Maria qui était de l’autre côté du lit se leva et en fit autant.
– Mon Dieu ! Candy ! Pourquoi ne m’as-tu rien dit ? Je t’aime mon amour, s’il te plait bats-toi pour toi, pour moi, pour notre amour !
Il lui serra la main doucement en lui caressant tendrement le visage avec son autre main. Il aperçut son pendentif en émeraude autour de son cou qu’elle avait refusé d’enlever, cela le toucha profondément car la signification était grande.
– Candy, tu m’entends ? Je t’aime et je veux t’épouser quoiqu’il en soit. Je sais que l’on t’a forcée à renoncer à notre mariage et que tu m’aimes toujours et je te promets que je t’épouserai même si je dois aller jusqu’au bout du monde pour cela ! Je t’en supplie réponds-moi !
Il lui embrassa la main et des larmes coulaient sur ses joues puis atteignirent la main de Candy, il se pencha pour l’embrasser sur les lèvres doucement comme une plume. Il sentit alors sa main serrer légèrement la sienne.
– Dr Martin, elle m’a serré la main ! S’exclama-t-il avec espoir.
Le bon docteur vérifia son état rapidement.
– Ah ! C’est bon signe, elle sort du coma. Dit-il d’un ton rassurant puis il s’éloigna un peu.
Albert continua à lui chuchoter, des doux mots d’amour afin qu’elle seule puisse les entendre, il en avait tant à lui dire après ces deux semaines de cauchemar.
Candy avait d’abord senti la main puis les larmes, les lèvres, l’odeur de santal, elle entendait la douce voix de son Prince qui était comme une tendre musique à ses oreilles. Etait-elle dans un rêve ? Elle se sentit attirée par cette présence qui lui insuffla de l’énergie et lui donna la force suffisante pour s’éveiller, d’abord elle battit péniblement les paupières puis elle vit deux morceaux de ciel bleu penchés sur elle, la regardant avec un amour infini, elle se sentait plongée dans un océan de tendresse.
– Albert,… mon amour… tu es bien là ? … Je ne rêve pas ? Murmura-telle.
En voyant ainsi Candy et Albert, Terry ne put s’empêcher d’être ému et de comprendre que ces deux-là étaient vraiment destinés l’un à l’autre. Que Candy sans Albert était comme une fleur sans lumière et sans eau, elle se flétrissait, elle se fanait et qu’Albert sans Candy était comme un homme perdu dans le désert loin de son oasis. Oui, ces deux-là étaient deux âmes-sœurs et il sentit une larme couler sur sa joue qu’il essuya d’un revers de la main. Quelque part c’était encore un peu douloureux pour lui mais déjà moins car cela l’aidait à faire son deuil de son amour pour Candy. Il avait aussi le sentiment que, pour une fois, il avait fait la « bonne » chose pour elle, quelque chose de juste. Il avait compris grâce à leurs discussions que Candy avait beaucoup souffert à cause de lui et ce sentiment d’avoir pu l’aider ainsi que son ami Albert, l’apaisait, il en ressentait même une certaine fierté. Il pourrait repartir plus serein, c’était une délivrance.
Il sortit de la chambre rassuré par le Dr Martin qui confirma qu’elle était sortie du coma et que maintenant tout dépendait d’elle et d’Albert qu’il faudrait qu’elle mange pour reprendre des forces et que les prochaines heures seraient déterminantes. Terry lui raconta en quelques mots l’histoire, du moins ce qu’il en savait car il restait des questions en suspens.
Albert lui fit avaler un bol de soupe chaude et une compote de pommes. Il resta à son chevet sans relâche toute la nuit qui a suivi sans fermer l’œil, il y avait pourtant un deuxième lit dans la chambre où il aurait pu s’allonger et se reposer un peu mais il préférait tenir la main de sa bienaimée. Candy sentait qu’Albert était là pour elle, qu’il l’aimait au-delà de tout et qu’il ne la laisserait jamais, il était prêt à aller jusqu’au bout du monde pour l’épouser, elle l’avait entendu. Sa lumière était présente, le soleil de sa vie était là et lui redonnait le goût à la vie, alors elle s’accrocha pour se battre contre l’infection et s’en sortir.
Georges est arrivé entre temps pour apporter le nécessaire à Albert, il était inquiet lui aussi et il fût mis au courant par Terry qui repartit ensuite à l’orphelinat pour y passer la nuit et donner des nouvelles rassurantes à Melle Pony et les enfants qui étaient très inquiets eux aussi.
