Chapitre 12: Doutes

Avertissement : L’histoire de Candy Candy et de tous ses personnages appartiennent à Kyoko Mizuki, les images à Yumiko Igarashi et le dessin animé à TOEI Animation.
L’histoire écrite ci-après est une fiction à but non lucratif.
ooo

Voici le nouveau chapitre, au départ j’avais prévu un seul très grand chapitre
mais au final je l’ai divisé en deux (12 et 13).
J’espère que vous aimerez?

Chicago, manoir des Ardlay, fin décembre 1918

Dimanche, nos deux amoureux avaient pris le train pour Chicago pour atteindre leur destination dans l’après-midi. Annie et Archie seraient aussi bientôt là à la plus grande joie de Candy qui s’impatientait de revoir ses amis dans des conditions plus gaies que la dernière fois.
Le couple de blonds essayait de se comporter comme de simples amis entre le personnel et la famille mais c’était très frustrant. La Grande Tante Elroy réduisait au maximum ses interactions avec Candy en limitant leur contact principalement aux repas ce qui en quelque sorte soulagea notre blonde aux yeux verts.

Albert profita de son retour à Chicago pour traiter quelques affaires urgentes avec Georges. C’était peut-être les congés de Noël mais dans le monde des affaires, les vacances ne signifiaient pas toujours grand-chose ! Candy se retrouva ainsi immergée à nouveau dans le monde de William Albert Ardlay un peu livrée à elle-même et elle n’était pas à l’aise. Etre heureuse avec Albert dans la maison de son enfance donc dans son monde était facile mais ici où elle s’est toujours sentie une étrangère, en particulier rejetée par la Grande Tante, c’était une toute autre histoire. Elle commença à se poser mille et une questions.

« Albert, tu es un personnage si important, le chef de l’une des familles les plus puissantes des Etats-Unis, comment un homme de ton envergure peut s’intéresser à moi, me voir en tant qu’une future épouse, la future mère de ses héritiers ? Nous n’avons pas encore parlé de mariage d’ailleurs ! Je ne suis pas du même monde que toi ! Toutes ces mondanités et le décorum qu’exigent ton rang et la Grande Tante Elroy qui m’a toujours détestée, serai-je à la hauteur ? … Candy se sentait envahie de doutes, de craintes que le bonheur ne lui échappe à nouveau. Elle ne doutait pas de ses sentiments ou de ceux d’Albert mais ce monde hostile dans lequel il vivait lui faisait redouter le pire. Elle avait un mauvais pressentiment quand à cette grande fête du réveillon, de plus elle savait que tous les Leagan seraient là aussi.

Candy était donc contente de pouvoir se changer les idées avec ses deux amis qui venaient juste d’arriver pour passer du bon temps. Annie en particulier avait l’air toute excitée, elle entraina Candy dans sa chambre sous prétexte de lui montrer ses dernières tenues à la mode mais c’était surtout pour discuter.

– « Candy, j’ai une grande nouvelle à t’annoncer ! »

Annie avait l’air radieux, elle prit les mains de Candy dans les siennes et ménagea le suspens.

– « Annie ne me fait pas languir, raconte-moi, quelle est cette grande nouvelle ? »

Candy remarqua que l’excitation de sa sœur était palpable et que ses yeux brillaient.

– « Archie m’a fait sa demande ! »
– « Oooh ! C’est vrai ? Que je suis heureuse pour toi, pour vous deux. Enfin une bonne nouvelle ! Le mariage est prévu pour quand ? » Elle prit Annie dans ses bras.
– « Pas si vite Candy ! Rien n’est encore officiel, il faut d’abord que nous en parlions à nos deux familles, ensuite il y aura les fiançailles et seulement ensuite le mariage quand Archie aura terminé ses études. »
– « Oui, je vois mais quand te l’a-t-il demandé ? »
– « Le lendemain de Noël quand il est passé me récupérer avant de venir ici car le 25 nous étions chacun avec nos parents. Il m’a invitée au restaurent et il m’a offert mon cadeau et c’était une bague ! »

Annie se leva et alla chercher l’anneau en or jaune surmonté d’un solitaire en diamant blanc qui était dans sa boite à bijoux.

– « La voilà, je ne peux pas encore la mettre tant qu’il n’a pas demandé ma main à mon père et en avoir parlé au Grand Oncle William mais ses parents sont déjà d’accord.»
– « C’est tout frais alors, tu dois être sur ton petit nuage ! » Dit-elle avec un clin d’œil.
– « Oh oui, c’est le plus beau cadeau de Noël que j’ai jamais eu ! »

Candy pensait intérieurement en souriant « quelle coïncidence car moi aussi ! » Et elle pensait surtout à son baiser avec Albert et sa découverte qu’il était son Prince des collines. Annie reprit avec hésitation:

– « Candy, j’aurais tellement voulu que tu connaisses le même bonheur toi aussi …»

Elle ne voulait pas blesser son amie mais elle voulait savoir où en était Candy car Archie lui avait rapporté sa discussion avec elle sur le fait qu’elle avait tourné la page « Terry ».

– « Cela arrivera peut-être un jour… »

Candy avait l’air songeur, ce qui n’échappa pas à Annie qui sentait instinctivement que Candy lui cachait quelque chose alors elle lui demanda en la regardant droit dans les yeux pour scruter le moindre indice supplémentaire dans l’attitude de sa sœur :

– « Candy, aurais-tu rencontré quelqu’un ? Y aurait-il un nouvel homme dans ta vie ? »
Candy, détourna le regard en rougissant, embarrassée par la question d’Annie qui avait mis dans le mille.
– « Euh !… Non, non !… »
– « Oh, allez Candy, tu n’oserais pas me cacher ce genre de chose quand même surtout après ce que je viens de te confier. Je sens bien que tu ne me dis pas la vérité ! »

Candy réfléchit un instant, elle hésitait à parler d’Albert avec Annie. C’était tout récent et ils n’avaient pas encore discuté des détails de leur engagement et elle voulait garder le secret pour le moment mais Annie avait deviné qu’elle avait de nouveau quelqu’un dans sa vie et puis elles s’étaient toujours tout confié, enfin elle se décida.

– « Oui, c’est vrai tu as bien deviné Annie, il y a bien quelqu’un de très cher à mon cœur ! »
– « C’est vrai mais qui est-ce ? »
– « Mmmm… »
– « Oh allez Candy, s’il te plait maintenant tu en as trop dit, tu ne peux pas me laisser avec ce suspens, je le connais ?
– « Oui, tu le connais ! »
– « Alors qui ? Candy, s’il te plait ! »

Candy hésitait encore mais elle avait besoin d’en parler car depuis qu’elle était revenue à Chicago dans le monde de William Albert Ardlay, elle se sentait un peu perdue et se posait beaucoup de questions.

