Chapitre 3 : Visite à Lakewood, la mémoire d’Anthony
Avertissement : L’histoire de Candy Candy et de tous ses personnages appartiennent à Kyoko Mizuki, les images à Yumiko Igarashi et le dessin animé à TOEI Animation.
L’histoire écrite ci-après est une fiction à but non lucratif.
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Lakewood, fin août 1918
Dans la voiture qu’Albert conduisait, ils furent d’abord silencieux, très émus de se retrouver. Puis tout à coup Albert qui était de très bonne humeur se mit à chantonner une ballade écossaise.
Come by the hills to a land where fancy is free
And stand where the peaks meet the sky and the lochs reach the sea
Where the rivers run clear and the bracken is gold in the sun
And the cares of tomorrow must wait ’til this day is done.
Come by the hills to the land where life is a song
And sing while the birds fill the air with their joy all day long
Where the trees sway in time and even the wind sings in tune
And the cares of tomorrow can wait ’til this day is done.
Come by the hills to a land where legend remains
Where stories of old stir the heart and may yet come again
Where our past has been lost and the future has still to be won
And the cares of tomorrow must wait ’til this day is done.
Candy écoutait complétement subjuguée par sa belle voix et par les paroles de cette superbe chanson.
– « Oh Albert c’est magnifique, je ne savais pas que tu chantais et si bien en plus ! »
– « Tu aimes ? »
– « Oh oui beaucoup c’est quoi cette chanson? »
– « C’est une ballade Écossaise que j’ai souvent entendu dans mon enfance, ma sœur me la chantait souvent. »
– « Elle est vraiment, superbe, il faudra que tu me la rechantes. En connais-tu d’autres ? »
– « Oui, bien sûr, mais ce sera pour un autre jour ! » Albert avait en fait envie de discuter avec Candy.
– « Tu sais Candy… tu m’as vraiment beaucoup manqué. »
– « Mais toi aussi Albert, tu m’as beaucoup manqué. Heureusement qu’il y a eu tes lettres, j’ai beaucoup aimé notre correspondance. »
– « Oui c’est vrai Candy, moi aussi. Nous avons pu éclaircir certaines choses. »
– « Oui papa ! »
– « Candy ! »
– « Je plaisantais, tu sais je ne t’en veux plus. J’ai compris pourquoi tu m’as caché ton identité. Après tout, j’étais à peine sortie de l’enfance à l’époque où tu m’as sauvée de la noyade. »
– « Oui. Et ensuite à Londres, j’aurais pu te le dire car je sentais que je pouvais te faire confiance, cependant je voulais préserver l’authenticité de notre relation et attendre mon entrée en fonction officielle dans la famille, plus tard, après mon voyage en Afrique.Mais c’était sans compter sur l’accident en Italie et mon amnésie, ce qui a compliqué les choses. »
– « Mais au fait, tu ne m’as toujours pas dit quand tu as retrouvé la mémoire ? Et pourquoi tu ne me l’as pas dit tout de suite ?»
– « Je te le dirai Candy, mais plus tard … laisse-moi encore un peu de mes mystères ! » Répondit-il de façon énigmatique et en lui faisant un clin d’œil. » Il songeait « Je ne peux pas encore te dire que ça faisait des mois et que si je te l’ai caché c’était pour rester avec toi plus longtemps. Qu’il m’était impossible de te quitter, j’étais si bien en vivant avec toi.»
– « Je ne comprends pas pourquoi en faire un secret mais bon… n’en parlons plus ! »
Ils arrivèrent enfin à la propriété au portail des roses d’Anthony, si cher à son cœur. Il y avait tant de souvenirs ici. Candy soupira.
– « Qu’as-tu Candy, pourquoi ce soupir ? »
– « Je pensais à Anthony, c’était sa roseraie. »
– « Oui, c’est vrai. Ma sœur Rosemary adorait aussi les roses, c’est d’elle qu’il a hérité cette passion. »
– « Oui je le sais, il m’en avait parlé… Albert… sais-tu où se trouve exactement le lieu de … l’accident ? ».
Albert était très surpris par sa question.