Georges passa la nuit à la clinique dans une des chambres normalement réservées aux malades. Heureusement la clinique n’avait qu’un seul pensionnaire ce soir-là. Un enfant qui s’était blessé à la tête en tombant d’un arbre et qui devait rester sous surveillance.
Le lendemain matin lorsque Candy s’éveilla, leurs yeux se croisèrent et tous les mots du monde ne pouvaient exprimer les sentiments qu’il y avait entre ces deux paires d’yeux. Albert tombait de sommeil mais le spectacle de ces belles émeraudes qui reprenaient vie lui donnait l’énergie nécessaire pour rester encore éveillé !
Le Dr Martin vint vérifier ses constantes, la fièvre avait baissé à 38°C (100,4°F), elle allait mieux et avait même réclamé un petit-déjeuner. Elle allait pouvoir bientôt retrouver ses forces. Albert était toujours sans réponse sur ce qui s’était passé exactement mais il attendrait qu’elle aille mieux ce qui ne tarda pas.
Deux jours plus tard elle n’avait plus de fièvre, elle s’était remise à manger correctement, Albert y veillait particulièrement en venant prendre tous ses repas avec elle. Il avait cuisiné lui-même ses plats préférés comme à l’époque des Magnolias et elle put enfin se lever. Ce matin-là elle venait de prendre un bon bain et se sentait toute fraiche, ses forces lui revenaient rapidement avec Albert à ses côtés mais elle savait que le temps des révélations était venu, elle allait tout lui raconter. Elle était en train de refaire son lit quand elle le sentit derrière elle. Elle se retourna. Son regard intense fit chavirer son cœur. Ils se dirent bonjour, ils avaient besoin du contact charnel de l’autre pour effacer tous ces horribles moments, pour se sentir revivre. Alors Albert s’approcha d’elle lentement, savourant cet instant, anticipant ce qui allait se passer. Il saisit sa taille d’une main et avec la deuxième il caressa sa joue avec une infinie tendresse. Candy passa alors ses mains autour de son cou et se resserra tout contre lui. Leurs cœurs à l’unisson battaient la chamade.
Céline Dion – The Power Of Love (Official Video)
Ils échangèrent un doux et long baiser, sans hâte mais profond. D’abord ce fût leurs lèvres qui se sont effleurées par de petites touches successives comme des papillons qui voletaient de fleur en fleur puis elles se sont brossées presque avec timidité comme si elles se découvraient pour la première fois. Enfin, la pointe de leur langue est venue flirter l’une avec l’autre, se charmant, au début par de légers contacts qui s’intensifièrent au fur et à mesure que leurs palpitations s’accéléraient puis elles se caressèrent langoureusement dans un mouvement lent, enfin elles s’enlacèrent intimement.
Ce baiser était chargé d’émotion, ils y déversèrent tout leur amour qui était plus grand que jamais pour effacer ces jours d’angoisse, pour apaiser la souffrance, pour étancher cette soif qu’ils avaient l’un de l’autre. C’était une délivrance. C’est seulement lorsqu’ils furent à bout de souffle qu’ils s’interrompirent se sentant vertigineux.
– Je t’aime tellement mon amour ! Dirent-ils en chœur. Ils s’enlacèrent très intimement pendant quelques minutes sans un mot profitant de leur étreinte réconfortante puis Candy rompit le silence.
– Il faut que je te parle.
– Oui, je sais ma Princesse, j’attendais que tu sois remise sur pieds mais je brûle de savoir pourquoi ? Pourquoi tu ne m’as rien dit? Il la regardait intensément, on pouvait déceler un soupçon de larmes témoignant de sa profonde émotion à la mémoire de cette souffrance insupportable.
– Tout d’abord, je te demande pardon, pardon mon Petit Bert de t’avoir brisé le cœur mais c’était pour te sauver la vie !
– Raconte-moi tout Candy ! C’était une supplique.
Alors elle lui narra toute l’histoire en détails de ses deux agressions et de l’horreur du dilemme dans lequel elle s’était retrouvée : lui briser le cœur ou risquer sa vie ? Albert comprit son choix n’osant pas imaginer ce qu’elle avait dû traverser et endurer entre les deux agressions, les menaces et cette terrible fausse rupture ! Il lui pardonna tout, ce n’était pas de sa faute même s’il lui reprocha de ne pas lui avoir tout dit tout de suite mais il comprit pourquoi elle l’avait fait, pour lui sauver la vie !