– « Avant promets-moi de ne rien dire à personne même pas à Archie. »

Annie était étonnée de sa demande, pourquoi en faire un si grand secret ?

– « Je te le promets. »
– « C’est… Albert ! »
– « Albert !!! » s’exclama Annie. « Tu veux dire le Grand Oncle William ?! »
– « Oui. »
– « Waouh ! Si je m’y attendais ! Mais en même temps vous vous êtes si bien occupés l’un de l’autre quand vous étiez à la Maison des Magnolias. En fait j’avais remarqué à l’époque qu’il te regardait avec adoration mais alors je n’y ai pas prêté plus attention vu que tu étais amoureuse de Terry et j’ai pensé que c’était de la gratitude pour l’avoir soigné et hébergé. »
– « C’est vrai Annie, tu avais remarqué ça ? »
– « Oui, il était tellement attentionné pour toi et toujours inquiet de ton bonheur. »

Candy émit un petit rire nerveux.

– « Il y a longtemps ? Et quand allez-vous concrétiser ? »
– « Tu sais Annie, personne ne le sait à part toi, c’est tout récent, il y a juste quelques jours qu’il s’est déclaré, à Noël exactement même si cela fait longtemps que nous avons des sentiments l’un pour l’autre. Comme tu l‘as deviné Albert est tombé amoureux de moi alors qu’il était encore amnésique et moi, je ne saurais dire exactement quand mes sentiments se sont transformés en amour mais tout ce que je sais, c’est que je l’ai réalisé seulement quand il a quitté les Magnolias. Ensuite, il y a eu la découverte de sa véritable identité et j’étais dans la confusion la plus totale. Imagine, je découvre que je suis amoureuse de mon tuteur alors j’ai tout refoulé en bloc et je l’ai quitté pour retourner à la Maison de Pony afin de réfléchir. Je ne savais même pas qu’il était amoureux de moi alors !»
– « Comme c’est romantique ! Cela me fait penser à un roman que j’ai lu dernièrement, Daddy’s long legs (1) tu devrais le lire car c’est exactement votre histoire ! »
– « Ah bon… mais tu sais Annie, ma vie n’est pas un roman et je suis inquiète… »
– « Pourquoi ? »
– « A cause de la Grande Tante Elroy qui est toujours aussi hostile envers moi et du reste de la famille, je ne suis pas sûre qu’ils voient cela d’un très bon œil, Albert est encore mon père adoptif ! »
– « Oui mais tu auras bientôt vingt et un ans et tu seras légalement responsable alors ! »
– Il n’en demeure pas moins que dans l’esprit des gens je suis sa fille adoptive. Tu imagines le scandale après l’annulation de mes fiançailles avec Neal déjà et justement par Albert ! »
– « Mais il est le chef de famille, c’est lui qui décide ! »
– « J’espère que tu as raison Annie mais malheureusement on n’empêchera pas les gens de penser et de parler or je ne veux surtout pas lui causer du tort ! »
– « En as-tu parlé avec lui ? »
– « Brièvement et il s’en moque ! »
– « Alors où est le problème Candy ? Ne laisse pas les commérages obscurcirent votre bonheur et fais-lui confiance ! »
– « Tu sais Annie, j’ai tellement peur de souffrir à nouveau, d’être encore coincée entre le devoir et l’amour ! Cette fois-ci je ne le supporterai pas ! »
– « Mais Albert n’est pas Terry ! »
– « Oui, c’est vrai… »

Candy savait que c’était vrai, Albert n’était pas Terry, ils étaient même très différents mais elle ne pouvait pas s’empêcher d’avoir des incertitudes. Elle était pleine d’insécurités, son histoire avec Terry avait laissé de profondes entailles dans son cœur, lui laissant cette impression qu’elle ne serait jamais digne d’être aimée jusqu’au point du mariage, qu’elle ne serait jamais le choix final face aux impératifs et aux exigences de la haute société ou du devoir d’un gentleman. Maintenant qu’elle était revenue au manoir après six mois, toutes ses craintes refaisaient surface.
Annie avait aperçu l’ombre d’une tristesse dans les yeux de Candy, alors pour changer de sujet et lui remonter le moral, elle lui dit avec un grand sourire :

– « Au fait, j’ai un cadeau pour toi, j’ai rapporté des nouvelles tenues tout droit arrivées de France et il y en a une pour toi ! »
– « C’est vrai ? Oh merci Annie fais voir !»

Annie se leva et alla chercher dans la garde-robe une magnifique robe de soirée avec les accessoires assortis qui lui allaient à ravir. Ainsi, elles finirent l’après-midi dans une humeur plus légère et plus frivole en découvrant tous les nouveaux vêtements à la dernière mode d’Annie.

ooo

Mardi 31 décembre 1918.

Candy pensait être revenue six mois en arrière, le jour de l’anniversaire d’Albert. La même agitation dans tout le manoir, le même faste. Elle n’était là que pour être avec Albert et retrouver Annie et Archie. Ils étaient déjà tous les trois dans la salle de réception. Les invités accueillis par Albert en tant que chef de la famille remplissaient la grande pièce magnifiquement parée. Un sapin de 5 mètres de haut richement décoré trônait près de la cheminée monumentale en marbre de Carrère. Des roses de Noël rouges et blanches ainsi que des branches de houx ornaient les buffets repas.

Candy par Ms Puddle - Le fil rouge du destin - Réveillon du jour de l'an 1919

Candy par Ms Puddle – Le fil rouge du destin – Réveillon du jour de l’an 1919

Albert n’avait pas encore vue Candy dans sa tenue de soirée et il la cherchait des yeux. Enfin, il l’aperçut alors qu’elle était en grande discussion avec ses deux amis. Elle portait la magnifique robe de Jeanne Paquin (2) qu’Annie lui avait offerte la veille. Sa forme rappelait le style Directoire, son buste avec ses belles rondeurs féminines était mis en valeur par la taille haute. Elle était constituée de deux éléments, un fond en soie rose s’arrêtant juste au niveau de la cheville. Par-dessus, une partie en dentelle fine brodée de couleur prune et au motif floral, qui s’arrêtait sur le devant au trois-quarts de la longueur et s’allongeait progressivement vers l’arrière en une petite traine. Le décolleté avait une forme carré. De petites manches constituées uniquement par la dentelle couvraient à peines ses jolies épaules. De petites perles blanches mettaient en valeurs les contours des fleurs de la dentelle et bordaient le décolleté, il y avait aussi des papillons posés ça et là et qui avaient l’air de butiner. Cette couleur prune révélait la délicatesse de sa peau blanche en réchauffant son teint et contrastait aussi parfaitement avec la couleur émeraude de ses iris. Ses petites mains étaient recouvertes jusqu’aux coudes par des gants de soie de couleur perle. Enfin des escarpins assorties à la couleur de sa robe et à talons hauts venaient compléter sa toilette et lui donnaient une allure encore plus élancée. Doris, la femme de chambre qui l’avait aidée à se préparer, lui avait fait un chignon stylé à la française laissant échapper quelques boucles. Des perles parsemaient sa coiffure, enfin elle portait des pendants d’oreille en perles également.