– « Oui… pourquoi ? »
– « J’aimerais y aller… je n’y suis jamais retournée. »
– « Penses-tu que ce soit une bonne idée ? »
– « Je ne sais pas… mais j’en éprouve le besoin… je ne sais pas pourquoi… quelque chose me pousse à y aller.»
– « Si tu y tiens, on pourrait y aller demain.»
Albert était inquiet de sa demande car lui non plus n’était jamais retourné sur le site maudit. Il se sentait responsable car c’est lui qui avait ordonné la chasse au renard ce jour-là. Il craignait les émotions que cela leur provoquerait à tous les deux, mais Candy le souhaitait alors il le ferait pour elle.
– « D’accord.. » dit-elle pensivement.
Enfin ils atteignirent le manoir. Candy lui demanda :
– « La grande Tante Elroy sait-elle que je viens ? »
– « Tu as peur de rencontrer ma tante, c’est ça ? »
– « Un peu… je sais qu’elle ne m’apprécie guère. »
– « Rassure-toi, elle a rejoint les Leagan en Floride. »
– « C’est vrai ? Et comment va-t-elle ? » Malgré toutes les misères que la vieille dame lui avait fait subir, Candy était sincèrement concernée à son sujet.
– « Elle a un peu d’hypertension et le médecin lui a conseillé d’aller se reposer au Soleil. »
– « Ah je vois. »
Quelque part elle était quand même soulagée de ne pas avoir à rencontrer ce vieux dragon qui ne l’avait jamais portée dans son cœur. Albert stoppa la voiture, il descendit et la contourna pour aller ouvrir la portière à Candy, tout galant qu’il était.
– «Bienvenue à Lakewood, Candy ! »
– « Merci Albert, je suis vraiment très heureuse de passer ces quelques jours en ta compagnie. »
– « Moi aussi Candy. Je suis très heureux que nous soyons enfin de nouveau ensemble… » dit-il avec un sourire timide pensant « plus que tu ne l’imagines… cette époque où nous partagions notre vie à l’appartement des Magnolias, me manque tellement » Puis il ajouta :
« Viens, entrons nous rafraichir un peu et ensuite, dîner, il est déjà tard. »
– « Oui, bien sûr, je te suis. »
Le dîner se déroula dans la bonne humeur. Ils se racontèrent ce qu’ils avaient fait pendant ces mois de séparation, plus en détails que dans leurs lettres. Ils avaient plein d’anecdotes à partager comme au bon vieux temps. Leur complicité était restaurée et ils étaient heureux. Puis vint le moment d’aller dormir, Albert accompagna Candy jusqu’à sa chambre habituelle lorsqu’elle venait ici. Il lui ouvrit la porte, rien n’avait changé depuis la dernière fois. Il lui souhaita une bonne nuit en la regardant intensément dans les yeux. Candy se mit à rougir ne sachant pas vraiment comment interpréter ce regard, puis il se rapprocha pour l’embrasser sur le front. La touche de ses lèvres sur sa peau la fit frissonner. Depuis qu’elle l’avait retrouvé après sa disparition des Magnolias, chaque fois qu’Albert la touchait d’une façon ou d’une autre, elle était toute chamboulée.
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Le lendemain matin après le déjeuner, ils décidèrent d’aller sur le lieu de la mort d’Anthony comme ils l’avaient prévu la veille (1). Il fallait y aller à cheval mais Candy ne voulait pas monter seule. Depuis l’accident et malgré le traitement de choc que lui avait imposé Terry (2), elle avait toujours une certaine crainte de monter. Albert la hissa donc sur son cheval devant lui. Elle était assise les deux jambes pendant du même côté, son épaule droite appuyée sur la poitrine du jeune homme qui la tenait étroitement entre ses bras forts. Il pouvait sentir sa fragrance de rose si enivrante. La sentir si près… ce contact intime… c’était si agréable, mais en même temps ses émotions étaient mises à rude épreuve. Tenir ainsi dans son giron la femme qu’il aimait tant… quelle tentation ! Pour s’aider à garder la tête froide, il se concentra sur le but de cette chevauchée qui était pleine d’un autre type d’émotions et déchirantes celles-ci.