– Candy, j’aurais préféré perdre la vie que de te perdre, toi ! Promets-moi de ne plus jamais rien me cacher, fusse au péril de ma vie ! N’oublie pas le sandwich que nous avons partagé.
– Je te le promets, mon amour mais j’ai tellement peur pour toi !
Il y avait des larmes dans leurs yeux. Tous ces évènements, avoir été séparés ainsi en pensant que ce serait pour toujours avaient magnifié encore davantage leurs sentiments. L’absence n’est-elle pas, pour qui aime, la plus certaine, la plus efficace, la plus vivace, la plus indestructible, la plus fidèle des présences ? (5)
Albert l’a prise alors dans ses bras, la berçant, l’embrassant sur tout son visage, son front, ses paupières, ses joues, son menton et ses lèvres qu’il prit avec une passion ardente cette fois-ci. Il voulait se rassurer qu’elle était bien là entre ses bras et bien vivante, qu’elle n’était pas un rêve mais bien faite de chair et de sang, il avait failli la perdre dans tous les sens du terme. Il lui donna un baiser plus avide, plus fiévreux, leurs langues plus coquines jouaient l’une avec l’autre à se quitter puis à se retrouver avec toujours plus d’ivresse à chaque nouvelle touche tandis que ses mains exploraient son dos, sa taille et remontaient lentement et langoureusement vers sa poitrine qu’il caressa avec sensualité, la faisant vibrer et gémir. Quelle volupté ! Malgré le tissu de sa robe elle sentait la ferveur de ses mains et Candy qui avaient mis ses bras autour de sa taille resserra son étreinte afin de le sentir plus proche, elle retrouvait ainsi plus intimement son contact, sa chaleur, son odeur qui lui avaient tant manqués. Albert ressentit alors chacune de ses courbes contre son corps comme autant de tentations, d’entendre ses gémissements et sa respiration qui s’accélérait, de sentir sa fragrance lui envahir les narines, sa propre excitation montait en flèche. Après toutes ses émotions, ses nerfs étaient à fleur de peau alors il diminua peu à peu l’intensité de leurs caresses et de leurs baisers pour rester maitre de ses sens complétement en éveil.
Maintenant, il restait deux questions en suspens : Qui ? Et Pourquoi ? Albert allait bien sûr mener son enquête qui devrait pouvoir aboutir plus facilement maintenant que Candy avait révélé tous les détails avec la description des deux mafieux. Mais ils devraient maintenir leur relation secrète en attendant de découvrir la vérité car Albert serait en danger si le commanditaire de ces agressions venait à savoir qu’ils poursuivaient leur romance et qu’ils avaient l’intention de se marier, quoiqu’il en soit !
Maintenant, quels vont être leurs plans pour pouvoir enfin se marier ? Vont-ils enfin découvrir qui se cache derrière tout ça ?
Une petite vidéo pour nos amoureux enfin réunis parce que la relation entre Candy et Albert a toujours été « plus que des mots » car elle a surtout été éprouvée par des actes inspirés par un amour profond, véritable et sincère.
More Than Words (*)
Maintenant j’espère que vous êtes rassuré(e) de voir nos deux tourtereaux enfin réunis et qui s’aiment plus que jamais. ❤❤❤
J’ai mis les bouchées triples pour écrire et publier à la suite ces trois chapitres chargés d’émotions épuisantes à décrire (croyez-le ou pas mais c’était éprouvant pour moi aussi) et ainsi ne pas vous laisser trop longtemps dans le grand suspense. Heureusement que je suis actuellement en congés mais je crois qu’après cela je vais avoir besoin de vacances pour me reposer de mes vacances ! 😆
Le prochain chapitre n’est pas encore écrit mais j’ai besoin d’un petit break alors n’attendait pas la prochaine publication avant deux semaines.
En tout cas merci de votre confiance et même du soutien que certaines m’ont témoigné, notamment par courriel après le chapitre 19 ! J’ai beaucoup apprécié 🙂 …
Tous mes remerciements pour tous vos commentaires, votre humour et votre fidélité Antlay, Ms Puddle et Vera Garcia ainsi que toutes celles qui me les envoient par courriel.
Merci également à tous les lecteurs d’avoir pris le temps de la lecture de mon histoire jusqu’ici, même s’ils restent silencieux mais je serais tellement contente de vous entendre ne serait-ce qu’une fois un jour ! 😉
❤❤❤
Et comme toujours si vous trouvez des erreurs, n’hésitez pas à me les signaler !