Albert était sous le charme, il la trouvait de plus en plus belle et il se rendit compte qu’il n’était pas le seul en remarquant des regards masculins sans nul doute très intéressés par la demoiselle. Et cela le dérangeait. Ce sentiment ne lui était pas familier mais Albert était un peu jaloux. Il savait que ces jeunes gens avaient probablement été invités par sa tante dans le but de la marier, elle aussi. Il avait pourtant déjà eu cette conversation avec elle au moment des presque fiançailles avec Neal mais visiblement elle revenait à la charge, l’air de rien. Elle avait donc décidé de leur trouver des prétendants à tous les deux car il reconnaissait aussi les jeunes-femmes qui étaient déjà présentes à son anniversaire et notamment Jane Wilson ! « Cela ne va pas me faciliter les négociations avec son père car il n’est pas question que je l’épouse ! La soirée va être compliquée. Il va vraiment falloir que j’ai une sérieuse conversation avec ma tante à propos de tout cela et rapidement.» Ses pensées furent interrompues par les derniers invités qui arrivaient.

Candy de son côté aperçut Albert qui était d’une élégance à couper le souffle dans son smoking noir en queue de pie, sa chemise blanche à col cassé avec nœud papillon blanc aussi. Un gilet court, noir et une ceinture large en soie noire. L’ensemble faisait ressortir le bleu de ses yeux et la blondeur de ses cheveux qui tombaient en vagues dorées jusqu’au col de sa veste. Il tenait sa paire de gants blancs dans sa main gauche afin de pouvoir faire le baisemain aux dames et demoiselles qui se présentaient. Sa stature imposante, comme à l’habitude se détachait parmi les autres. Elle aussi était un peu jalouse de constater l’effet qu’il provoquait sur la gente féminine. Soudain son regard se figea lorsqu’elle vit Jane Wilson, elle l’a reconnue tout de suite et elle se souvint des rumeurs de projet de mariage qu’elle avait entendues en juin. Elle l’a trouva encore plus belle que la dernière fois avec sa toilette raffinée de couleur ivoire qui s’accordait très bien à la couleur de ses cheveux châtains, de ses yeux noisette et à sa carnation de peau assez mate. On aurait presque dit une mariée. « Oui mais à l’époque nous n’étions pas en couple avec Albert. En même temps personne ne le sait à part nous deux et Annie, rien n’est officiel ! » Pensait-elle. Archie, perspicace remarqua son brusque changement d’expression.

– « Quelque chose ne va pas chaton ? Tu as vu un revenant ? »
– « Euh… Non ! Non … Archie ! je pensais juste qu’il y a beaucoup de monde et que je suis stressée à l’idée de revoir Neal et Eliza. »

En effet les enfants Leagan, tout comme leurs parents, n’allaient pas manquer de se montrer pour l’occasion. C’était le terrain de chasse idéal pour trouver un beau parti à épouser. Toute la société mondaine de Chicago était présente. Albert reconnut là la signature de sa tante.

– « Ne t’inquiète pas Candy nous sommes là et ils n’oseront rien te faire tant que tu es sous la protection du Grand Oncle William! »
– « Oui, je le sais Archie mais quand même j’appréhende car ils sont tellement retords parfois ! »
– « Tu veux dire toujours ! » Rectifia Annie.
– « Annie, ce n’est pas comme cela que tu vas la rassurer ! » Gronda Archie.
– « Tu dois bien reconnaitre qu’ils nous en ont fait voir de toutes les couleurs par le passé, quand-même ! »
– « Oui, peut-être mais nous ne sommes pas sans défense non plus ! »
– « Tiens quand on parle du loup… »

Les Leagan venaient de faire leur entrée dans la salle. Elisa portait une très belle robe rouge Paul Poiret (3), un grand couturier français réputé pour ses extravagances mais cette couleur jurait avec ses cheveux auburn. Elle avait toujours cet air hautin, arrogant et méprisant envers les autres sauf avec les hommes qui l’intéressaient avec qui elle affichait un air enjôleur. Neal quant à lui dans son smoking noir était plutôt bel homme mais il avait l’air un peu tendu surtout quand il salua Albert, il restait dans l’ombre de sa mère comme pour s’assurer de sa protection.
Lorsqu’Eliza croisa nos trois amis un peu plus tard, elle ne put s’empêcher de lancer une pique de façon sarcastique :

– « Tiens, je ne pensais pas que c’était une soirée de bienfaisance pour qu’on invite des orphelins ! »
– « Je ne pensais pas non plus qu’on avait invité les vagues cousins par alliance ! » répondit Archie qui trépignait de colère alors qu’elle s’éloignait déjà.
– « Ne t’énerve pas Archie, tu sais bien que c’est de la provocation ! » Dit Annie.

Les hostilités étaient ouvertes. Après le repas ce fut le bal et Candy crut revivre le cauchemar du mois de juin car c’est une fois de plus avec Jane Wilson qu’Albert fut obligé d’ouvrir le bal. Cette fois la jalousie était bien plus grande, elle savait bien que c’était le protocole et que Madame Elroy avait encore tout planifié mais c’était plus fort qu’elle, cela renforçait son sentiment qu’elle n’appartiendrait jamais à ce monde. Annie vit son désarroi et vint la rassurer en lui chuchotant à l’oreille :

– « Tu sais bien que cela ne veut rien dire et que c’est l’obligation de l’hôte de la maison d’inviter une personne de marque, extérieure à la famille ! »

Candy esquissa un petit sourire en guise d’acquiescement mais son cœur pensait autrement. Puis ce fut au tour de tous les invités de suivre le joli couple. Un jeune-homme vint s’incliner devant Candy. C’était Peter Jackson, le fils d’un riche promoteur de Chicago qui lui avait été présenté plus tôt par La Grande Tante.

– « Me feriez-vous l’honneur de m’accorder cette danse Mademoiselle Ardlay ? »
– « Je ne sais pas… je ne suis pas une très bonne danseuse.» Candy brusquement sortie de ses songes ne l’avait pas vu arriver et ne se sentait pas d’humeur à danser mais il insista.
– « Alors laissez-moi vous enseigner?» Candy savait que ce serait impoli de refuser davantage alors elle accepta.
– « Très bien alors. » Dit-elle sans grande conviction.

Il lui offrit galamment son bras gauche et ils s’élancèrent sur la piste. Peter Jackson était grand, très mince, les cheveux bruns et des yeux marrons, assez bel homme.