Dans le même temps Candy se sentait si bien au creux des bras de l’homme qui l’avait toujours protégée. Elle aimait son odeur masculine, la chaleur de son corps viril ; elle pouvait entendre le tempo de son cœur si rassurant. La présence d’Albert lui manquait terriblement, elle ne s’était jamais sentie aussi bien, elle aurait toujours voulu être ainsi. Mais elle aussi craignait ce qui les attendait au bout du chemin même si elle était initiatrice de cette « visite ».
Ils arrivèrent sur les lieux à proximité des bois verdoyants, un tapis de fleurs bleues s’étendait partout. Albert descendit le premier puis aida Candy à faire de même. La tension était palpable, il la regarda dans les yeux pour sonder ses pensées. Une boule dans la gorge et la bouche desséchée, il lui demanda :
– « Candy, es-tu vraiment sûre, nous pouvons encore repartir tu sais ? »
– « Non ! … ça va aller… »
Elle était déterminée alors il lui prit la main et ils s’approchèrent. Candy reconnut le lieu exact même si à l’époque c’était l’automne, le relief n’avait pas changé. Elle se raidit alors que les images de ce moment funèbre lui revinrent en mémoire et les larmes jaillirent de ses yeux. Albert à ses côtés la tint alors par les épaules pour lui apporter tout son soutien et essayer de lui transmettre de sa force bien que lui-même était tourmenté pour ne pas dire hanté par cet horrible événement. Puis elle dit en sanglotant:
– « Anthony, …tu es mort … si jeune… et c’est … de ma faute ! »
– « Non !!! … Candy ! …Ce n’est pas vrai ! C’est moi qui suis responsable pour avoir ordonné cette chasse. »
Sa voix révoltée tremblait d’émotion. Albert était stupéfait par ses paroles, alors depuis tout ce temps elle s’en voulait, elle se sentait responsable ?! Quelle souffrance elle a dû endurer !!! Il le savait très bien car c’était le même sentiment qui l’avait tourmenté depuis.
– « Oh Albert ! Je ne savais pas que tu te sentais responsable toi aussi, mais c’était pour me présenter à toute la famille après mon adoption donc c’était à cause de moi. »
Elle le regardait dans les yeux et y vit une telle détresse et tristesse, ses yeux étaient vitreux et larmoyants. Elle se sentit submergée par un torrent d’émotions, elle réalisait qu’Albert également avait beaucoup souffert de la perte de son neveu avec le poids de la culpabilité aussi. Avec délicatesse, il lui avait pris le visage entre ses mains et avec ses deux pouces il lui essuya tendrement ses larmes, regardant intensément dans ces beaux lacs verts agités par les tourments. Elle était belle même dans la tristesse et le chagrin.
– « Candy, je pense qu’il est temps que l’on se pardonne tous les deux. C’était un accident tragique dont nous avons beaucoup souffert. » Sa voix se brisa sur le dernier mot.
(Josh Groban « You Raise Me Up »!)
Candy se réfugia alors dans ses bras sanglotant fortement, plus un mot n’était nécessaire. Il l’attira à lui plus intimement comme pour absorber sa douleur. Il lui caressa gentiment les cheveux et le dos pour l’apaiser, puis il déposa un baiser sur le sommet du crâne. Candy, toute tremblante, le serrait très fortement, enlaçant sa taille ; sa proximité lui faisait du bien, comme un baume sur ses blessures. Ils partageaient leur chagrin ensemble et ils le surmonteraient ensemble. Cela leur donnait une force. Aucun d’eux n’avait pu assister aux obsèques d’Anthony. Candy était inconsciente et n’était pas en état d’y assister, tandis qu’Albert devait se cacher à l’époque car la grande tante Elroy voulait le protéger en tant que seul héritier et l’avait donc isolé du reste de la famille. Par conséquent, il lui était interdit d’assister même aux événements les plus importants. Ainsi, ils n’avaient pas pu vraiment faire leur deuil depuis tout ce temps. Mais là, maintenant, c’était comme s’ils pouvaient enfin lui dire adieu. Candy, qui avait apporté une rose « Sweet Candy » – une création que le jeune disparu lui avait offert pour son anniversaire- la déposa sur le lieu précis de la chute d’Anthony et prononça les mêmes paroles qu’il lui avait dites un jour en parlant de sa mère Rosemary : «Tout comme les fleurs renaissent d’autant plus belles après avoir fané, lorsqu’une personne meurt, elle réapparait d’autant plus belle dans le cœur de chacun pour l’éternité… Oui, Anthony, ta maman avait raison et tu resteras à jamais dans notre cœur.» La voix chevrotante de Candy était teintée d’une profonde émotion.