Notes :
(1) On connait plutôt un autre poème plus célèbre de Lamartine, « Le Lac » que vous pouvez lire ici mais j’aime beaucoup celui-ci également que je souhaitais, éventuellement, vous faires découvrir. Le vers dont parle Albert est par contre assez connu. Eh oui, j’aime beaucoup la poésie ! 😉
(2) Encore s’écrivait à l’époque encor
(3) Aquilon : dans ce poème la première fois que le mot est cité, c’est un nom littéraire pour signifier le nord mais dans le dernier vers il a un sens plus commun : un vent fort et froid du nord.
(4) puîs-je = puis-je
(5) Citation que j’aime beaucoup de Marcel Proust (même si ce n’est pas mon auteur préféré) extraite de « La fin de la jalousie » une nouvelle du recueil « Les Plaisirs et les jours » sa première œuvre publiée en 1896.
Paroles et traduction de Without You (Sans Toi)
No I can’t forget this evening
Non je ne peux pas oublier cette soirée
Nor your face as you were leaving
Ni ton visage quand tu m’as quittée
But I guess that’s just the way
Mais je suppose que c’est juste la manière dont
The story goes
L’histoire continue
You always smile but in your eyes
Tu souris toujours mais dans tes yeux
Your sorrow shows
Ta peine se voit
Yes it shows
Oui elle se voit
No I can’t forget tomorrow
Non je ne peux pas oublier demain
When I think of all my sorrow
Quand je pense à tout mon chagrin
When I had you there
Quand je t’avais près de moi
But then I let you go
Mais, ensuite je t’ai laissé partir
And now it’s only fair
Et maintenant c’est normal
That I should let you know
Que je doive te faire savoir
What you should know
Ce que tu dois savoir
[Chorus]
[Refrain]
I can’t live
Je ne peux pas vivre
If living is without you
Si vivre c’est sans toi
I can’t live
Je ne peux pas vivre
I can’t give anymore
Je ne peux plus rien donner
I can’t live
Je ne peux pas vivre
If living is without you
Si c’est sans toi
I can’t live
Je ne peux pas vivre
I can’t give anymore
Je ne peux plus rien donner
Well I can’t forget this evening
Eh bien, je ne peux pas oublier cette soirée
Nor your face as you were leaving
Ni ton visage quand tu m’as quittée
But I guess that’s just the way
Mais je suppose que c’est juste la manière dont
The story goes
L’histoire continue
You always smile but in your eyes
Tu souris toujours mais dans tes yeux
Your sorrow shows
Ta peine se voit
Yes it shows
Oui elle se voit
[Chorus]
[Refrain]
(*) Paroles et traduction de The Power Of Love (Le Pouvoir De L’amour)
The whispers in the morning
Les chuchotements au petit matin
Of lovers sleeping tight
Des amoureux endormis l’un contre l’autre
Are rolling like thunder now
Grondent comme le tonnerre maintenant
As I look in your eyes
Tandis que je regarde dans tes yeux
I hold on to your body
Je m’accroche à ton corps
And feel each move you make
Et je ressens chacun de tes mouvements
Your voice is warm and tender
Ta voix est chaude et tendre
A love that I could not forsake
Un amour que je ne pourrais pas abandonner
[Chorus 1]
[Refrain 1]
‘Cause I am your lady
Car je suis ta femme
And you are my man
Et tu es mon homme
Whenever you reach for me
Tu peux m’appeler à n’importe quel moment
I’ll do all that I can
Je ferai tout ce que je peux
Lost is how I’m feeling lying in your arms
Je me sens perdue lorsque je suis allongée dans tes bras
When the world outside’s too
Lorsque le monde de dehors est trop
Much to take
Dur à surmonter
That all ends when I’m with you
Que tout cela cesse quand je suis avec toi
Even though there may be times
Bien qu’il y puisse y avoir des moments
It seems I’m far away
Où je semble être ailleurs
Never wonder where I am
Ne me demande jamais où je suis
‘Cause I am always by your side
Car je suis toujours à tes côtés
[Chorus 1]
[Refrain 1]
[Chorus 2]
[Refrain 2]
We’re heading for something
Nous nous dirigeons vers quelque chose
Somewhere I’ve never been
Quelque part où je ne suis jamais allée
Sometimes I am frightened
Parfois je suis effrayée
But I’m ready to learn
Mais je suis prête à apprendre
Of the power of love
Le pouvoir de l’amour
The sound of your heart beating
Le son de tes battements de coeur
Made it clear suddenly
M’a fait comprendre soudain
The feeling that I can’t go on
Ce sentiment que je ne suis incapable de continuer
Is light years away
Est à des années lumières
[Chorus 1]
[Refrain 1]
[Chorus 2] (x2)
[Refrain 2] (x2)
(**) Paroles et traduction de More Than Words (Plus que des Mots)
Saying I love you is not the words
Me dire je t’aime ne sont pas les mots
I want to hear from you
Que je veux entendre de toi
It’s not that I want you
Ce n’est pas que je ne veuille pas
Not to say, but if you only knew
que tu les dises, mais si seulement tu savais
How easy it would be to show me how you feel
Comment il aurait été facile de me montrer ce que tu ressens
More than words is all you have to do to make it real
Plus que des mots c’est tout ce que tu as à faire pour le rendre réel
Then you wouldn’t have to say that you love me
Et alors tu n’aurais pas à me dire que tu m’aimes
‘Cause I’d already know
Car je le saurais déjà
[Chorus]
[Refrain]
What would you do if my heart was torn in two
Que ferais-tu si mon coeur était brisé en deux ?