– « Mais vous vous débrouillez très bien finalement ! »
– « Merci, mais c’est parce que c’est une valse, c’est le seul pas de danse que je connaisse. »
– « Vous êtes donc la fille de William Ardlay, il me parait pourtant bien jeune pour avoir une grande fille comme vous ? »
– « Ce n’est pas mon père, c’est mon tuteur et il m’a adoptée alors que j’étais adolescente. »
– « Ah je comprends mieux, surtout qu’il est encore célibataire, enfin pour l’instant. »
– « Qu’est-ce que vous voulez dire ? » Ne put s’empêcher de rétorquer Candy.
– « Eh bien vu le beau monde qu’il y a ici ce soir, il ne devrait pas tarder à trouver une candidate au mariage, c’est l’un des célibataires le plus en vue et le plus prisé de notre pays. Et vous, avez-vous déjà un prétendant ? » Il était plutôt direct.
– « Euh… je… je pense que cela ne vous regarde pas Monsieur Jackson ! » Candy avait d’abord était surprise de sa question mais se ressaisit bien vite, elle le trouvait franchement insupportable avec toutes ces questions indiscrètes.
– « Oh ! Excusez-moi si je vous ai offensée Mademoiselle Ardlay, je ne voulais pas vous importuner, je m’intéresse seulement à vous. » Lui dit-il avec un grand sourire charmeur qui n’échappa pas à un certain blond qui dansait pas très loin d’eux.

Dans le même temps Albert n’avait qu’une envie, partager une danse avec sa douce Candy et peu importe l’avis de sa tante, la prochaine serait pour elle ! De plus sa jalousie était de plus en plus titillée de voir ce bellâtre en train de faire ouvertement la cour à sa belle avec son sourire de séducteur. L’aiguillon de la jalousie, c’est la première fois dans sa vie qu’il ressentait sa piqure car cette fois Candy était sa petite-amie à lui. Il avait du mal à entretenir la discussion avec sa partenaire qui avait pourtant l’air de bien s’intéresser à lui :

– « Je suis très heureuse de pouvoir de nouveau danser avec vous Monsieur Ardlay ! »
– « Oh merci Mademoiselle Wilson, le plaisir est le mien car vous êtes une excellente cavalière. »

Il voulait rester poli en bon gentleman qu’il était mais sans lui donner de faux espoir car son cœur appartenait déjà à une jolie blondinette aux taches de rousseur.

– « Merci mais vous me flattez, c’est grâce à vous ! » Dit-elle d’un air enjôleur.

Albert ne dit plus rien et se contenta d’esquisser un sourire poli car son esprit était tourné vers un autre couple qui conversait. Il n’avait qu’une hâte, que cette danse se termine et au plus vite. Enfin, il remercia sa cavalière qui fût déçue de ne pas entamer un autre morceau avec lui car son père lui avait laissé entendre qu’une union avec William Ardlay était quelque chose qu’il souhaitait vivement. De plus Jeanne Wilson était tombée sous son charme dès l’été dernier. Albert l’avait bien senti et il décida qu’avant d’inviter Candy, il était temps de mettre fin à ce malentendu. Il devait d’urgence parler à Monsieur Wilson et à sa tante. Il se mit à la recherche du père de Jane.

– « Monsieur Wilson, pourrais-je vous parler tout de suite dans mon bureau s’il vous plait ? »
– « Cela concerne notre affaire en cours ? »
– « Euh ! … Oui, en quelque sorte. »
– « Très bien je vous suis, Monsieur Ardlay. »

Ils sortirent de la salle de bal, suivi du regard par Candy qui se demandait bien ce qu’ils pouvaient avoir à se dire un soir de réveillon, cela devait être important. Elle profita de la fin de la danse suivante pour s’excuser auprès de son partenaire pour aller se « repoudrer le nez ». C’était une façon pudique de dire qu’on allait aux toilettes.

Pendant ce temps, dans le bureau, Albert fût franc et direct avec son interlocuteur.

– « Monsieur Wilson, je voudrais clarifier les choses, je sais que ma Tante et vous avez projeté la possibilité d’un mariage entre votre fille et moi mais je voulais que vous sachiez que je ne compte pas y donner suite. Votre fille est une très belle jeune-femme, raffinée qui ferait le bonheur d’un homme, j’en suis absolument convaincu mais mon cœur appartient déjà à une autre demoiselle que j’ai rencontrée bien avant elle. »
– « Je ne savais pas que vous étiez engagé, Madame votre tante m’avait laissé entendre que vous étiez libre ! »
– « Je ne suis pas encore engagé car l’évolution de notre relation est très récente et ma tante n’est pas encore au courant mais je compte faire ma demande et officialiser les choses bientôt. »
– « Ah ! Je vois ! Au moins j’apprécie votre franchise Monsieur Ardlay même si je suis très déçu que l’heureuse élue ne soit pas ma fille ! Serait-il indiscret de vous demander qui est-ce ? »
– « Je suis désolé Monsieur Wilson mais vous ne voudriez pas le savoir avant ma propre famille ? » Dit Albert de façon très malicieuse.
– « Oh oui bien sûr, où avais-je l’esprit ?! »
– « J’espère que cela n’aura pas d’incidence sur nos affaires en cours, Monsieur Wilson ? En tout cas cela ne change rien pour ma part, je suis prêt à faire de gros investissements concernant nos projets. De plus, j’ai l’intention de reprendre nos activités en Europe car maintenant que la guerre est terminée, l’économie va être relancée et le développement des nouveaux moyens de transport ainsi que les nouvelles constructions modernes vont nécessiter beaucoup d’acier. Avec l’association de nos deux entreprises, nous pourrons être parmi les plus compétitifs du marché. J’ai reçu des rapports très encourageants à ce sujet la semaine dernière.»
– « Vous êtes redoutable en affaire Monsieur Ardlay, comment pourrais-je refuser votre proposition ? Mais nous pourrons en reparler en détails lors de notre prochaine réunion. »
– « C’est exactement ce que j’allais vous proposer alors je vous propose de continuer à profiter de la soirée dans ce cas. »
– « Très bien, merci ! »

Albert était vraiment un fin négociateur, non seulement il avait réussi à se libérer de cette possibilité de mariage évoquée par sa tante mais il l’a protégée en disant qu’elle n’était pas au courant ce qui d’ailleurs était la stricte vérité, ainsi la parole et l’honneur de sa tante étaient saufs. La cerise sur le gâteau, il avait appâté Monsieur Wilson avec ses projets et le contrat entre les deux entreprises était maintenant en bonne voie pour être enfin signé. Ils sortirent du bureau et retournèrent vers la salle de réception dans laquelle Albert était parti à la recherche de sa tante cette fois et lui demanda à lui parler demain en privé. Il devait mettre fin à ses manigances immédiatement que ce soient à propos de son propre mariage ou de celui de Candy car il sentait que la situation était en train de dégénérer.