Albert lui demanda l’origine de ces paroles et il fut très ému de connaître ces mots échangés entre son neveu et sa défunte sœur peu de temps avant sa propre disparition. Les sanglots s’étaient calmés. Les deux avaient senti comme un poids en moins dans leur cœur.
– « Tu sais Candy, je crois qu’on a bien fait de venir finalement. »
– « Oui, moi aussi et je suis soulagée d’avoir partagé cela avec toi, personne n’aurait pu comprendre et me soutenir aussi bien. »
Ils s’étreignirent de nouveau. Ces deux êtres à l’âme meurtrie et tourmentée avaient fini par trouver la paix ; ils s’étaient guéris mutuellement en quelque sorte. Une fois de plus Candy et Albert avaient été un soutien inestimable l’un pour l’autre. La communion de leurs esprits était indéniable, ils étaient de véritables âmes sœurs, liées à jamais.
Le chemin du retour avait été plus détendu, ils étaient restés muets mais dans ce cas le silence était une forme de communication à un niveau spirituel. Candy était blottie entre les bras d’Albert qui la serrait comme son bien le plus précieux. Albert pensait qu’après toutes ces émotions qui les avaient épuisés nerveusement, ils auraient bien besoin de détente et d’activités plus légères.
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Remerciements pour tous vos commentaires passés et futurs, ainsi que tous les lecteurs même silencieux !
Notes de l’auteur :
(1) Come by the hills pour votre intérêt vous pouvez écouter cette magnifique ballade Écossaise en cliquant sur le lien intégré dans le titre.
Traduction:
Venez par les collines
Venez par les collines vers une terre où la fantaisie est libre
Et restez où les pics se rencontrent avec le ciel et les lacs atteignent la mer
Où les rivières s’écoulent limpides et la fougère est de l’or au soleil
Et les soucis de demain peuvent attendre jusqu’à ce que le jour soit fini.
Venez par les collines vers la terre où la vie est une chanson
Et chanter pendant que les oiseaux remplissent l’air de leur joie toute la journée
Lorsque les arbres se balancent dans le temps et même le vent chante en harmonie
Et les soucis de demain peuvent attendre jusqu’à ce que le jour soit fini.
Venez par les collines vers une terre où la légende demeure
Où les histoires de la vieille remuent le cœur et peuvent encore revenir
Où notre passé a été perdu et l’avenir doit encore être gagné
Et les soucis de demain peuvent attendre jusqu’à ce que le jour soit fini.
Laure Saint-Yves Merciiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
???
Well done, Laure Saint-Yves! I like that this trip was spread over few days, and that Candy and Albert had some private time to themselves. Of course, the trip to the forest was touching, and as Antlay said, it was the first time Candy saw Albert’s anguish. He was willing to share his sorrows with her.
Nice Scottish folk song by the way! I’ve always thought Albert must have a great singing voice, so he sang to Candy while driving. How many times had he practiced beforehand? 😉 Anyway, Candy said she was enchanted or enraptured. 🙂
Ha! Ha! Ha! I always thought with his Scottish origin Albert could be a good singer too! 😆 I know Candy never heard him singing while they were living together but, I thought he could have remembered this song after he had recovered his memory! By the way I like foreign folk music and specially celtic ballads!
About the trip to the forest, it was you, Ms Puddle, with « The diary » who has inspired me! I tried to make it different but after your beautiful and touching description of the scene, it was difficult!
Bonjour Laure Saint-Yves
J’adore cette balade écossaise, les paroles et le clip !
Très émouvant le retour sur le lieu de l’accident, . La scène du partage du fameux sandwich me revient à la mémoire, je crois bien que depuis c’est la première fois qu’ils partagent leurs peines ensemble.
Re-bonjour Antlay,
Merci pour cet autre commentaire.
J’ai pensé que cela serait sympa de placer de temps en temps une chanson!
Oui effectivement vous avez raison pour le partage de leurs peines, en plus celle-ci leur est commune.
Au plaisir! 🙂