More than words to show you feel
Plus que des mots pour montrer ce que tu ressens
That your love for me is real
Que ton amour pour moi est réel
What would you say if I took those words away
Que dirais-tu si j’enlevais ces mots ?
Then you couldn’t make things new
Dès lors tu ne pourrais pas renouveler les choses
Just by saying I love you
Juste en disant je t’aime
More than words
Plus que des mots
Now I’ve tried to talk to you and make you understand
Maintenant j’ai essayé de te parler et de te faire comprendre
All you have to do is close your eyes
Que tout ce que tu as à faire est de fermer les yeux
And just reach out your hands and touch me
Et juste de tendre tes mains et de me toucher
Hold me close don’t ever let me go
Garde-moi près de toi et ne me laisse jamais partir
More than words is all I ever needed you to show
Plus que des mots c’est tout ce dont j’avais besoin que tu montres
Then you wouldn’t have to say that you love me
Et alors tu n’aurais pas à dire que tu m’aimes
‘Cause I’d already know
Car je le saurais déjà
[Chorus]
[Refrain]
More than words (4x)
Plus que des mots (4x)
Hello, Laure Saint-Yves! I finally managed to read this story. I have read it before when it had only a few chapters, but (as usual) I somehow forgot to leave comment. However, here I am again now, trying to catch up this story and I’m glad I started reading it again yesterday, because I would’ve been so upset and terribly uneasy if I couldn’t read chapter 18 to 20 in one go :). My poor Albert … he had been rather insecure with this Terry issue, ohhh … my heart was aching to read chapter 18. If there was one thing I dislike from Candy, it was her tendency to sacrifice her happiness for others. Glad that in the end she marries William Albert Ardley, a powerful man with strong character.
I promise I’ll leave a more decent review very soon. I love this story and I want to thoroughly re-read it from chapter 1 :). Thank you, and I hope you’ll write more stories after this one completed.
Hugs.
Hello dear Reeka!
What a great pleasure for me to see you on my blog, welcome to you my friend and thank you for your encouraging and nice words! It means a lot to me ❤
You could leave comment as your conveniance when you can!
You’re right Candy had a big sense of sacrifice for others she was so selfless! I know I was cruel with our golden couple in chapter 18 but at the end their love was even stronger.
Big hug :-*
Bonjour Laure Saint-Yves
J »ai beaucoup aimé ce chapitre aussi. Terry qui s’implique pour le bonheur de Candy pour une fois, c’est effectivement ce qui manque dans CCFS. Une belle façon de tourner la page une bonne fois pour toute.
Très emouvant aussi Albert au chevet de Candy.
Je suis curieuse de lire la suite, en attendant profitez bien de vos vacances.
Bonjour Antlay!
Merci de vos gentils mots!
Je ne pouvais pas laisser Candy, Terry et Albert sans une bonne et sincère discussion et lever ainsi toutes les ombres. J’avais toujours rêvé de les voir rester amis avec le temps et puis J’aime bien aussi Terry malgré ses erreurs de jeunesse, personne n’est parfait!
Bonnes vacances à vous aussi et profitez bien de votre « monture »! 😆
Merci mais pour les vacances je dois patienter encore une vingtaine de jours 🙁
mais cela ne m’empêche pas de chevaucher Joly Jumper jusqu’au soleil couchant 😀
En passant votre commentaire concernant le chapitre 19 m’a bien fait rire, c’est un excellent scénario, peut-être la trame de votre prochaine histoire ? Vous ne manquez pas d’humour également 😉
Bonne semaine.