Sur le chemin, Candy qui se rendait à la salle de bains avait aperçu de loin Albert et Monsieur Wilson qui avait l’air satisfait, c’était à cause de la perspective de faire beaucoup d’argent mais Candy l’ignorait. Eliza qui passait par-là, vit son regard triste sur eux. Elle s’était rendu compte que les regards de cette orpheline sur son oncle étaient trop insistants. Elle ne savait pas exactement ce qui se tramait mais elle en profita pour plaider le faux afin de voir sa réaction.

– « On dirait bien le Grand Oncle William sera marié avant Noël prochain ! »
– « Comment ça ? Que veux-tu dire ? » Candy ne put s’empêcher de réagir vivement.

Eliza pensait « Je m’en doutais elle éprouve quelque chose envers lui ! Creusons un peu ! Cela risque d’être amusant à voir ! »

– « Je viens de le voir sortir du bureau avec Monsieur Wilson et ils avaient l’air très satisfaits ! »
– « Et alors ? »
– « Je pense qu’ils devaient parler du mariage entre sa fille Jane et lui ! »
– « Mais ça ne veut rien dire ! »
– « Ah ! Ah ! Ah ! Ce que tu peux être naïve ma pauvre fille ! Tout le monde sait que Monsieur Wilson veut marier sa fille avec l’Oncle William et que la Tante Elroy y est tout à fait favorable. Après tout, c’est un très bon partie, Jane Wilson fait partie d’une famille très riche et très respectable, pas comme les orphelines dans ton genre !»

Candy s’était décomposée, toutes ses questions et ses doutes étaient en train de refaire surface au galop. Elle se retrouva plongée dans le passé, toutes ces années d’amour contrarié et visiblement cela n’était pas terminé ! Elle se disait aussi « Non je ne vais pas encore perdre l’homme que j’aime plus que tout, plus que je n’ai jamais aimé personne au nom du devoir, pour les convenances familiales ! Albert ne peut pas me faire ça ; pas après m’avoir déclaré son amour, ce n’est pas possible, je ne peux pas le croire ! … Mais ils ont encore dansé ce soir !… Et Monsieur Wilson avait l’air si satisfait ! …»

Eliza vit son trouble et elle eut sa confirmation, Candy avait des sentiments plus que filiaux envers l’oncle William. Quelle honte ! Eliza s’éloigna mais ce qu’elle ne savait pas encore c’est que ces sentiments étaient partagés.

Il était bientôt minuit et il fallait se dépêcher pour souhaiter la nouvelle année. Candy s’était forcée à rejoindre ses amies pour ne pas éveiller leurs craintes mais elle pensait se retirer dès que les vœux pour la nouvelle année seraient prononcés. Elle ne souhaitait même pas voir Albert car son cœur était en miettes.

– « Cinq, quatre, trois, deux, un, Bonne année ! » Tous les convives crièrent avec joie.

Comme de tradition, Albert prononça un discours puis il alla à la recherche de Sarah et Raymond Leagan pour les convoquer à un rendez-vous en présence de leurs enfants dans son bureau demain à 11h30, aucun retard ne serait toléré. Il savait que sa tante croyait tous les mensonges perpétrés par leurs enfants et il était temps de réhabiliter sa chère et tendre aux yeux de Madame Elroy. Candy avait profité du discours pour se retirer. Annie et Archie étaient étonnés de la voir quitter si tôt la soirée. Annie devinait la véritable raison de son départ mais Candy la rassura en affichant un grand sourire, cela irait mieux après une bonne nuit de sommeil, elles en reparleraient demain.

Albert était émotionnellement vidé lui aussi car il n’avait pas pu partager de danse avec celle qu’il aimait et il avait eu l’impression d’avoir négocié toute la soirée, au moins il avait mis tout en place pour mettre les points sur les « i » et il pouvait dorénavant consacrer le reste de la soirée à sa chère blonde aux yeux verts et enfin pouvoir l’inviter à danser. Il la cherchait du regard partout, sur la piste de danse puis près d’Annie et Archie mais personne, elle n’était plus là ! Il commençait à être inquiet et se dirigea vers Annie pour aller aux renseignements. Elle lui indiqua que Candy s’était effectivement retirée de la soirée. Il était étonné qu’elle ne lui ait même pas souhaité la bonne année et il avait un mauvais pressentiment. Il décida d’aller la voir sentant que quelque chose n’allait pas mais sur le chemin il passa chercher une petite boite qu’il glissa dans sa poche. Il se dirigea vers l’aile où se situaient les chambres de la famille.

Il arriva à la porte de sa chambre et il entendit des sanglots. Son cœur s’arrêta de battre un instant se demandant, inquiet, pourquoi elle était en pleurs. Il frappa à sa porte en disant d’une voix très douce :

– « Candy, ouvre-moi ! » Il n’entendit aucune réponse mais les sanglots s’arrêtèrent. Il insista.
– « Candy, s’il te plait ouvre-moi ! »
– « Non ! Laisse-moi Albert ! »
– « Candy, je t’en supplie, je veux te parler ! Je vais entrer !» Prévient-il mais la porte était verrouillée.
– « Je n’ai pas envie, je suis fatiguée et je veux dormir ! »
– « Toi et moi nous savons que ça n’est pas la véritable raison alors ouvre-moi ou je reste ici toute la nuit. »

Albert sentait qu’il était vital de lui parler. Il attendit quelques instants puis enfin, il entendit la clé dans la serrure mais Candy n’avait pas ouvert la porte alors il le fit lui-même. Il entra et la vit encore habillée de sa robe de soirée, elle se précipitait vers la fenêtre lui tournant ainsi le dos. Il s’approcha et l’enlaça par derrière en posant son menton très tendrement sur le dessus de sa tête en lui disant.

– « T’ai-je déjà dit que je te trouvais sublimissime ce soir ? »

Il essayait d’abord de dédramatiser la situation en adoptant un ton calme, doux et sur un sujet neutre, avant d’entamer une discussion plus sérieuse car il ne savait pas encore exactement ce qu’il se passait.

– « Non car apparemment tu étais occupé avec une autre sublimissime jeune-femme ! »

Il commençait à comprendre, elle était jalouse alors il la prit par les épaules pour la faire pivoter et lui prit le menton pour le remonter afin d’établir un contact visuel, en disant : « Candy regarde-moi. » Son cœur fut transpercé de voir ses paupières gonflées ainsi que ses belles émeraudes remplies de larmes et de douleur. Il continua :

– « Candy, tu sais bien que tu es la seule qui habite mon cœur et toutes mes pensées ! » Il se pencha alors et avec une voix remplie d’amour et de conviction, il lui susurra à son oreille droite. « Tu es mon âme sœur, tu es mon tout, tu es ma vie et toi seule me fait vibrer, je t’aime mon amour ! »

Candy sentit un frisson lui parcourir l’échine. En un instant il avait réussi à effacer sa tristesse et elle retrouvait ce sentiment de plénitude en sa présence qui lui avait tant manqué depuis le début de la soirée. Il était le seul à avoir un tel effet calmant sur elle, il avait toujours su le faire. Elle se précipita dans ses bras, la tête enfoncée dans sa poitrine, les bras autour de son torse et se remit à pleurer à chaudes larmes. Il l’enlaça étroitement, lui caressa les cheveux et le dos pour la calmer en lui disant des mots doux pour la rassurer.

– « Mais je t’ai vu avec Monsieur Wilson, Eliza m’a dit que vous étiez dans ton bureau pour parler de ton mariage avec sa fille ! »
– « Oui, c’est vrai mais c’était pour lui dire que je ne souhaitais pas l’épouser, justement. »

Candy releva la tête pour chercher son regard.

– « C’est vrai ? »
– « Tout à fait vrai ! »
– « Et comment l’a-t-il pris ? »
– « Pas trop mal car il a apprécié ma franchise, de plus je lui ai proposé de faire de juteuses affaires. »
– « Oh ! Albert, je me sens si mal dans ce monde, je ne me sens pas à ma place, tu mérites une petite-amie digne de toi, appartenant au même… »
– « S’il te plait, arrête ça tout de suite! » Il l’a coupa net sur un ton péremptoire, il n’en croyait pas ses oreilles et il soupçonnait Eliza d’avoir eu de mauvaises paroles. Il reprit plus doucement mais fermement. « Tu sais très bien ce que je pense de cette société, malheureusement on ne choisit pas sa naissance mais c’est toi que je veux et aucune autre femme dans le monde. Ne serait-ce pas Eliza qui t’aurait encore dit de mauvaises choses par hasard ? » Elle acquiesça d’un signe de tête.

– « Il va falloir que je mette les choses au point avec les Leagan, j’en ai assez de leurs persécutions à ton égard ! Cela n’a que trop duré !» Il était agacé.
– « Non Albert ce n’est pas la peine ! »
– « Si, j’insiste, nous avons certaines choses à régler avec eux on verra ça demain à 14h dans mon bureau, viendras-tu ? »
– « Si tu insistes ! »
– « Oui, j’insiste mais pour l’instant je voudrais te souhaiter une très bonne année ma princesse ! Je voulais t’offrir ce cadeau pour la nouvelle année, te le donner dans son étui d’origine. » Il lui prit les mains et les porta à ses lèvres pour y déposer un tendre baiser. Il avait repris sa douce voix habituelle.

Il glissa sa main droite dans sa poche et plaça dans la paume de sa main droite une boite carrée en argent sur laquelle était gravé le blason des Ardlay, elle l’a saisie se demandant ce que c’était. Il lui dit avec tendresse: « Ouvre-là ! » Elle s‘exécuta, à l’intérieur, toute la boite était recouverte du tartan bleu et vert du clan, et là, posé bien au milieu, elle reconnut le badge, le badge de son Prince. » Elle releva les yeux en haussant les sourcils de surprise pour l’interroger du regard.

– « Tu te souviens de ce que je t’ai dit à propos de ce badge ? Alors considère-le comme une promesse en attendant que l’on puisse officialiser notre situation. Je dois parler à ma tante demain pour mettre certaines choses au point avec elle, ensuite tu verras les choses iront mieux. Je te rappelle que je t’aime du plus profond de mon cœur et de mon âme et que rien, tu m’entends, rien venant de mon côté ne nous séparera et certainement pas ma famille ou mon rang, je préférerais tout abandonner que de renoncer à toi et reprendre notre vie simple comme lorsque j’étais amnésique. C’est toi mon univers, Candy ! C’est le seul auquel je veux appartenir. Tu es et tu resteras toujours mon choix prioritaire sur tout le reste. Maintenant je ne veux pas t’imposer cette vie-là si tu ne te sens pas prête à l’affronter, tout ce que je veux c’est ton bonheur alors c’est à toi de choisir, Candy ! »

C’était tout ce qu’il fallait à Candy pour être rassurée. C’était la plus belle déclaration d’amour qu’elle n’aurait jamais espéré. Elle sentait que cet homme était capable de tout pour elle. Il avait déjà risqué sa vie, maintenant il était prêt à renoncer à tout pour elle, elle serait toujours son choix devant tout, y compris le devoir. Elle n’aurait plus à craindre qu’un homme ne l’abandonne ou ne la laisse partir pour une autre cause, aussi juste soit-elle. Toutes ces années elle avait gardé en elle cette blessure devenue ensuite une profonde cicatrice dans son cœur. Cet homme valait la peine qu’elle se batte pour lui, qu’elle affronte ce monde qui lui était hostile et qui lui déplaisait. Oui, elle le ferait par amour pour lui. Ensemble, ils surmonteraient tous les obstacles.

– « Alors je te choisis mon Prince, sans aucune hésitation, car tu es ma vie, tu es mon âme-soeur et tu m’as sauvée de toutes les façons qu’on puisse être sauvée ; tu as soigné mon cœur brisé et tu m’as donné à nouveau confiance en l’amour et en l’avenir. Moi aussi je t’aime du plus profond de mon cœur Albert comme je n’ai jamais aimé personne avant et… bonne année, mon amour. »

Elle lui sourit et il ne put résister à déposer un doux baiser sur ses lèvres pour sceller le pacte implicite de leur promesse de mariage. Albert n’avait pas encore eu l’occasion d’acheter LA bague mais il le ferait à la première occasion.

– « En fait je te cherchais aussi pour danser avec ma princesse, la soirée n’est pas terminée alors me ferais-tu l’honneur ? »
– « Là, ici, maintenant ? »
– « Ne sommes-nous pas mieux tous les deux seuls ? A moins que tu ne préfères danser avec Peter Jackson ? Dit-il d’un air taquin.
– « Oh mon amour, tu sais bien que je m’en moque mais si on te cherche ? »
– « Je peux m’absenter un peu et personne ne le saura puisque tout le monde est dans la salle de bal. »

Albert fit un large sourire découvrant ses magnifiques dents blanches en faisant une légère courbette devant Candy. On entendait à peine la musique dans cette partie du manoir mais suffisamment pour permettre à ces deux âmes-sœurs de tournoyer en rythme. Ils se sont enlacés intimement, Candy sentait le souffle chaud de son cavalier qui balayait le cou et la nuque comme une caresse sensuelle, lui envoyant des frissons partout. Elle était baignée dans sa senteur masculine qu’elle aimait tant, elle inhala profondément en fermant les yeux pour s’imprégner de ses effluves. Son cœur commença à s’emballer et sa respiration à s’accélérer.