Allez savoir pourquoi j’ai pensé que vous étiez en vacances! Alors encore un peu de patience!
Pour le scénario de la prochaine histoire, j’avais autre chose en tête mais pour l’instant je vais déjà terminer celle-ci, encore 5 ou 6 chapitres je pense, selon l’inspiration.
Bonne journée. 🙂
Bonjour Caramelo Bert, salutations avec affection
Je félicite ce grand chapitre 20; en effet, dans ces trois chapitres de mettre nos émotions dans une roue de la fortune, mais bien la peine.
Il est intéressant de voir un Terry plus mature, qui peuvent consciemment assumer leur réalité et qui peut engager et soutenir leurs amis.
Comment Albert saura qui est derrière tout cela? Peut-être la tante Elroy ici peut être utile. Ils peuvent également profiter de la présence de Terry, à faire croire aux autres qu’il est la cause de leur rupture, nouvelles qui ne va pas plaire à Neil et donc être découvert. Eh bien, je pense qu’il vaut mieux arrêter mon imagination! Et attendre le prochain chapitre.
Et profiter de vos vacances de vacances … un câlin affectueux!, Son amie Vera.
PD: Écrivant dans le français atteints grâce à un ami, mes progrès dans l’apprentissage de la belle langue de Jules Verne sont lents.
Hola Vera Garcia, mi amiga!
Merci beaucoup de vos gentils mots et félicitations pour votre message en français, j’aimerais savoir écrire en espagnol de la même manière! L’apprentissage d’une langue est long mais courage vous êtes sur la bonne voie.
Je voulais terminer l’histoire entre Candy, Terry et Albert d’une belle manière pour eux trois, de façon à ce que l’amitié prévale et que les ombres du passé disparaissent. Les voici maintenant apaisés et Albert sait qu’il est le véritable amour de Candy!❤
Votre scénario est tout à fait intéressant, je vous laisse découvrir bientôt ce que j’ai prévu… 😉
Un bon dimanche à vous avec mes pensées affectueuses.
Hola Vera Garcia
Hablas muy bien el frances, félicitationes 😀
Hola Antlay.
Primeramente, gusto en conocerte de manera virtual, a través de tus comentarios en este blog de CarameloBert. Gracias por la felicitación, pero mi aprendizaje del francés es lento; en verdad el merito es de un amigo que me ayuda con la comprensión y escritura de esta bella lengua.
Que tengas una excelente semana y quedo como tu amiga Vera.
Désolé Caramelo Bert si je réponds Antlay à travers votre blog, mais il est le seul moyen de contact.
Hola Vera Garcia!
Aucun souci, vous pouvez discuter avec toutes les personnes qui participent à ce blog! C’est un réel plaisir pour moi! 😀
Merci et c’est un plaisir également de faire votre connaissance d’autant que vous avez aussi beaucoup d’humour 😀
Passez une bonne semaine.
Bonjour Laure Saint-Yves!
Finally, I finished reading this chapter, and I must say I enjoyed reading these three chapters within a short time. It was like taking a roller coaster ride! 😉
I’m so glad Candy and Terry finally had a chance to talk things through. I have a strong feeling she couldn’t do that in Mizuki’s CCFS… that Candy hadn’t seen Terry again after the trip to Rockstown. 🙁 Anyway, Terry was a hero this time. He not only saw through Candy but « sacrificed » himself to bring Albert to her.
The part where Albert lovingly spoke to Candy in coma was very touching, and of course the beautiful reconciliation. What doesn’t kill us makes us stronger, indeed!! Their love will be invincible after this trial, and Albert and Candy knew nothing could separate them. Hopefully, Candy would not hide anything from Albert ever again!
Bravo, mon amie! You deserve a break from this. 🙂
p.s. I love the song « The power of love »!!
Hello Ms Puddle,
Sorry for my delayed answer but I have had to face some problems! 🙁 I have some of your posts to cach up too!
Well, Thank you for your kind words, my friend!
I was too frustrated for Candy who had never had a true discussion with Terry and I think they deserve it, also for Albert with Terry, they were friends after all!
So, now all is clear, Albert is sure now he was the true love of Candy, Terry will not be a sword of Damocles or a shadow above their love anymore and « love never fails! » Isn’t it Ms Puddle? 😉 ❤
P.S.: I love this song very much too! 😀