Albert sentait ses formes douces et féminines pressées tout contre son torse ferme même à travers le tissu de leurs vêtements, la sensation était jubilatoire et il ne put s’empêcher de remonter lentement mais de façon appuyée et possessive la main qui était posée sur sa taille, elle fit son chemin vers le haut du dos, sur la partie que sa robe avait laissé dénudée. Le contact de la peau nue, si douce et chaude, était enchanteur. Son visage penché était juste au-dessus du creux formé par la jonction entre le cou et l’épaule, il voyait sa carotide palpiter à travers de sa peau diaphane comme un appel auquel il céda en déposant un léger baiser-plume. Il sentit la peau de Candy frissonner, elle laissa échapper un petit cri de plaisir et de surprise mélangés. Elle recroquevilla ses mains sur le tissu de sa jaquette. Albert était enivré par sa senteur, par le velouté de sa peau et déposa un autre baiser un peu plus haut, et encore un autre, et encore plus haut. Ils s’arrêtèrent de tourner alors que Candy se mit à gémir en inclinant la tête pour lui faciliter l’accès à son cou et il s’ensuivit toute une chaine de baisers qui lui brûlaient la peau. Il finit par atteindre le lobe de son oreille qu’il commença à mordiller tendrement et à titiller avec la pointe de la langue. Candy ressentit toute une vague de chaleur l’envahir jusqu’aux tréfonds de son intimité. Elle ne pensait pas qu’une telle sorte de baiser pouvait être aussi agréable, aussi excitante. Elle se mit à haleter de plaisir, guidée par son instinct ses mains se faufilèrent langoureusement sous sa veste et commencèrent à explorer son dos et ses larges épaules. Il s’interrompit pour lui souffler dans l’oreille et lui susurrer de doux mots d’amour dont seuls les amoureux ont le secret. Enfin, il vint réclamer ses lèvres, qu’il suça sensuellement en commençant par celle du bas.

Ils se brossèrent ensuite leurs lèvres, les unes contre les autres avant d’approfondir le baiser, entamant un balai fiévreux dans l’intimité de leur bouche, calqué au rythme de la valse que l’on discernait au loin. Leurs gémissements se firent plus forts, leurs halètements plus rapides tandis que leurs mains commençaient à s’égarer. Les émotions de la soirée avaient en quelque sorte magnifié leurs élans. Albert sentait son désir pour elle devenir trop évident et trop exigeant alors, en douceur, il diminua progressivement l’intensité de leur étreinte.

Il voulait faire découvrir à sa bien-aimée, peu à peu, les plaisirs du monde charnel. Lui enseignant à chaque fois, un nouveau baiser, une nouvelle touche mais en total contrôle. Il voulait prendre son temps, l’éveiller petit à petit à la sensualité mais il était agréablement surpris de la réceptivité et de l’enthousiasme de Candy ainsi que de ses propres initiatives. Elle apprenait très vite et surtout, il était ravi de découvrir qu’elle était une femme sensuelle, il le ressentait dans toutes les fibres de son corps. Ils avaient encore le temps de se découvrir, de s’explorer, jusqu’au moment de la leçon ultime qu’il souhaitait garder pour le moment où ils seraient mari et femme mais il sentait que l’attente serait longue,… très longue car leur désir mutuel était évident. Ils étaient comme les deux pièces d’un puzzle qui cherchaient instinctivement à s’emboiter. Ils se languissaient de s’embrasser, de se toucher … Non seulement leurs âmes étaient en totale communion mais leurs corps l’étaient aussi et ils se mouraient d’envie de s’appartenir l’un à l’autre, corps et âme.

A suivre

Vous pouvez retrouver le magnifique dessin de Candy, un cadeau de mon amie Ms Puddle en taille originale ici
Tous mes remerciements mon amie! ❤❤❤
Maintenant que va-t-il se passer?
Que vont se dire Albert, La grande Tante Elroy, les Leagan et Candy ?

 

Candy y Albert un amor eterno

Vidéo de erushi1

 


Remerciements pour tous vos commentaires  et votre fidélité Antlay, Ms Puddle et Vera Garcia.

♥♥♥

Merci également à tous les lecteurs d’avoir pris le temps de la lecture de mon histoire même s’ils restent silencieux!


Notes:

(1) Daddy long legs est un roman épistolaire écrit par la romancière américaine Jean Webster et publié aux États-Unis en 1912. En France, le roman a paru pour la première fois en 1918 sous le titre de Papa Faucheux. Le titre sera changé en 1981 en Papa-Longues-Jambes.
Attention spoiler : le roman relate la vie d’une jeune orpheline nommée Jerusha « Judy » Abbott qui écrit des lettres à son bienfaiteur, un homme riche qu’elle n’a jamais vu. À la fin du roman, l’identité de son bienfaiteur est révélée : Judy l’avait déjà rencontré à maintes reprises et en est tombée amoureuse, mais sans jamais savoir qu’il s’agissait de son bienfaiteur.
On dit que Mizuki se serait inspirée de ce roman pour écrire l’histoire de Candy.
Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Papa-Longues-Jambes
(2) Jeanne Paquin, née Jeanne Beckers (1869-1936) est une grande couturière française. Elle est l’une des premières à avoir acquis une renommée internationale, à la fin du XIXe siècle.
(3) Paul Poiret, (1879 – 1944), de son vrai nom Paul-Henri Poiret est un grand couturier français, connu pour ses audaces. Il est considéré comme un précurseur du style Art déco

Vous aimerez aussi...

19 réponses

  1. Vera García dit :

    Bonjour Caramelo Bert, salutations avec affection
    Un capítulo muy hermoso y emotivo, sobre todo la parte en que Albert aclara las dudad de Candy, y le da como regalo de año nuevo la insignia del príncipe, no solamente es una promesa de formalizar su relación, más que todo es un signo evidente de su verdadero amor, el cual va a defender a cualquier costo.
    No me había sido posible leer y comentar hasta el día de hoy, porque mi tiempo libre a sido muy limitado, aunque un poco tarde sigo con fidelidad e interés su historia, su amiga Vera.

    • Laure Saint-Yves dit :

      Hola Vera Garcia!

      Muchas gracias mi amiga pour votre nouveau commentaire, je suis contente que vous ayez aimé le chapitre!
      Surtout prenez tout votre temps pour lire l’histoire, il n’y a pas d’urgence! J’apprécie sincèrement que vous preniez le temps de lire chaque chapitre et en plus vous laissez des commentaires, ce qui signifie beaucoup pour moi! 😀 Et je vous comprends fort bien car je suis moi-même très occupée actuellement!

  2. alexia001 dit :

    coucou Laure Saint-Yves
    merci beaucoup
    tu sais, je plaisantais mais si tu insistes pour poster le chapitre 13 dimanche, ce n’est pas moi qui m’en plaindrai lollll
    a bientôt
    alexia

  3. alexia001 dit :

    coucou Laure Saint-Yves
    Merci beaucoup
    tu sais, je plaisantais mais si tu insistes pour poster le chapitre 13 dimanche, ce n’est pas moi qui m’en plaindrai lollllll
    a bientôt
    alexia

  4. ms puddle dit :

    Bonjour Laure Saint-Yves, like Antlay, I think it was brilliant of you to put Daddy-Long-Legs in my story! Bravo! I’m happy for Annie and Archie first of all, and I’m glad that Candy could talk to Annie about her fears and doubts. The fact that Annie had noticed Albert’s feelings was reassuring, which means that he had been in love with Candy for a long time already.

    Many things happened in this chapter. I like that Albert had clarified with Mr. Wilson about his feelings, and what a relief that this business man was easy to deal with. But I don’t like Peter Jackson, and hopefully he was just a small character 😉 … Poor Candy, it was understandable why she began to have doubts about her future with Albert, the heir of a powerful family after all. But after Albert had found Candy crying in her room, the rest of this chapter was extremely romantic, and just imagining the scene made my pulse race! 😀 Excellent job, Laure Saint-Yves! Looks like Albert would be a great lover, and Candy was lucky to have such an awesome teacher to guide her in these matters! 😉 😛

    • Laure Saint-Yves dit :

      Bonjour Ms Puddle!

      Many thanks for your compliments! 😀

      Like I said to Antlay, it was our discussions on your blog had inspired me the idea of putting Daddy-Long-Legs in my story!

      Peter Jackson was in the story only to make Albert feeling a bit jealous! 😉

      Annie and Candy were apart for a long while and it was a relief for Candy to share her fears and doubts. Being in high society didn’t make her at her ease at all. She was afraid to be rejected and she was afraid of not being up of Albert and his rank. But she finally understood Albert will never give up on her no matter difficulties or opposition of his family!

      You’re right, Ms Puddle, I want « my » Albert being a great lover, and a great teacher in that kind of matters, indeed! 😉 I’m aware it could hurt some sensibilities but I assume it! 😉 😀 Albert and Candy were both adults and they were deeply in love after all!

  5. Antlay dit :

    Bonsoir Laure Saint-Yves
    Un chapitre vraiment très intéressant.
    Annie qui va se fiancer à Archie, Albert qui va probablement informer La Grande Tante Elroy dans un proche avenir de ses fiançailles avec Candy, je vois bien nos deux couples se fiancer le même jour…
    C’est génial d’avoir glissé le roman « Daddy Long Legs » dans votre histoire, une brillante idée ! 🙂
    Et bien, après le french kiss spécialité française, une autre tradition française où nous
    excellons la haute couture ! 😀
    Vous avez très bien décrit la robe de soirée que Candy porte, je l’imagine aisément ainsi
    que le smoking d’Albert.
    Elisa toujours fidèle à elle-même, une peste ! 😡
    Et Candy qui doute 🙁 Mais Albert comme toujours est présent pour la rassurer et lui
    redonner le sourire 🙂
    Albert ayant reglé le problème Jane Wilson avec son père, je me demande comment la Grande Tante va prendre la nouvelle, il va y avoir de l’orage dans l’air…
    Bonne soirée Laure Saint-Yves

    • Laure Saint-Yves dit :

      Bonjour Antlay,
      C’est toujours un plaisir de vous lire! 😀
      Pour l’idée du roman « Daddy Long Legs », j’ai été inspirée par nos discussions sur le blog de Ms Puddle qui y a fait allusion plusieurs fois déjà et vu que le livre a été publié en 1912 il n’était pas difficile d’y penser!
      Pour la robe de Candy je me suis inspirée d’une des robes de Rose dans Titanic de James Cameron (film que j’ai beaucoup aimé) j’ai juste modifié un peu les couleurs. En fait, la fin de la guerre est une période charnière dans la mode, les longueurs et le style vont commencer à changer sérieusement avec le fameux style années 20.
      Quant aux discussions familiales elles vont effectivement être orageuses !… RDV chapitre 13 la semaine prochaine. 😉

      • Antlay dit :

        Bonjour Laure Saint-Yves
        Moi aussi j’ai beaucoup aimé « Titanic » un film grandiose et terriblement émouvant. Qui n’a pas versé de larmes 🙁
        J’adore tous les films retraçant cette époque, et une série que j’adore particulièrement « Downton Abbey » que vous devez connaître aussi.
        Ah si il existait une machine à remonter le temps, je choisirai cette période ! 🙂

        • Laure Saint-Yves dit :

          Oui je connais cette série, j’ai vu les trois premières saisons, je ne sais pas si la suite a été diffusée car cette année je regarde très peu la TV par manque de temps, en tout cas j’ai beaucoup aimé!
          Je ne sais pas si je choisirai cette période à cause de la guerre, ou alors juste avant ou juste après! 😉 C’est aussi en plus la période des grandes découvertes scientifiques.

  6. alexia001 dit :

    coucou Laure Saint-Yves
    comment vas tu ?
    je sais, ca fait longtemps que je n’ai plus écrit de commentaire pour tes chapitres alors je le fais maintenant
    eh bien, Albert a du pain sur la plain pour faire admettre a tout son entourage son désir d’épouser Candy
    je n’ai pas encore lu le chapitre 12 en entier mais je sens que je vais l’adorer
    a bientôt
    bisous
    alexia

    • Laure Saint-Yves dit :

      Bonjour Alexia,
      Cela me fait vraiment plaisir de te lire! Ne t’inquiète pas c’est déjà très bien de laisser un commentaire de temps en temps! 😀
      Albert va effectivement avoir du pain sur la planche mais il aime tellement sa blondinette qu’il est prêt à se battre bec et ongles!
      Je suis ravie que tu continues à aimer l’histoire, parfois j’ai peur qu’elle ne s’essouffle un peu et finisse par lasser le lecteur!
      Au plaisir de te lire quand tu veux 😉
      Bisous :*

      • alexia001 dit :

        coucou Laure Saint-Yves
        j’espère que nous aurons la chance de pouvoir lire le chapitre concernant la confrontation entre les leagan, la tante elroy et le grand oncle William d’ici dimanche soir
        comment peut tu nous laisser en plein suspense digne d’Hitchcock
        a bientôt
        alexia

        • Laure Saint-Yves dit :

          Coucou Alexia,
          Je sais que j’ai laissé un peu de suspens et que les discussions vont être rudes!
          Mais je prévois de publier le chapitre 13 la semaine prochaine seulement 🙁 En effet, je suis actuellement très occupée et je fais de mon mieux pour maintenir le rythme d’une publication hebdomadaire mais je ne peux malheureusement pas faire davantage!
          A bientôt et merci pour tes messages et ton intérêt! 😀

          • alexia001 dit :

            ouille, l’attente va etre dure et longue en sachant qu’il est terminé et qu’il attend d’etre publié la semaine prochaine
            a bientôt
            bisous
            alexia

          • Laure Saint-Yves dit :

            Petite coquine! Oui je le sais bien mais le chapitre suivant n’est pas encore terminé et je n’aurai probablement rien à publier la semaine prochaine! 😉
            Bon allez, pour te faire plaisir, je le publierai dimanche! 🙂

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

error: Content is protected !!